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« Audrey Hepburn » : portrait d’une icône du cinéma

Jonathan Fanara Responsable des pages Littérature, Essais & Bandes dessinées et des actualités DVD/bluray

L’album Audrey Hepburn, de Jean-Luc Cornette et Agnese Innocente, enrichit la collection « 9 1/2 » des éditions Glénat, qui comprend déjà des volumes sur Orson Welles, Alfred Hitchcock, Jean Gabin ou François Truffaut. L’entreprise est aussi délicate qu’ambitieuse : dépeindre la vie d’une icône du cinéma, non seulement dans sa gloire et son élégance, mais également dans les nuances plus sombres et personnelles de son existence.

La trame narrative débute avec la naissance d’Edda Hepburn Ruston en 1929 à Bruxelles. Fille d’un père anglais membre du parti fasciste et d’une mère baronne hollandaise, la petite Edda, qui deviendra plus tard Audrey, est plongée dans un contexte familial trouble : les déménagements sont fréquents, le père cultive des sympathies nazies alors que la Seconde guerre mondiale approche à grands pas et le couple ne tient plus qu’à un fil, qu’un adultère va briser.

Le récit donne à voir une comédienne profondément ancrée dans l’Europe : elle naît en Belgique, possède des origines anglo-hollandaises, s’épanouira en Suisse et en Italie… Les auteurs explorent succinctement les différents aspects de sa vie : ses histoires d’amour, ses tragiques fausses couches, sa relation particulière avec les animaux, dont son fameux faon Ip et son engagement humanitaire. Longtemps, Audrey Hepburn a été cantonnée, à son grand regret, à des rôles légers, de jeune ingénue, alors qu’elle aspirait à camper des personnages plus complexes.

Cela étant, dans la vie, celle qui espérait initialement devenir ballerine n’a pas été sans naïveté. Elle tombait sous le charme des hommes qu’elle croisait, elle s’enthousiasmait aussi rapidement qu’elle déchantait, elle cherchait à faire son trou à Hollywood sans toujours en mesurer les conséquences. Devenue une muse pour le designer Hubert de Givenchy, duquel elle était proche, elle avait par exemple l’impression de le tromper quand elle devait porter des tenues qui n’étaient pas de sa création.

L’approche graphique d’Agnese Innocente se caractérise par une douceur dans le trait qui sied à merveille à Audrey Hepburn. Cette simplicité accentue l’aspect intime et personnel de l’histoire. Jean-Luc Cornette, de son côté, ne surprend guère en passant en revue le parcours d’Audrey Hepburn, de son enfance à son travail avec l’UNICEF et sa maladie. Format oblige, on sacrifie beaucoup de la psychologie et de la carrière de la comédienne : les films ne constituent que des parenthèses et les enjeux (deuil, célébrité, amour…) restent de surface.

Dans cette biographie graphique, Jean-Luc Cornette et Agnese Innocente rendent hommage à l’une des comédiennes les plus importantes de son temps. De Vacances romaines à Sabrina, de William Wyler à Billy Wilder, c’est une dualité femme/icône qui s’est patiemment construite. L’une cherchait son équilibre familial quand l’autre enchaînait les tournages, parfois au mépris de sa santé. Bien que relativement convenu, l’album souligne l’humanité, les combats et les aspirations profondes d’Audrey Hepburn. Et à cet égard, c’est une réussite.

Audrey Hepburn, Jean-Luc Cornette et Agnese Innocente
Glénat, janvier 2024, 168 pages

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