Parfois, on se demande sérieusement comment certains films peuvent passer l’étape de préproduction. Parlons peu, parlons bien : La Nonne premier du nom, c’était quand même bien catastrophique, non ? Alors, pourquoi faire La Nonne : La malédiction de Sainte Lucie ? Ah, oui… money money.
Amen moi du frisson… ou pas.
Les choses commençaient bien, avec l’excellent Conjuring, de James Wan. Le film d’horreur de 2013 pouvait compter sur sa superbe réalisation, son duo d’acteurs sympathique et son histoire intrigante, basée sur des faits réels. Malheureusement, dès le premier Annabelle, l’effroi a commencé à apparaître (ou disparaître, ça marche aussi). Les efforts de Wan pour remonter la pente avec Conjuring 2 n’ont pas suffi à empêcher l’univers de sombrer dans les ténèbres de la médiocrité. Très vite, trop vite, la qualité n’a été plus qu’un fantôme, un vague souvenir au sein de cette franchise qui n’a désormais qu’un objectif : tourmenter les vivants, en s’en mettant plein les poches au passage. Avec La Nonne 2, les studios ne font même plus l’effort de cacher leurs intentions.
Pour ceux qui ne connaissent pas le personnage de La Nonne, ou Valak : il s’agit d’un démon apparu pour la première fois dans le deuxième Conjuring. Il n’aura pas fallu longtemps avant que l’idée d’un spin-off germe dans l’esprit des producteurs, comme ce fut le cas pour Annabelle. Bonne idée sur le papier, exécution catastrophique dans les faits. Que l’on échoue une fois, pourquoi pas. Mais avec ce nouvel épisode, ça fait beaucoup de ratés. Le pire, c’est qu’il ne raconte strictement rien. Que l’on l’aime ou non, la trilogie Annabelle tentait malgré tout de présenter de nouveaux enjeux et protagonistes à chaque film. Pour La Nonne 2, on est exactement dans ce qu’il se fait de pire dans le cinéma d’horreur : des jump scares à la pelle, tellement prévisibles qu’ils ennuient au plus haut point, collés entre eux par un fil rouge aussi passionnant qu’une messe un dimanche matin.
Au bûcher !
Cet opus, contrairement au premier, se contente d’enchaîner les situations effrayantes. Comprenez par là que si l’on retrouve le personnage réellement fascinant (ceci est un sarcasme) de Sœur Sophie, son intrigue se retrouve finalement en retrait des évènements durant une majeure partie du film. L’intérêt de La Nonne 2 résulte dans l’enchaînement de situations effrayantes, dans un pensionnat de jeunes femmes. Ces scènes constituent malheureusement le vrai cœur du film. Comme toute belle bouse horrifique qui se respecte, rien ne fait peur, rien n’est intéressant. Michael Chaves, déjà à l’œuvre derrière le mauvais Conjuring 3 et La Malédiction de la Dame Blanche, démontre une nouvelle fois sa non maîtrise presque absolue des codes du BON cinéma d’horreur. Comme c’est bien trop souvent le cas dans ce genre de projets, on sent un rassemblement totalement désorganisé d’idées au potentiel sympathique, placées un peu aléatoirement dans le rendu final. On pourrait presque voir le film comme une succession de mini court-métrages, collés entre eux par le fil rouge, l’enquête de Sophie, à la recherche d’un énième objet au pouvoir mystérieux… bla bla bla.
Le 666ème soucis de ce film, c’est son manque total d’inspiration et d’idées pour donner du souffle à ce qu’il se passe. Pire, impossible de réellement comprendre la cohérence de l’univers tant les règles autour des pouvoirs de Valak n’ont aucun sens. En soi, dans ce type de fiction, nous pouvons facilement croire tout et n’importe quoi, si tant est que l’on ait une explication cohérente. Non, La Nonne 2 espère caser l’horreur à coups de nombreux « ta gueule, c’est magique ». Le démon utilise ses pouvoirs en fonction du scénario, pour ne pas bloquer les scénaristes trop longtemps sur une quelconque réflexion. Oui, en 2023, certains ont encore du mal avec une règle d’écriture aussi basique que celle du fusil de Tchekhov. Si l’on devait donner un bon point, on reconnaîtrait que le réalisateur semble réellement s’amuser avec son démon. Les décors, souvent jolis, participent d’une certaine ambiance. Ils servent plus ou moins efficacement les idées de Chaves à la mise en scène. On n’en dira pas autant de la photographie, terriblement terne et bien peu travaillée.
Malheureusement pour nous, ce genre de projet coûtant peu d’argent, La Nonne : La malédiction de Sainte Lucie est d’ores et déjà rentable. La fin, laissant la porte très ouverte pour un troisième opus, ne laisse que craindre le pire pour la suite. Sauf si James Wan décide de reprendre les choses en main…
La Nonne 2 – Bande-annonce
La Nonne 2 – Fiche technique
Titre original : The Nun 2
Réalisation : Michael Chaves
Scénario : Ian Goldberg/Richard Naing/Akela Cooper
Casting : Taissa Farmiga / Storm Reid / Anna Popplewell / Bonnie Aarons
Décors : Stéphane Cressend
Musique : Marco Beltrami
Durée : 110 minutes
Société de production : New Line Cinéma
Distribution : Warner Bros Pictures