L’Étrangleur de Boston est un thriller haletant sur l’histoire vraie d’un criminel ayant sévi au milieu des années 60. Keira Knightley y livre une performance brillante et fulgurante.
Synopsis : Loretta McLaughlin, reporter au sein du quotidien Record-American, cherche à établir le lien pouvant exister entre les atroces meurtres de femmes commis en leur domicile depuis près d’un an dans la région de Boston. Alors que le mystérieux tueur fait de plus en plus de victimes – au point de provoquer une véritable psychose à travers tout Boston – Loretta tente de continuer son enquête aux côtés de sa collègue et confidente Jean Cole. Dans leur quête absolue de vérité, le duo se heurte au sexisme de l’époque et à d’autres dangers infiniment plus redoutables.
Une enquête aux mille couleurs sociales
Loretta est journaliste dans une rubrique féminine (« Arts de vivre ») visant un public féminin. Alors qu’elle veut s’en éloigner, ses supérieurs (masculins) tentent de l’en dissuader, mais elle tient bon. L’affaire de l’Étrangleur de Boston lui apporte alors une toute nouvelle légitimité. Elle n’est plus considérée au regard de son sexe, mais au regard de son travail.
Du côté de sa vie personnelle, son mari s’occupe davantage des enfants et il reste plus souvent à la maison. Il a aussi un travail, mais moins prenant que celui de Loretta. Cette situation donne un nouveau point de vue sur la condition des femmes de cette époque, sachant que Loretta a réellement existé. Malgré ses doutes et son manque d’expérience, elle n’abandonne jamais, et tente de se faire une place dans un monde très masculin.
L’Étrangleur de Boston : et après ?
L’enquête entraîne Loretta et son associée, Jean Cole, dans des chemins bien plus épars que prévu. Plus l’enquête avance, plus les pistes se multiplient. L’enquête semble impossible à résoudre et elle s’étale. En cela, il est difficile de ne pas penser à Zodiac de David Fincher, sauf que l’Étrangleur de Boston ne cherche ni à communiquer avec la police, ni avec les journalistes.
D’ailleurs, plus l’enquête avance, plus Loretta s’attire les foudres de la police. Le métier de journaliste diffère de celui des policiers et selon eux, Loretta marche dans une zone qu’elle ne devrait pas fréquenter. Pourtant, leur travail n’est plus si différent lorsqu’il s’agit de mettre la main sur un criminel…
L’obscurité de l’esprit
À l’image de Zodiac, les couleurs sont obscures, vacillant entre le gris, le noir et quelques pointes de jaune pour rappeler l’époque dans laquelle l’histoire se déroule. Elles sont aussi peu contrastées. Ces plans ombrageux accentuent davantage la tension de L’Étrangleur de Boston et entraînent la perte des repères.
D’ailleurs, les bords du cadre sont souvent plus sombres au fur et à mesure que l’histoire avance. Loretta est de plus en plus encerclée et habitée par l’anxiété que lui procure cette enquête. Les arrières-plans flous intensifient cet effet, car elle est détourée comme si elle faisait seulement face à elle-même. Au-delà de retrouver le meurtrier pour apaiser la ville et les familles des victimes, Loretta doit résoudre cette affaire pour sa propre santé mentale.
Un encerclement permanent
Les décors renforcent l’encerclement, car ils enferment Loretta dans un espace confiné, que ce soit dans son bureau, sa maison ou dans les différents lieux où elle se rend. Ces lieux sont plus ou moins liés à l’Étrangleur de Boston, et la journaliste ne peut jamais respirer.
Par ailleurs, les plans sous souvent cadrés à hauteur de poitrine des personnages, ce qui les rapprochent de la caméra. Cet effet est intéressant car les plans poitrines sont souvent utilisés lors d’interviews journalistiques. Le réel rencontre une nouvelle fois la fiction.
L’Étrangleur de Boston : Bande-annonce
L’Étrangleur de Boston : Fiche technique
Titre original : Boston Strangler
Réalisation et scénario : Matt Ruskin
Musique : Paul Leonard-Morgan
Décors : John P. Goldsmith
Costumes : Arjun Bhasin
Photographie : Ben Kutchins
Montage : Anne McCabe
Production : Tom Ackerley, Josey McNamara, Ridley Scott et Kevin Walsh
Production déléguée : Michael Fottrell
Coproductrion : Janelle Canastra
Sociétés de production : 20th Century Studios, Scott Free Productions, LuckyChap Entertainment et Langley Park Productions
Sociétés de distribution : Disney+ (France), Hulu (États-Unis)
Langue originale : anglais
Genre : drame, thriller
Dates de sortie : 17 mars 2023