ABC… ART
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Cet abécédaire vous parlera de :
Art en général, peinture, arts graphiques, sculpture, gravure, littérature, poésie, musique, cinéma, Histoire, gastronomie, traditions, arts vivants, théâtre, opéra, philosophie, etc.
Rendez-vous un jeudi sur deux/ou un jeudi par mois, selon les possibilités, pour une chronique d’art illustrée où vous découvrirez 5 définitions artistiques issues de lettres de l’alphabet choisies aléatoirement.
PS : L’Abécédaire artistique est fier de fêter déjà +30 numéros et une moyenne de 20 000 lectures par mois !
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Bluegrass
catégorie : musique, musique américaine, folk, country, nom masculin de l’anglais, dérivé de la région éponyme du Kentucky (herbe bleue).
Le bluegrass est un sous-genre de la musique country américaine. Son nom lui vient indirectement de la région éponyme : le Bluegrass, dans le Kentucky (nom de l’herbe qui recouvre le paysage), à l’ouest des Appalaches. Pourquoi indirectement ? Car en fait, le bluegrass tire son nom du groupe de country à son origine : The Blue Grass Boys, qui le tire lui-même du surnom de l’État du Kentucky, le « Bluegrass State » par métonymie avec la région (qui, comme on l’a dit, l’a elle-même reçu de l’herbe…).
Loin de ces réflexions à tiroirs quant à son nom, le bluegrass est une musique populaire et simple qu’on doit à Bill Monroe, fondateur de The Blue Grass Boys, dès 1938.
Qu’est-ce que le bluegrass, concrètement ? Des cordes, des cordes et encore des cordes. Si lorsque vous pensez à de la country, vous pensez à du banjo, du violon, et, bien sûr, à de la guitare, vous pensez en fait sans doute à du bluegrass. Ce sous-genre est dynamique, mélodique et rythmé, demandant une grande dextérité de la part de ses instrumentistes. Ce sont des ballades, des sonorités folk, légères, qui rappellent la campagne.
Le bluegrass s’oppose au honky tonk, autre branche importante de la country, mais connu davantage pour ses paroles plus mélancoliques, voire sombres et ses sonorités plus graves (notamment les sons émis par la guitare) et plus variées en termes d’instruments.
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Fluxus
catégorie : art contemporain, art conceptuel, avant-garde artistique, nom propre.
Apparu dans les années 60 à New York, Fluxus est un mouvement artistique qui s’intéresse à la démocratisation de l’art et à une plus grande liberté de ses manifestations. Fluxus, c’est un désir de sortir l’art de son élitisme, en faisant naître l’anti-art.
Héritier du mouvement Dada (voir l’entrée éponyme, l’Abécédaire artistique n°9) dont il partage les réflexions sur un art plus libre et moins sérieux, Fluxus tire son nom d’un flux. Ce que doit être l’art d’après ses partisans : un flux créatif qui s’affranchit des limites, des cadres, des formes, des classes sociales, de l’intellect. En rupture avec l’art moderne, Fluxus permet à l’art contemporain de prendre son essor, raison pour laquelle on place parfois les débuts de l’art contemporain dans les années 60 plutôt que 40-50*.
Comme beaucoup d’avant-gardes, Fluxus définit ses contours au moyen d’un manifeste, publié en 1963, dans la Grosse Pomme. C’est l’artiste lituanien et américain George Maciunas (1931-1978) qui en est à l’initiative, en faisant l’un des fondateurs majeurs du mouvement. Il y écrit notamment que Fluxus a pour visée de « promouvoir un déluge révolutionnaire et une vague dans l’art » et de « purger le monde de la maladie bourgeoise, de la culture ‘intellectuelle’, professionnelle et commercialisée, de purger le monde de l’art mort, de l’imitation, l’art artificiel, l’art abstrait, l’art illusionniste, l’art mathématique – purger le monde de l’europanisme. »
Les œuvres d’art du mouvement Fluxus ne sont plus des œuvres d’art : l’art n’a pas à être beau, à être une œuvre, à être complexe, esthétique ou quoi que ce soit de trop limité. Tout peut être art, puisque l’art est une réflexion. En se débarrassant des formes trop strictes, Fluxus privilégie la performance, le happening (voir l’entrée éponyme, l’Abécédaire artistique n°24), l’œuvre éphémère et hors cadre. Ce mouvement ne questionne pas que l’art dans ses fondements, mais aussi la place de l’artiste, son rôle qui est de dépasser le cadre culturel, social, politique, etc.
Le mouvement, de portée internationale, se diffuse aux Etats-Unis, mais aussi en Europe, dont en France, en Allemagne et en Suisse – des pays où le mouvement Dada a notamment vu le jour. En France, un artiste majeur du mouvement Fluxus est Ben Vautier, plus connu sous son seul prénom de Ben, dont les écritures manuscrites en blanc sur fond noir ont fait réfléchir bien des gens. A l’international, on peut citer Joseph Beuys, Yoko Ono, Daniel Spoerri et bien d’autres.
*Art moderne et art contemporain ne sont pas synonymes. L’art moderne débute autour des années 1850-70 avec les impressionnistes, pour s’achever environ un siècle plus tard. A partir de là, il s’agit d’art contemporain.
