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« Dragon Ball SD » (Tome 11) : quand le futur frappe à la porte du présent

Jonathan Fanara Responsable des pages Littérature, Essais & Bandes dessinées et des actualités DVD/bluray

Avec ce onzième tome haut en couleurs de Dragon Ball SD, les éditions Glénat nous replongent dans l’un des arcs les plus fascinants et inquiétants de la saga : celui des cyborgs. À travers le regard espiègle et condensé de Naho Ohishi, l’œuvre originelle d’Akira Toriyama revit ici sous une forme ludique mais non moins dense, où la menace du futur s’invite brutalement dans le présent. L’arrivée de Trunks, la maladie de Goku, le réveil du docteur Géro : tout concourt à faire basculer Dragon Ball dans une tonalité plus sombre, presque dystopique.

Après la conclusion passionnante – la meilleure de la saga, selon l’auteur de ces lignes – de l’arc de Namek, on aurait pu croire que l’univers de Dragon Ball se tournerait vers quelque chose de plus léger. Les héros sont revenus, la Terre respire de nouveau, Goku est devenu le Super Saiyan dont Végéta a tant parlé. Et pourtant, à peine Freezer refroidi, un vent de désolation souffle à nouveau sur la planète bleue. 

L’apparition de Trunks, aussi tranchante que son épée, marque en effet un tournant. Il vient du futur, mais d’un futur que personne ne voudrait connaître. Car dans quelques années, le monde ne sera plus qu’un champ de ruines, ravagé par deux cyborgs à la cruauté mécanique. L’intelligence froide de la science dévoyée remplacera alors les monstres extraterrestres. Avec cette annonce, Toriyama (et Ohishi, ici, qui la met en scène avec une certaine fraîcheur graphique) introduit un nouveau type de peur, celle du progrès devenu incontrôlable.

Lorsque les cyborgs 19 et 20 apparaissent, la tension est encore mesurée. Les héros, confiants, s’élancent vers ce nouveau combat avec l’assurance des vainqueurs de Namek. On croit à une menace gérable, presque classique. Mais déjà, des failles se dessinent. Goku, frappé d’un mal inconnu (un virus cardiaque) s’effondre en plein combat. Cette fragilité du héros, si inattendue, confère à l’arc une gravité rare dans la série : le sauveur du monde n’est plus infaillible. La Terre doit faire face sans lui, et l’ennemi, cette fois, ne se limite pas à un seul adversaire identifiable.

Car pendant que Vegeta goûte pour la première fois à l’ivresse du Super Saiyan, le docteur Géro s’échappe. Vieillard à la silhouette famélique coiffé d’un bonnet d’ingénieur fou, il transporte avec lui la menace d’un cauchemar encore plus profond. C’est dans son laboratoire caché que sommeillent les véritables cyborgs, ceux dont Trunks avait parlé : C-17 et C-18. Ce moment, magistral dans sa tension, marque la bascule définitive : le futur annoncé s’incarne dans le présent, et plus rien ne pourra l’arrêter.

Dans Dragon Ball SD – Tome 11, cette séquence prend une saveur particulière. Le format condensé, plus humoristique, n’enlève rien à la gravité du propos. Au contraire : l’écart entre le ton plus léger de SD et le drame sous-jacent crée un effet saisissant. Ce début d’ère “cyborg” est plus qu’un simple enchaînement de combats. C’est une mutation dans la structure même de Dragon Ball. Après les dieux et les démons, Toriyama explore la peur de l’homme face à ses propres créations, la violence née du progrès et l’incertitude du destin…

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