Ce dimanche 16 avril au festival Séries Mania 2017 a été dévoilé en avant-première mondiale le premier épisode d’I’m dying up here, qui suit un groupe d’aventuriers de l’humour en quête de rires, de reconnaissance et de gloire sur la scène du stand-up des années 70.
Avant de commencer à parler sur la série, il faut d’abord avertir que le festival Séries Mania a explicitement demandé à tous les spectateurs de ne rien dévoiler du show (programmé chez Showtime / CBS) qui ne sera diffusé aux États-Unis qu’en Juin. Afin de respecter cette volonté, l’intrigue de l’épisode ne sera pas révélée. Toutefois des éléments seront présentés, sans pour autant gâcher la découverte du show à quiconque lira cet article.
Look vintage et ambiance rock
I’m dying up here prend place dans les années 70s alors que la guerre du Vietnam prend fin. Ainsi le spectateur va se retrouver dans les Los Angeles des seventies, ou presque. Tout est mis en place ici pour nous présenter cette décennie, au point que la reconstitution est exagérée : affiches de Bruce Springsteen, David Bowie ; marques de bière citées, véhicules filmés en marche ; extérieurs avec la fameuse colline « Hollywood » exposée en arrière plan mais presque pointée du doigt… Les vêtements sentent le vécu mais pas les visages souvent artificialisés par un maquillage plus ou moins subtils. Les seventies n’auront jamais été aussi seventies… Regardez les sept premières saisons de Columbo, ou lancez-vous dans Kojak (qui a lieu à New-York) – ces séries ont été filmées pendant cette décennie –, maintenant regardez I’m dying up here. La série est davantage un musée vintage, pop’ et vivant qu’une reconstitution fine et soignée telle qu’on en trouve dans Mad Men.
La réalisation participe à cette proposition « vintage ». En effet, le visuel appelle à se remémorer les photographies en argentique couleur ainsi que le film super 8 : jeu sur la surexposition avec le rendu baveux de la lumière ; couleur générale virant au marron/bois… La série possède ainsi un véritable cachet vintage. Certains apprécieront, d’autres non. Le problème réside dans l’exagération qui y résonne, car celle-ci se retrouve chez d’autres éléments.
En faire trop
En faire trop, voilà ce qui peut justement expliquer cet épisode. Des musiques d’époque à la composition originale, la bande-son est sur-évocatrice. D’un côté il faut évoquer les seventies, de l’autre, évoquer l’étrange, et le drame. Mais y aurait-il un manque de confiance en la capacité d’intérêt du spectateur pour la série ? Pourquoi surdramatiser ? Pourquoi surjouer la carte du rétro/vintage aujourd’hui à son apogée (de la bande-son des Gardiens de la Galaxie à The Nice Guys) ?
Et une autre question qui restera probablement sans réponse : pourquoi Mélissa Léo – interprète de Goldie – en fait toujours trop à un moment alors qu’elle réussit à être juste la plupart du temps ? Que ce soit ici ou au cinéma dans La Chute de la Maison Blanche, ou même Frozen River ?
Man of the Moon en série
On notera que la série est produite par Jim Carrey, qui a véritablement incarné Andy Kaufman, génie comique retranscrit à merveille par Milos Forman dans Man of the Moon (1999). Une impression se fera ressentir lors de la vision du premier épisode d’I’m dying up here, celle d’assister à la théorisation du génie humoristique, à la réflexion de ce travail, et alors à sa construction. La série suit plusieurs comédiens même trop, pourrait-on penser parfois, car l’on aimerait se concentrer véritablement sur le travail de l’un ou l’une d’entre eux. Et pourtant, le fait d’avoir affaire à un ensemble d’individus, s’il a tendance à disperser le récit – à noter qu’un certain flashback et retour au présent peu clair n’aide pas –, permet d’abord de capter tous les acteurs et enjeu de ce cosmos : de Goldie, véritable entité omnipotente quant à l’avenir de ces humoristes –, à l’agent interprété par Alfred Molina décidemment toujours impeccable. Mieux que ça, le dispositif permet d’exposer à quel point la comédie/le rire, soit la cause et l’effet, sont de véritables expériences humaines autant pour le comédien que pour le spectateur, ainsi qu’un labeur de tous instants avec son lot formidable de difficultés et nuances – selon le comédien / la comédienne. Pire que ça, devenir un humoriste fédérateur est une lutte de pouvoirs, un championnat du rire avec ses propres règles, sa propre hiérarchie et ses arbitres – tels que Goldie.
Si un seul épisode a déjà pu accomplir ce formidable travail, on peut espérer que la suite du programme comblera l’aspect dispersé du récit. Quand au cachet vintage, il s’efface lors des scènes d’intérieur sur les scènes de stand-up chez Goldie, où le contexte s’efface pour laisser place aux personnages et à leurs quêtes de rires à gogo, ou du rire ultime. Aussi peut-on espérer que ce cachet sera moins important dans les prochains épisodes, le contexte étant clairement posé dans ce pilote.
Ainsi la série créée par David Flebotte se révèle être une belle surprise, et une nouvelle « affaire à suivre ».
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Bande-annonce : I’m dying up here
https://www.youtube.com/watch?v=pR0PUkGbuto
Fiche Technique : I’m dying up here – pilote
Créateur et scénariste : David Flebotte
Réalisateur : Jonathan Levin
Interprétation : Melissa Leo, Ari Graynor, Michael Angarano, Clark Duke, Andrew Santino, Erik Griffin, RJ Cyler, Al Madrigal, Jake Lacy
Compositeur : Alex Ebert
Production : Showtime
Producteurs exécutifs : Dave Flebotte, Jim Carrey, Michael Aguilar, Christina Wayne
Distributeur : CBS Studios International
Diffuseurs : Showtime (Etats-Unis) / Canal + (France)
États-Unis – 2017
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