Dans Paris des peintres et des écrivains, publié aux éditions Hazan, Sophie Chauveau présente une part de la riche production littéraire et picturale qui a pris la ville lumière comme objet d’étude et de fascination.
Paris, surnommée la ville lumière, se dresse fièrement au cœur de la France, carrefour de la culture, de l’histoire et de l’art. C’est une métropole qui, à travers ses rues pavées et ses monuments emblématiques, raconte des millénaires d’événements, de personnages, d’édifications. Capitale de la nation, elle en est aussi le centre névralgique de la vie politique, économique, et surtout culturelle. Paris est un patchwork de quartiers aux atmosphères distinctes. Du romantisme des berges de la Seine aux cafés littéraires de Saint-Germain-des-Prés, chaque coin de rue est une sorte de cliché vivant de la vie parisienne. La ville est aussi un épicentre de la gastronomie, un creuset d’innovation et de modernité, mêlant le charme de l’ancien à la dynamique du nouveau. Les galeries d’art contemporain et les boutiques de mode avant-gardiste témoignent de son perpétuel renouvellement et de son statut incontesté de place forte de la mode et du design. Chaque monument, du Louvre au Sacré-Cœur, chaque ruelle, chaque parc, raconte une part d’histoire. Comme l’explique très bien Sophie Chauveau dans son introduction, Paris vibre au rythme de ses musées, de ses jardins, de ses salles de spectacle, de ses librairies anciennes et de ses marchés animés. Investie par les Rois, immortalisée par les peintres, narrée par les écrivains, c’est tout naturellement qu’elle prend rang, aux côtés de Rome, dans la collection dédiée des éditions Hazan.
Vue à travers les yeux des artistes, Paris prend une dimension bien supérieure à celle d’une simple ville. Elle engage un dialogue continuel entre l’homme et son environnement, entre la rêverie et la pierre, entre l’histoire et le devenir. Chaque œuvre, qu’elle soit peinte ou écrite, est un témoignage subjectif, porteur des affects et des impressions induits par la capitale française. Il n’y a pas deux regards semblables, mais leur juxtaposition permet de rendre compte de la richesse de la ville lumière. Prenons la Seine : artère vitale de Paris, elle a suscité chez les artistes une fascination sans égal, se reflétant dans les œuvres d’Étienne Bouhot, vibrant sous les nuances de Joseph William Turner et les eaux gelées de Jean-Jacques Champin. Vincent van Gogh, dans son interprétation des berges, dépeint un Paris intime, à la fois sauvage et apprivoisé, quand Victor Hugo (Éloge de Paris), Montesquieu (Les Lettres persanes), Charles Baudelaire (Les Fleurs du Mal) ou Paul Verlaine (ses poèmes saturniens) y vont de leurs propres commentaires – souvent ébahis, mais pas toujours flatteurs.
La verdure de Paris, quant à elle, est célébrée dans Les Tuileries de Claude Monet, les descriptions des quinconces, des parterres et des odeurs des jardins du Luxembourg de Victor Hugo ou les toiles de Frits Thaulow. C’est une nature rarement orpheline, presque toujours encadrée par l’architecture majestueuse, une nature qui se fond dans le quotidien des promeneurs et dans l’éclat des fleurs. Marcel Proust ou Patrick Modiano ne sont pas en reste, témoignant des multiples observations et passions engendrées par la métropole. Notre-Dame, quant à elle, s’érige comme une icône indétrônable, explorée par Gérard de Nerval et Jean-François Depelchin, immortalisée par Victor Hugo et son Quasimodo. Henri Le Sidaner propose une représentation de la place de la Concorde, Suzanne Valadon capture le Sacré-Cœur vu du jardin de la rue Cortot, Paul Cézanne s’intéresse aux toits de Paris, Georges Roux propose une vue relative à l’Exposition universelle de 1889 sous la Tour Eiffel. Chaque œuvre est une célébration de la spiritualité, de l’histoire et de la magnificence qui imprègnent la ville. On en oublierait presque ce courrier de Gustave Eiffel, écrit en 1887, et à travers lequel il défendait auprès des artistes et des architectes sa célèbre Tour, alors suspectée de défigurer Paris.
Ce Paris des peintres et des écrivains est un objet aussi précieux que fascinant. Il rassemble des dizaines de propositions artistiques, littéraires comme picturales, autour de la ville lumière. La somme vertigineuse des attentions exprimées autour de la capitale française, la poésie qui s’en dégage, est une énième invitation à la contemplation et à la méditation à propos d’un haut lieu de culture et d’histoire.
Paris des peintres et des écrivains, Sophie Chauveau
Hazan, octobre 2023, 240 pages