La collection « Le Fil de l’Histoire » des éditions Dupuis s’enrichit d’un nouveau titre portant sur la Révolution française. Comme à leur habitude, Fabrice Erre et Sylvain Savoia font preuve de didactisme pour expliquer aux plus jeunes les tenants et aboutissants d’un événement historique séminal et retentissant.
À chaque mouvement populaire, ou presque, les mêmes allusions se forment : la Révolution française est souvent brandie en modèle, en source d’inspiration ou, plus prosaïquement, en point de comparaison. Que l’on évoque les Lumières, Marianne, le drapeau tricolore ou l’hymne national, ce soulèvement du tiers état n’est jamais loin. Et lorsque des privilégiés tendent à faire main basse sur des biens ou des financements publics, on n’hésite pas à leur rappeler ce précédent historique, voire à les menacer d’une fronde d’une ampleur similaire. Il n’est à cet égard guère étonnant de voir la collection « Le Fil de l’Histoire » s’emparer de la Révolution française et l’expliquer, certes un peu hâtivement (format oblige), à leurs jeunes lecteurs.
Avant la Révolution, la France est caractérisée par des fractures profondes et institutionnalisées. Sa population n’est pas égale en droits et en devoirs, ceux des uns et des autres étant conditionnés par leur naissance. Trois ordres coexistent alors : le tiers état, qui représente 95% des Français, est composé des paysans, des artisans, des travailleurs modestes, tandis que la noblesse rassemble les grandes familles, les propriétaires terriens, les proches du pouvoir et que le clergé est constitué des religieux et des prêtres. Parmi ces trois groupes, seul le moins privilégié, c’est-à-dire le tiers état, est tenu de s’acquitter des taxes et des impôts. Cette division de la société se heurte aux idées progressistes défendues par les Lumières (dont Voltaire et Rousseau). Elle va surtout connaître son chant du cygne en raison des crises agricoles de 1787 et 1788 : les récoltes de céréales baissent drastiquement, le prix du pain explose, mais Louis XVI, ruiné par ses campagnes militaires, se montre incapable de venir en aide aux indigents.
C’est le temps des états généraux, des délégués et de leurs cahiers de doléances. Le 20 juin 1789, les députés contestataires, las, se réunissent dans une salle, se proclament Assemblée nationale et s’emploient à rédiger une Constitution. Le Roi ne peut désormais plus décider seul. Après la prise de la Bastille le 14 juillet, la Révolution se répand véritablement dans tout le pays, souvent dans la violence. En août, les privilèges sont abolis et deux camps se font face : révolutionnaires d’un côté et royalistes de l’autre. Mirabeau a beau être noble, il devient l’un des meneurs du mouvement. L’abbé Sieyès ou l’évêque Talleyrand figurent également parmi les révolutionnaires. Le 26 août, l’assemblée publie la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. La presse libre apparaît et l’opposition entre les deux camps ne cessera plus de se renforcer…
La suite est bien connue : les craintes de voir interférer les monarchies étrangères, la chasse aux aristocrates et aux troupes loyalistes, le jusqu’au-boutisme des sans-culottes, les massacres par guillotine, armes à feu ou noyade, l’exécution du Roi et de Marie-Antoinette (appelée « l’Autrichienne »), la Terreur de Robespierre, l’élimination des Girondins et des Hébertistes, le Directoire mis en place en 1795 après la condamnation à mort de Robespierre, lui-même alors considéré comme un dictateur et, enfin, la consécration d’un héros militaire, Napoléon Bonaparte, promu premier Consul de la République, puis Empereur… L’histoire est longue, complexe, faite d’avancées et de reculades, d’apaisements et de tensions, de symboles et de trahisons. Autant de choses sur lesquelles reviennent avec pédagogie Fabrice Erre et Sylvain Savoia, et notamment à travers leur traditionnel dossier explicatif glissé en conclusion de l’album.
Le Fil de l’Histoire : La Révolution française, Fabrice Erre et Sylvain Savoia
Dupuis, septembre 2022, 48 pages