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Séries Mania : Downward Dog, une série qui a du chien

Découverte au festival Séries Mania 2017 de Downward Dog, qui suit Martin, un chien philosophe observant le quotidien de Nan, sa maîtresse trentenaire. Leçons d’humanité et humour au programme de la nouvelle sitcom d’ABC.

Synopsis : Le quotidien d’une trentenaire vu à travers les yeux de son chien Martin, canin solitaire et philosophe. Alors que Nan peine à jongler entre sa carrière professionnelle et sa vie sentimentale, Martin, laissé seul de longues journées à la maison, réfléchit au sens de l’existence.

Écrivons-le d’entrée : il ne s’agit pas d’un chien qui parlerait parce que Nan, sa maîtresse, serait folle à lier, tel Jerry dans The Voices. Au contraire, qui se souvient de Dr. Dolittle et de Baxter, ces films où les canins – et d’autres animaux – parlent comme vous et moi ? Justement, Downward Dog poursuit la tradition pour l’amener ailleurs.

Les animaux dotés de réflexions et parole humaines ont amusé dans les animés de Disney et autres films tels Stuart Little. La comédie joue sur leur anthromorphisme, et les différences entre l’homme et ces animaux qui – dotés de parole humaine mais restant eux-mêmes – tiendront des paroles absurdes et loufoques pour les spectateurs humains. Downward Dog redonne le regard à l’animal, non pas parce que l’action prend essentiellement place par son point de vue, mais parce que la série fait du chien un véritable spectateur aussi acteur d’une histoire qui n’est alors pas qu’unilatéralement humaine. Oui, on gloussera et rira à cause des différences de points de vue de Nan et de Martin sur une seule situation, ou encore sur chacun d’entre eux. Mais Downward Dog va plus loin. Alors qu’elle doit proposer un projet important au boulot (une entreprise de mode), Nan voit son travail déchiqueté par Martin. Sa relation amoureuse est incertaine et n’a pas de véritable statut. La jeune femme est triste quand tout à coup, elle voit le regard de son chien. Elle vit une leçon importante qui deviendra son nouveau projet : qu’importe qu’elle grossisse ou maigrisse, qu’importe sa beauté, son chien la regardera toujours avec le même regard. Son projet plaira au client. Son supérieur, un homme opportuniste et incompétent, fera tout pour lui mettre des bâtons dans les roues. Il croira avoir compris son projet lorsqu’il se plongera à son tour ses yeux dans ceux de Martin, considérant que le chien est un être idiot dont le regard vide nous fait à notre beauté. Nan a compris que Martin la respectait, l’aimait pour ce qu’elle était. Martin, lui, nous expliquera être fou amoureux de cette « merveilleuse » femme depuis leur rencontre. Qu’importe son état, qu’importent les tracas de leur relation, Martin l’aime. Et inversement, même si Martin fait ses besoins de temps en temps par terre (notamment pour s’amuser mais sa maîtresse ne le sait pas), même s’il a déchiré son projet, Nan l’aime. Le premier épisode parle ainsi de l’amour d’un couple comme il y a tant.

Les trois autres épisodes traiteront de questions existentielles, et non forcément du couple : ne se sous/surestimeront pas ? Ne faudrait-il pas s’accepter comme on est plutôt que de courir après un modèle inatteignable et empli de défauts ? Qu’est-ce que trahir une relation, et tromper un amour ? Ne manquerait-on pas de recul et de réflexion lorsqu’on se laisse submerger par des émotions instinctives ? Avec le personnage canin de Martin, Downward Dogs se transforme en quête existentielle. Martin n’est pas un prétexte à la mise en place de celle-ci. Non, lui et Nan progressent dans leurs quêtes respectives et communes. Toutefois, la série ne s’envole pas dans des élans lyriques. Le show pense ces sujets lors de leurs expériences dans le quotidien à travers un personnage ou le couple. En proposant un regard canin – relativement anthropomorphisé – et un autre humain, Downward Dogs capte non pas toute la complexité d’un sujet, mais cherche à répondre modestement à celui-ci en observant et comprenant une strate ou plus de l’univers qui compose ce sujet du quotidien.

Car il s’agit enfin de suivre le quotidien de ce couple à la fois typique – bien des gens ont de telles relations avec leurs chiens – et atypique : la télévision donne la parole au chien. Un quotidien absurde, drôle, triste, ennuyant, passionnant ; qui pousse une jeune femme à accomplir ses rêves. Et qui dévoile les sombres et loufoques désirs destructeurs d’un chien nommé Martin contre un chat qui vient le harceler physiquement dans la réalité, et moralement dans ses cauchemars. Mais qui sait jusqu’où ira ce beau duo ?

La nouvelle Sitcom qui sera diffusée chez ABC – à partir du mois de mai – donnera une réponse, on l’espère, très positive. Les quatre épisodes projetés tendent à le croire. À voir si la tenue du show sera aussi constante, et où le récit emmènera les personnages.

Bande-Annonce : Downward Dog

Fiche Technique : Downward Dog

Création et réalisation : Michael Killen, Samm Hodges
Showrunners : Kat Likkel, John Hoberg
Interprétation : Allison Tolman, Lucas Neff, Kirby Howell-Baptiste, Barry Rothbart
Composition : Daniel Bracken
Production : Legendary Television, ABC Studios
Distribution : Legendary Television Distribution
Diffusion : ABC (États-Unis)

États-Unis – 2017

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