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Paradis et poulailler
catégorie : théâtre, noms masculins.
Dans les théâtres, on nomme traditionnellement les sièges les plus en hauteur le paradis. Cette appellation émerge avec la création de salles dédiées aux spectacles, les théâtres à l’italienne, dès le XVIème, et surtout au XVIIème siècles. Pour permettre une meilleure vue sur la scène, les gradins ou même les simples rangées de chaises sont remplacés par une architecture optimisée pour la vue du spectacle : des rangées en galerie, des balcons, des loges et, tout en haut, le paradis.
Le nom poétique des ces sièges vient de leur proximité avec le plafond. Ces derniers sont souvent peints, à l’époque, représentant des ciels*, d’où le glissement logique vers le paradis. Plus prosaïquement, on nomme aussi cet espace le poulailler. Là, les étymologies se disputent : le terme pourrait venir de l’origine populaire des spectateurs relégués tout en haut des théâtres, là où la scène est la moins visible et les billets les moins chers. Le bas-peuple, comme on dit à l’époque, ne se prive alors pas de jacasser pendant les pièces de théâtre, d’où le rapprochement avec un certain volatile. D’autres disent que les barreaux qui encadraient ces sièges vertigineux ont donné son nom au poulailler… Du paradis au poulailler, un grand écart symbolique entoure cette zone en hauteur. La prochaine fois que vous allez au théâtre, si vous vous retrouvez tout en haut, personne ne vous en voudra de vous croire au paradis, et d’omettre l’existence de cet autre surnom qu’est le poulailler…
*En peinture, on ne parle jamais de cieux, mais de ciels.
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Scat
catégorie : musique, musique américaine, jazz, improvisation, nom masculin.
Shoubidoua, doubidoua, dadadidam, dodoubidouap, doudidop… Le scat est une pratique propre au jazz, durant laquelle le chanteur abandonne ses paroles pour se livrer à une improvisation musicale à l’aide d’onomatopées qui peuvent – ou non – imiter un instrument de musique. Le scat n’est pas répété, et il est toujours unique – les paroles n’ont pas été prévues auparavant, tout est improvisé.
Si les deux grands artistes du scat sont Ella Fitzgerald et Louis Armstrong, c’est au second qu’on devrait la diffusion et la célébrité de ce jazz chanté. La légende dit en effet que dans les Années folles (années 20), en plein enregistrement, le musicien américain aurait fait tomber ses partitions et, pour éviter un blanc, aurait improvisé à l’aide de syllabes au hasard, comme on le faisait déjà chez lui en Louisiane depuis le début du siècle, notamment dans les milieux du gospel.
Peut-être pour la liberté qu’il implique, peut-être pour son caractère imprévisible, ou peut-être pour sa simplicité, le scat devient rapidement en vogue dans toute l’Amérique du nord, y compris dans des genres musicaux autres que le jazz. Le bebop, une variante du jazz, tire même son nom d’une improvisation en scat.
On peut également citer le fameux « poupoupidou » (en fait « boop-boop-e-do ») de Marilyn Monroe en 1959, dans la chanson I Wanna Be Loved By You, tirée du film Certains l’aiment chaud (écrite dès 1928 pour un autre film, Good Boy). Dix ans plus tard, en 1969, Gene Vincent, chanteur de rock’n’roll et même de rockabilly sort la chanson Be-Bop-A-Lula.
Pourtant, le plus bel exemple de scat communément admis est la performance live d’Ella Fitzgerald en 1966, avec la chanson How High The Moon.
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Théorbe
catégorie : musique classique et baroque, instruments anciens, lutherie, opéra, nom masculin.
Le théorbe fait partie de la famille des instruments anciens et méconnus. Il est créé par les Italiens alors que le XVIème siècle s’achève. Des sources moins sûres nomment même directement son inventeur : Il Bardella, un musicien toscan (de son vrai nom Antonio Naldi), qui aurait fabriqué le premier théorbe en 1575.
Cet instrument imposant a l’apparence d’un luth à la fois plus gros, mais aussi plus long. La caisse est plus grosse ; le manche, considérablement plus allongé, peut faire dépasser à l’instrument deux mètres de longueur ! On ne manipule donc pas un théorbe avec facilité et on en joue d’ailleurs assis.
Sans surprise au vu de sa grande taille, le théorbe possède deux jeux de cordes distincts, tous deux fixés sur le même manche. Le premier, généralement composé de six cordes, diffère peu de celui d’un luth ; il produit des sons aigus. Quant au second, il est à vide, c’est-à-dire qu’il se joue sans les doigts de la main gauche, dont il est inaccessible. Ses huit cordes produisent des sons plus graves et dont la vibration est différente du premier jeu.
Le théorbe est un instrument versatile : il peut accompagner le chant, avoir ses propres solos ou se fondre dans les instruments qui constituent la base musicale. Particulièrement adapté à la musique baroque, un ou plusieurs théorbes se trouvent encore dans la fosse d’orchestre de certains opéras ou concerts de musique ancienne.
Rendez-vous dans un mois pour 5 nouvelles définitions artistiques. Pour vous proposer un contenu toujours aussi passionnant, l’Abécédaire Artistique est mis en ligne aussi souvent que possible, toujours le jeudi.
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