Broadway Therapy, un film de Peter Bogdanovich : Critique

Broadway Therapy, une comédie vintage et rafraîchissante

Synopsis: Lorsqu’Isabella (Imogen Poots) rencontre Arnold (Owen Wilson), un charmant metteur en scène de Broadway, sa vie bascule. À travers les souvenirs – plus ou moins farfelus – qu’elle confie à une journaliste (Illeana Douglas), l’ancienne escort girl de Brooklyn venue tenter sa chance à Hollywood, raconte comment ce « rendez-vous » lui a tout à coup apporté une fortune, et une chance qui ne se refuse pas…Tous ceux qui se trouvent mêlés de près ou de loin à cette délirante histoire vont voir leur vie changer à jamais dans un enchaînement de péripéties aussi réjouissantes qu’imprévisibles. Personne n’en sortira indemne, ni l’épouse d’Arnold, Delta (Kathryn Hahn), ni le comédien Seth Gilbert (Rhys Ifans), ni le dramaturge Joshua Fleet (Will Forte), pas même Jane (Jennifer Aniston), la psy d’Isabella…

« Dans Central Park, certains aiment donner des noisettes aux écureuils. Mais si d’autres aiment donner des écureuils aux noisettes, qui suis-je pour leur donner tort? » c’est avec cette phrase qu’Owen Wilson va séduire Imogen Poots, une jeune call-girl, voulant devenir actrice. Il va lui donner 30 000$, si elle promet de quitter son métier et de suivre ses rêves. Nous sommes en pleine comédie romantique, du moins en apparence. On bascule rapidement dans la comédie loufoque, à travers des dialogues savoureux et des situations absurdes.
Cette citation qu’Owen Wilson déclame abondamment, provient du film La folle ingénue d’Ernest Lubitsch. Ce n’est pas anodin, tant le film semble un hommage à l’âge d’or d’Hollywood, aux comédies des années 30/40 de Frank Capra ou Howard Hawks. Ce côté vintage et rafraîchissant, comme son actrice principale Imogen Poots, aussi pétillante, qu’une coupe de champagne. Cette coupe que savoure aussi Audrey Hepburn dans la comédie Diamants sur canapé, ou elle tenait aussi le rôle d’une call-girl dans les années 60 et dont notre héroïne s’identifie en permanence. Des références, qui donnent l’impression de voyager à travers des décennies de comédies américaines, avec aussi un soupçon de Woody Allen.

C’est aussi le retour au premier plan du réalisateur Peter Bogdanovich. Cela faisait 13 ans, qu’il ne s’était pas retrouvé derrière une caméra. On doit son retour à deux fans, les réalisateurs Wes Anderson et Noah Baumbauch, qui sont ici, producteurs du film. C’est tout un pan de l’histoire du cinéma qui se rencontre. L’auteur du classique La dernière séance datant de 1971, symbolisant avec Easy Rider, un nouvel Hollywood, ou le réalisateur devenait plus important que le producteur. Ce fût une période courte, mais créatrice, avant que les studios reprennent le pouvoir. Cela sonna le glas de celui-ci, devenant un paria, après plusieurs échecs, malgré Mask en 1985.

Hollywood aime ce genre de résurrection, comme celle de Michael Keaton dans Birdman. Deux films rendant aussi hommage au théâtre, à la différence que la réalisation de Peter Bogdanovich est très classique. Si le film est brillant, c’est grâce à un casting réussi et des dialogues savoureux, masquant les errements d’un scénario famélique. On se régale devant les divers quiproquos, on se moque de ses hommes volages, avec leurs maîtresses cachées dans la salle de bain. Ces personnages ont tous un lien et vont à un moment ou un autre, se croiser dans un restaurant, un hôtel ou un théâtre.

Imogen Poots raconte son histoire à Illeana Douglas, mais juste avant, un texte défile, nous expliquant que la réalité est souvent enjolivée. Nous raconte-t’elle vraiment la vérité sur son histoire ? Une pauvre petite fille de Brooklyn, qui galère à trouver un rôle et fait la call-girl, en attendant des jours meilleurs, mais qui va faire la rencontre, qui va changer sa vie. C’est là que la magie du cinéma va opérer. On pourrait facilement se retrouver dans un drame, avec ces jeunes femmes qui vendent leurs corps pour survivre. Mais nous sommes dans une comédie, dans du théâtre de boulevard. Imogen Poots est aussi attendrissante qu’Audrey Hepbrun ou Julia Roberts. On s’attache immédiatement à son accent de banlieue, à ses manières en décalage, avec l’univers luxueux, dans lequel elle débarque. Mais elle n’est pas la seule à briller, Jennifer Aniston en psychologue, ne faisant pas vraiment preuve de finesse, est tout aussi fabuleuse. Ce sont les femmes qui mènent la danse, comme Kathryn Hahan face à son mari Owen Wilson, ou son ex-amant Rhys Efans.
Peter Bogdanovich se fait aussi plaisir, en donnant un rôle à sa muse des années 70, Cybill Sheperd, comme à Tatum O’Neal, Austin Pendleton et George Morfogen, qui ont joué dans ses films. Ils ne sont pas là pour faire de la figuration, ils sont tous délicieusement drôles. Puis, il y a ses caméo et ce clin d’œil aux Soprano. C’est un vrai régal pour tout cinéphiles, de voir tout ces acteurs se donner la réplique. On s’amuse de leurs travers, des situations et des réparties.

C’est une comédie générationnelle, un pur moment de plaisir. On s’amuse du début à la fin, même si cela passe trop vite. Il manque juste un brin de folie pour rendre le film incontournable. Peter Bogdanovich réussit son retour et révèle l’immense talent d’Imogen Poots, prête à suivre les traces de ses illustres aînées.

Broadway Therapy: Bande-annonce

Fiche technique : Broadway Therapy

She’s funny that way
USA – 2014
Réalisateur : Peter Bogdanovich
Scénario : Peter Bogdanovich et Louise Stratten
Distribution : Imogen Poots, Owen Wilson, Illeana Douglas, Jennifer Aniston, Will Forte, Kathryn Hahn, Richard Lewis, Cybill Sheperd, Rhys Ifans, Austin Pendleton, George Morfogen et John Robinson
Photographie : Yaron Orbach
Montage : Nick Moore et Pax Wassermann
Musique : Ed Shearmur
Production : Wes Anderson et Noah Baumbach
Sociétés de production : Lagniappe Films et Venture Forth
Genre : comédie dramatique
Durée : 93 minutes
Date de sortie : 22 avril 2015

auteur : Laurent Wu