Les éditions Glénat publient Space Connexion, du scénariste El Diablo et du dessinateur Romain Baudy. Cet album comprenant plusieurs récits se caractérise par un rythme échevelé et des thématiques spatiales.
Enlèvement de scientifiques par des forces extraterrestres, guerre intergalactique miniaturisée se soldant sur un terrain de golf, activités d’une station de forage entravées par d’étranges occupants, pandémie et rejet des aliens : dans Space Connexion, El Diablo et Romain Baudy prennent appui sur l’au-delà pour concevoir une série de récits rythmés et volontiers absurdes, souvent plus sophistiqués qu’il n’y paraît.
« Abduction » présente ainsi des scientifiques entièrement nus discourant entre eux sans la moindre pudeur. Le très bref « Coup d’approche » se joue des proportions pour intégrer un opéra spatial dans l’immensité… d’un terrain de golf. « Les Gardiens » fond des considérations écologico-capitalistiques dans un cadre à la The Thing (John Carpenter, 1982) et rompt son réalisme par l’irruption soudaine du fantastique. « Pandémie » présente un monde post-apocalyptique voué à disparaître en raison de la peur primaire que les hommes expriment vis-à-vis de l’autre, de l’altérité.
Très réussi sur le plan graphique, l’album du scénariste El Diablo et du dessinateur Romain Baudy prend un malin plaisir à tourner en dérision les comportements humains, révélés sous la lumière profuse des extraterrestres. Dans « Abduction », les divisions nées parmi des hommes en situation de crise auront raison d’eux : les aliens considèrent qu’ils n’ont pas les qualités requises pour rejoindre une obscure Alliance galactique. Dans « Les Gardiens », l’instinct de prédation industriel, qui dévaste la nature, va au bout de sa logique en menaçant directement les autochtones d’un site de forage. Dans « Pandémie », c’est une humanité arc-boutée et décimée par un virus qui se trouve en butte contre l’ignorance et l’incommunicabilité. « Aucun sens de l’action collective, et leurs organes reproducteurs semblent régir la plupart de leurs décisions », résume pour nous un membre de l’Alliance galactique.
Manifestement influencé par le cinéma et les séries télévisées (potentiellement X-Files et Les Simpson, notamment), Space Connexion comporte son lot de vignettes spectaculaires, les moindres n’étant certainement pas celles opposant des créatures extraterrestres à des fourmis apparaissant gigantesques en regard de leur petitesse. El Diablo et Romain Baudy font le travail et initient une série plutôt engageante, dont ce premier tome, ironiquement intitulé « Darwin’s Lab », s’avère prometteur quant à la suite.
Space Connexion, El Diablo et Romain Baudy
Glénat, mai 2022, 64 pages