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« Capitaine Vaudou » : de magie et de zombies

Jonathan Fanara Responsable des pages Littérature, Essais & Bandes dessinées et des actualités DVD/bluray

Jean-Pierre Pécau et Darko Perovic publient aux éditions Delcourt « Baron mort Lente », le premier tome de la série Capitaine Vaudou. Il y est question de magie, de démons, de zombies… et d’inégalités sociales.

Soldat irlandais catholique s’étant opposé aux protestants anglais, Cormac Mac Leod est un l’un de ces rapparees porteurs des dissensions politiques qui secouent alors les îles britanniques. On le découvre au début de « Baron mort Lente » emprisonné dans la cale d’un navire. Lui et son frère seront bientôt rejoints par des esclaves, qualifiés de « maudits macaques », voire de « bois d’ébène ». Entre les nobles et la lie, il y a cependant plus que des superlatifs. Il y a les notions de liberté, d’existentialisme, bref d’autodétermination.

Jean-Pierre Pécau et Darko Perovic font intervenir des forces paranormales pour libérer Cormac Mac Leod et son nouvel ami Lime Ba Yo. Son frère Angus laisse néanmoins sa peau dans un affrontement avec un navire ennemi. Mais l’essentiel a déjà été entraperçu. Cormac est doté d’un pouvoir qu’il ne soupçonne même pas. Et il va devoir « apprendre à maîtriser (son) don, sinon les Loas (le) briseront comme un fétu de paille ». Ces derniers peuvent s’apparenter à des esprits, des démons, voire des Dieux. Commence alors un récit d’aventures mâtiné de mysticisme, où Cormac Mac Leod, Lime Ba Yo, Jean-Baptiste Donatien de Vimeur et d’autres vont faire face au crépusculaire Baron mort Lente, après avoir été scrutés par des yeux menaçants à travers la flore luxuriante d’une île maudite.

Prenante, le narration s’enrichit en sus de réflexions sur l’ostracisme. Aux figures de l’Irlandais et du Nègre s’ajoute en effet celle du Juif, à travers le rabbin. À Cuba, le lecteur se voit confronté à des visions d’horreur, avec des macchabées prisonniers de cages disposées sur les plages. Presque dans le même temps, Cormac reçoit en rêve la visite programmatique d’Erzulie, ce qui laisse penser qu’il est à la fois maudit et béni. Et la fin d’album pose les jalons d’un combat entre un homme-léopard (un bizango) aux ordres du Baron mort Lente et le golem du rabbin, tandis que des zombies envahissent la Calypso et déciment son équipage.

Balançant entre le trafic d’esclaves du XVIIe siècle, l’Amérique, les combats en mer, les démons, le conflit anglo-irlandais ou encore la sorcellerie, « Baron mort Lente » est un album aussi dense que prometteur, mis en vignettes avec talent par Darko Perovic, dont le soin accordé aux détails est plus qu’appréciable. Une belle surprise, en somme.

Capitaine Vaudou : Baron mort Lente, Jean-Pierre Pécau et Darko Perovic
Delcourt, mars 2022, 64 pages

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