Après une incursion au sein d’une secte de chrétiens fondamentalistes, Didier Convard et Denis Falque appuient cette fois leur récit sur les manœuvres conjointes de la Russie et de la Corée du Nord à l’encontre d’un triumvirat aussi clandestin qu’utile aux grandes puissances mondiales. Le rectificateur Jean Nomane y est traqué par des hommes de main dans les montagnes françaises…
Tandis qu’il remonte à moto les pentes sinueuses et désolées d’une région montagneuse française, Jean se remémore quelques souvenirs d’enfance. C’est ici, précisément, que son père s’est efforcé à lui enseigner le sens de l’effort, à l’image de ces forçats de la route qui grimpent énergiquement les cols dans les grandes courses cyclistes. Ce père, enterré il y a longtemps, n’est mort que symboliquement, puisqu’il l’accueille dans une vieille maison coupée du monde. Jean ne le sait que trop bien : c’est ainsi que se retirent les anciens Rectificateurs, par peur que leurs ennemis passés ne mettent inopportunément la main sur eux. Et c’est justement pour échapper à ceux qui pourraient le traquer que Jean a décidé, en se basant sur les informations contenues dans un vieux carnet de notes, de se retrancher quelques jours avec son père, perdu de vue depuis longtemps.
Didier Convard et Denis Falque exposent ce qui a présidé à cette situation. Des délégués à l’ONU, par ailleurs Directeurs d’un mystérieux triumvirat, ont été liquidés par des tueurs à gages missionnés par la Corée du Nord, avec l’appui logistique des Russes. Ces derniers ont en effet œuvré à la cyberattaque ayant permis aux Coréens d’identifier les agents de l’organisation honnie, coupable d’avoir empêché la mise en application d’une arme bactériologique de nature à décimer l’espèce humaine. Celle que l’on appelle « Madame », agent de liaison entre les États et les Rectificateurs, cherche alors à exercer son influence sur le président français pour infléchir le cours de l’histoire : il s’agit de contraindre les Russes en agitant le chiffon rouge d’un blocage humanitaire en Syrie.
Ce qui s’enclenche ressemble fort à une course contre la montre. Les commandos dépêchés sur place doivent retrouver au plus vite Jean, avant que les Russes n’exigent des Coréens et de leurs hommes de se retirer. La diplomatie mondiale se mêle ainsi aux assassinats clandestins, le tout sur fond de réunion filiale entre un fils et son père, deux agents du triumvirat, séparés puis réunis par son entremise. L’essentiel de « Mourir et revenir » a lieu dans les décors enneigés d’une France reculée, où deux hommes devancent, et cherchent à piéger, leurs assaillants, à la solde de puissances étrangères corrompues. À cet égard, ce second tome de Rectificando parvient à un équilibre délicat, entre chair humaine (les affects familiaux) et nerfs politiques (les jeux de pouvoirs en coulisses). Bien menée, cette bande dessinée emprunte certes des voies balisées, mais elle s’y comporte plutôt bien, en ne sacrifiant rien des différentes thématiques qui nourrissent son récit, entre action et émotion.
Rectificando : Mourir et revenir, Didier Convard et Denis Falque
Glénat, novembre 2022, 56 pages