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« Choujin X » : quête initiatique et identitaire

Jonathan Fanara Responsable des pages Littérature, Essais & Bandes dessinées et des actualités DVD/bluray

Créateur de la série Tokyo Ghoul, Sui Ishida publie aux éditions Glénat le premier numéro de Choujin X, dont le récit met en scène des adolescents faisant face à des entités surhumaines, quand ils ne s’en approprient pas eux-mêmes les facultés…

Tokio et Azuma ne peuvent être appréhendés l’un sans l’autre. Le premier, assimilé à un vautour, semble vivre par procuration à travers le second, quant à lui renvoyé au lion. C’est en effet son ami qui remédie à ses faiblesses, lui offre un cadre de vie rassurant, le conseille et le guide au quotidien. Le mangaka Sui Ishida va pourtant plonger Tokio, peu sûr de lui, ô combien vulnérable, dans une profonde quête initiatique et identitaire. Non seulement il va apprendre à s’affranchir de son ami, mais il lui faudra en plus composer avec une seconde nature aux mystères encore épais.

Ces deux adolescents ne sont pas les seuls héros de Choujin X. Ely, jeune cultivatrice de tomeïto, se rend seule à une foire agricole. Durant son voyage, elle survivra à un accident aérien causé par un chouijin maléfique. C’est à cette terrible occasion que se révèlent ses pouvoirs cachés. Ces trois jeunes protagonistes, auxquels le lecteur est appelé à s’identifier, vont se mouvoir dans un monde divisé en provinces autonomes et soumis aux agissements d’entités machiavéliques, dont les représentations rappellent forcément le folklore nippon – les yōkai par exemple.

La région de Yamato, dans laquelle se déroule le récit, se nappe d’un pessimisme certain. Tokio et Azuma s’y distinguent en se dressant contre les voyous. Dans le détail, le premier déclenche l’alerte et le second est prié d’agir en conséquence. Le binôme procède de cette façon : liés l’un à l’autre, Tokio et Azuma constituent des contraires qui se complètent et s’attirent. Un incident va toutefois redéfinir la stature de Tokio, puisqu’il va se muer, malgré lui, en chouijin. Et de ce fait croiser la route d’Ely, dont le caractère protecteur est réaffirmé à cette occasion.

Remarquablement dessiné, mené tambour battant, ce premier numéro de Choujin X expose des personnages à fort relief – surtout Tokio, invariablement diminué – tout en instituant un univers suffisamment envoûtant pour tenir en haleine le lecteur. Sui Ishida, qui s’inspire beaucoup des comics américains et des jeux vidéo, avoue cependant lui-même ne pas encore connaître tous les tenants et aboutissants de son histoire. Gageons qu’il saura quoi faire de ces prémisses pour le moins prometteuses.

Choujin X, Sui Ishida
Glénat, octobre 2022, 262 pages

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