Canary, de Scott Snyder et Dan Panosian, publiée aux éditions Delcourt, nous entraîne dans une aventure teintée d’horreur, prenant pour cadre le far west américain.
L’histoire débute en 1891, sur le territoire de l’Utah. Le marshal Holt est déterminé à appréhender Johnny Apple, accusé du meurtre d’une femme. Bien que le jeune garçon jouisse d’une bonne réputation, contrairement à sa famille, les faits semblent évidents. Le clan Apple souhaite régler l’affaire en interne, sans intervention extérieure, et les événements vont dès lors tragiquement s’accélérer.
Will Holt est ensuite envoyé à Canary après une série de meurtres étranges liés à des cours d’eau souterrains. Ces investigations le conduisent à l’ancienne mine, un lieu qui a connu un drame qui a lourdement impacté la ville. Sur place, Will est accompagné d’Edison Edwards, un expert en roches, et rencontre Kenrick Gemmer, le maire de la ville.
Ce dernier, désireux de définitivement tourner la page sur un passé trouble, se trouve en désaccord quant à l’opportunité de fouiller la mine pour en percer les secrets. La propriétaire d’une taverne locale, Mabel Warren, se montre plus intéressée, et on apprend même qu’elle est à l’origine de la présence de Will. Les tensions s’exacerbent cependant lorsqu’un groupe d’Indiens bloque l’accès à la mine, évoquant la présence de toxines dangereuses.
Eaux troubles
Will découvre rapidement que les rivières souterraines sont au cœur d’événements macabres. Des voix se font entendre depuis le fond de la mine et renforcent l’idée que quelque chose de sinistre y réside. Malgré les réticences, une expédition est organisée pour pénétrer dans la mine, où des phénomènes inexplicables attendent les protagonistes.
La rencontre avec un mineur prétendument mort depuis sept ans et revenu à la vie plonge la ville dans une atmosphère de peur et de superstition. Le passé refait surface, révélant des cavernes géologiques impossibles et des créatures monstrueuses aux os et cartilages mouvants…
Les planches de Panosian, saturées de couleurs sombres, amplifient l’atmosphère oppressante du récit. Chaque page est un tableau où l’angoisse et la tension sont palpables, quand l’horreur ne s’y invite pas de manière franche et abrupte. De son côté, Scott Snyder se délecte manifestement à mélanger les genres, passant du western au mystère et à l’horreur.
Sentiment mitigé
Le marshal Holt figure l’anti-héros classique, un homme dur et déterminé, mais capable de compassion et de vulnérabilité. Il a un passif avec Canary et ses réactions mettent d’emblée le lecteur sur la piste du surnaturel. Les thèmes de la cupidité, du racisme et du deuil sont notamment abordés, mais le scénario peine à leur donner toute l’ampleur qu’ils mériteraient.
Canary est une œuvre qui ne laisse pas indifférent. Par son mélange des genres et son ambiance oppressante, elle parvient à tenir le lecteur en haleine. Et tandis que l’horreur s’invite dans le Far West, Snyder et Panosian réussissent à donner de la chair à leurs personnages, confrontés à des phénomènes qui les dépassent.
Canary, Scott Snyder et Dan Panosian
Delcourt, mai 2024, 160 pages