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« Damien, l’empreinte du vent » : abandon et découvertes

Jonathan Fanara Responsable des pages Littérature, Essais & Bandes dessinées et des actualités DVD/bluray

Les éditions Glénat publient Damien, l’empreinte du vent, de Gérard Janichon et Vincent. Ode au voyage et à la découverte, ce récit initiatique place deux jeunes adultes face à eux-mêmes dans une quête irrésistible de liberté.

« L’empreinte du vent sommeillait en moi. » L’album de Gérard Janichon et Vincent verbalise à plusieurs reprises, et souvent avec beaucoup de poésie, l’envie d’abandon et de découverte de Jérôme et Gérard (oui, le même Gérard, auteur et personnage donc), deux amis qui, à dix-sept ans, ont entrepris de préparer un voyage au long cours, à bord d’un navire conçu par leurs soins, appelé Damien, qui parcourra finalement 55 000 miles en un peu plus de quatre ans, jusqu’en 1973. « Ils ne vont pas aller très loin, ceux-là », avait-on pourtant prédit à ces deux garçons qui, plus jeunes, ont fréquenté une école militaire où « réfléchir, c’est désobéir », et où « les punitions étaient plus nombreuses que les distractions ». C’est d’ailleurs probablement dans une réaction tardive, une volonté d’émancipation, qu’ils vont imaginer, sur le toit d’un immeuble gravi au prix de grands efforts, devenir des « gitans de l’océan ».

Angleterre, Norvège, Amérique du Sud, îles reculées, Amazonie, Groenland… Après avoir économisé pendant cinq ans, les deux amis vont parcourir le monde, subir des conditions climatiques extrêmes, aller de découverte en découverte, multiplier les rencontres et les expériences. À bord d’un petit voilier en bois, ils vont se livrer à une épopée initiatrice désormais gravée dans les annales. Inexpérimentés mais portés par un idéal auquel ils se cramponnent fermement, Jérôme et Gérard embrassent la vie dans ce qu’elle a plus intense, un charme aujourd’hui quelque peu désuet, mais renforcé dans l’album par l’emploi d’aquarelles aux couleurs douces. Échafaudé depuis le toit d’un immeuble, mis en musique dans un bar, l’épopée du Damien constitue le poumon narratif du bien nommé Damien, l’empreinte du vent. Si les enjeux peuvent paraître chiches, c’est avant tout parce que les auteurs ont décidé de mettre l’accent sur cette soif d’aventures qui, à elle seule, parvient à maintenir l’intérêt du lecteur.

« On a exploré nos limites dans une espèce d’émerveillement perpétuel », résumeront les deux voyageurs. Comment aurait-il pu en être autrement au regard de ces paysages mirifiques tels cette végétation luxuriante disposées en deux vignettes s’étalant sur une double page (72 et 73) ? Oiseaux exotiques, singes, dauphins, mais aussi températures glaciales ou tempêtes, Jérôme et Gérard ont vécu, en moins de cinq ans, suffisamment de péripéties pour remplir des vies entières. Ce que Gérard Janichon et Vincent mettent finalement en exergue, au-delà de l’attrait du défi, c’est un état d’esprit tourné vers l’autre et la découverte. Il ne faut pas s’attendre à y trouver des sens cachés ou des reliefs psychologiques vertigineux ; c’est en revanche un puissant témoignage sur les beautés du monde et la liberté.

Damien, l’empreinte du vent, Gérard Janichon et Vincent
Glénat, mai 2022, 168 pages

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