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« Van Gogh » : dessiner l’ineffable

Jonathan Fanara Responsable des pages Littérature, Essais & Bandes dessinées et des actualités DVD/bluray

L’auteur et dessinateur croate de bandes dessinées Danijel Žeželj se penche sur la biographie et la psyché de Vincent van Gogh. Son travail, à découvrir aux éditions Glénat, est presque exclusivement graphique et sensoriel.

À la base, il y a quinze lettres envoyées par Vincent van Gogh à ses proches. Cette correspondance débute dix-sept années avant la mort du célèbre peintre hollandais. C’est à partir de cette matière intime et littéraire que Danijel Žeželj va retranscrire graphiquement l’histoire de celui qui fut l’un des grands artistes annonciateurs du fauvisme et de l’expressionnisme.

Le résultat se caractérise par un charme crépusculaire : au sein de planches troublantes exclusivement en noir et blanc, on suit les pérégrinations (dénuées de dialogues) de Vincent van Gogh. Un contraste apparaît rapidement entre les vignettes expressives de Danijel Žeželj et les missives plus posées de van Gogh. Le dessinateur croate entretient ce décalage délibérément. Au même titre que ses planches éclatées et souvent sombres, il participe en effet à la déconstruction d’un esprit aussi créatif que malade.

Extrait visible sur le site de l’éditeur.

Des repères biographiques insérées en fin d’ouvrage aident à mieux appréhender les faits que restitue avec poésie Danijel Žeželj. Van Gogh passe par toutes les émotions, toutes les occupations, mais aussi tous les combats, le plus important étant probablement celui qu’il livre contre lui-même. On découvre plus précisément une relation compliquée avec Gauguin, une parenthèse arlésienne heureuse et prolifique, l’épisode de l’oreille coupée, la vie de missionnaire en Belgique, la désapprobation familiale quant à sa relation avec « Sien » ou un séjour à l’asile de Saint-Paul à Saint-Rémy-de-Provence.

On aurait bien du mal à définir précisément l’album de Danijel Žeželj. Il tient probablement davantage du portfolio que de la bande dessinée. Ce qui est plus sûr en revanche, c’est que le regard fasciné porté sur Vincent van Gogh est éminemment contagieux. Si le style des planches frappe d’emblée le lecteur, il semble aussi, et avant tout, l’inviter au tréfonds d’une personnalité hors du commun. Cette mise en abîme d’un peintre par des dessins biographiques vaut à coup sûr que l’on s’y attarde.

Van Gogh, Danijel Žeželj
Glénat, août 2020, 152 pages

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