C’est peu dire qu’on n’était pas vraiment pressé de découvrir ce (très probablement) dernier opus du sinistrement célèbre Spider-Man Universe initié par Sony autour des vilains associés Spider-Man (mais sans lui !). Eh bien on aurait (un peu) tort de se baser sur les précédents films et leur piètre qualité tant celui-ci leur est supérieur. Attention, Kraven the Hunter n’est pas un excellent film non plus, loin s’en faut, mais c’est certainement le meilleur du lot. On a donc droit à un agréable et sympathique divertissement du samedi soir réalisé avec soin, porté par un Aaron Taylor-Johnson charismatique, doté de scènes d’action plus que correctes voire impressionnantes et qui remplit sa mission d’origin story (même si elle ne mènera nulle part au final). Cependant, des effets spéciaux parfois ratés, des personnages secondaires trop nombreux et inutiles, des dialogues souvent trop simplistes et un dernier tiers à l’intrigue peu convaincante empêchent tout de même le film d’être autre chose qu’un produit mercantile sans autre réel intérêt qu’une consommation fast-food de laquelle on n’attend rien au préalable.
Synopsis : Kraven, un homme dont la relation complexe avec son père, l’impitoyable Nikolai Kravinoff, l’entraîne vers une vengeance aux conséquences brutales, l’appelant à devenir non seulement le plus grand chasseur du monde, mais aussi l’un des plus redoutés.
Dans le monde de plus en plus vaste et étendu des super-héros au cinéma, s’il y a bien un projet qui a encore moins de sens que feu le DCEU de la Warner sur sa fin (d’ailleurs mort et enterré par des films de plus en plus mauvais alors qu’il avait, lui, bien commencé), c’est bien le Spiderverse de Sony. Officiellement lancé pour créer un univers autour des vilains de Spider-Man, c’était officieusement plutôt pour que le studio garde les droits du personnage. Et c’est une aberration mercantile poussée à son paroxysme puisqu’on n’y aura jamais vu le bout d’une toile du fameux tisseur. Si encore les films produits pour ce projet étaient bons… Entre le tout juste regardable (Venom premier du nom), le vraiment pas terrible (Venom : the last dance et le plutôt drôle au troisième degré et complètement « wtf » Madame Web) et le médiocre (Morbius, Venom : Let There Be Carnage), ce fut davantage la soupe à la grimace (ou aux navets).
Et c’est peut-être grâce à cette joyeuse enfilade de déceptions et d’incongruités à la chaîne que ce Kraven the Hunter nous apparaît presque comme une bonne surprise. Comme on dit souvent, à ne rien attendre, on ne peut qu’être agréablement étonné. Pourtant, cet opus sentait mauvais au vu des nombreux reports de sortie et d’une promotion hasardeuse où le réalisateur suppliait les spectateurs d’aller découvrir le film. Ce qui sera la dernière pierre de cet univers sans queue ni tête sera pourtant la meilleure du pire, si on peut qualifier le long-métrage ainsi. Car oui, vu les flops continus des autres films (et certainement de celui-ci et hormis la trilogie Venom qui a cartonné de manière incompréhensible) et vu leur réception critique absolument horrible, Sony a décidé d’arrêter les frais. Tant mieux et on pourra dire qu’il termine sur une note à peu près correcte.
Peut-être que la clé de la semi-réussite de Kraven the Hunter vient dans le fait que la firme a embauché un réalisateur de renom pour celui-ci contrairement aux autres, où c’était des débutants et/ou des inconnus. En effet, J.C. Chandor est le cinéaste de l’excellent suspense financier Margin Call ou du film d’action Triple frontière. Et si on ne reconnaît pas une patte particulière à la mise en scène, elle est cependant bien plus pertinente et professionnelle que celle de tous les autres films du Spiderverse réunis : lisible, ample et appliquée. Certains plans ont même vraiment de la gueule. On peut aussi louer des séquences d’actions bien faites et parfois impressionnantes où la violence et le sang ne sont pas toujours relégués hors plan. Enfin, Aaron Taylor-Johnson a un sacré charisme et si c’est vraiment lui le prochain James Bond, on devrait être aux anges. Notons également le méchant le plus réussi des six films avec un Alessandro Nivola qui s’éclate en Rhino.
Mais comme on le disait plus haut, Kraven the Hunter n’est pas non plus un grand moment de cinéma. Plutôt un honnête film d’action à l’ancienne avec des super-vilains dedans. Les capacités du personnage en tant que chasseur sont souvent mal amenées, tout comme sa relation avec les bêtes. D’ailleurs, pour les effets spéciaux, ceux concernant ces dernières ne sont pas toujours du meilleur rendu. Il y a également un trop-plein de personnages secondaires pourtant passionnants (Calypso, le Caméléon, l’Étranger, …) mais qu’on n’a pas le temps de creuser assez et qui ne servent à rien dans l’intrigue. Une intrigue, justement, qui montre ses limites, notamment dans un dernier tiers où l’absence de logique dans le déroulé des événements se fait fortement sentir. Enfin, les dialogues sont la plupart du temps très simplistes et juste fonctionnels. Malgré cela et les deux heures, on ne s’ennuie pas, c’est divertissant et fait avec honnêteté. Et on serait presque déçu que la fin qui ouvre forcément à une suite ne soit jamais d’actualité… Oui, oui, on ose le dire !
Bande-annonce – Kraven the Hunter
Fiche technique – Kraven the Hunter
Réalisateur : J.C. Chandor.
Scénaristes : Richard Wenk, Art Marcum & Matt Holoway.
Production : Sony & Columbia Pitcures.
Distribution : Sony Pitcures France.
Interprétation : Aaron Taylor-Johnson, Alessandro Nivola, Russell Crowe, Ariana DeBose, Fred Echinger, Christopher Abbott, …
Genre : Action.
Date de sortie : 18 décembre 2024.
Durée : 2h08.
Pays : États-Unis.