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Gérardmer 2025 : Slasher arty, body horror néo-zelandais et blockbuster chinois

Sang chaud ou vin chaud pour ce premier jour à Gérardmer ? Les festivaliers arrivent doucement et découvrent une ville dédiée au cinéma de genre. Pourtant, nulle horreur, nulle épouvante dans les rues et les visages des Géromois, qui se montrent aussi accueillants que leur ville. Au programme de ce jeudi : In a Violent Nature, Grafted et Creation of the Gods II.

(Compétition) – In a Violent Nature – Réalisé par Chris Nash (Canada, 2024)

C’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures soupes, un adage éculé qui servirait à décrire parfaitement In a Violent Nature, qui se propose ni plus ni moins de réinvestir une nouvelle fois le genre usé du slasher, en décidant qu’après tout, il y a encore à en dire et à en montrer. Après le giallo italien des années 70, le slasher pur et dur des années 80 et sa relecture postmoderne dans les années 90, le meurtre d’adolescents libidineux a encore de beaux jours devant lui.

Film destiné aux amateurs de ce sous-genre, le propos se fait quasiment vide pour laisser plus de place à la forme. Jeu formel sans cesse relancé, le film s’adresse aux amateurs, voire aux experts. Le métrage n’oublie pourtant pas le fun et le gore pour rythmer une narration qui ne peut que s’exposer à la monotonie et à la répétition. Filmé du point de vue du tueur inarrêtable, l’amateur du genre connaît l’action et ses péripéties artificielles qui ne peuvent que ralentir péniblement leur mort.

Et il s’agit toujours plus ou moins du même schéma narratif : si le cinéma filme toujours du mouvement, des personnages en mouvement, le slasher consiste à filmer un mouvement fait personnage, dont on se délecte des obstacles illusoires qui se dressent sur son trajet. Sans tomber dans le cliché, Violent Nature propose néanmoins un exercice de style hyper maîtrisé et intelligent (on pense à la scène finale d’une maestria, en fin de compte, gratuite), qui intéressera les fans, mais ennuiera sans doute ceux qui ont réglé leurs comptes avec le slasher.

(Compétition) – Grafted – Réalisé par Sasha Rainbow (Nouvelle-Zélande, 2024)

Premier film en compétition : la réalisatrice étant absente, son message en visio nous a rassuré tout en soulignant le côté messy des films d’horreur. Comme le mentionne Lola Young, le film d’horreur est, en effet, bordélique, désordonné, cracra et verse dans la surenchère de fun et de gore. Mais c’est hélas, aussi, le meilleur qualificatif pour son premier film.

Des dizaines de thèmes se succèdent, voire se superposent, pour brouiller les enjeux d’une histoire pourtant bien convenue : une jeune fille d’origine chinoise souffre de son apparence ne lui permettant guère de se faire accepter. Quoi de mieux pour renverser la situation que, littéralement, habiter la peau des étudiantes les plus populaires et belles ? Quitte à séduire le charmant professeur pour profiter de son laboratoire et de son ambition ?

Premier film bourré de bonnes intentions et d’idées prometteuses, Grafted souffre de ses envies de s’inscrire dans un sous-genre de l’horreur déjà bien balisé. Le premier quart du film se concentre par exemple sur la difficulté à s’intégrer à une culture occidentale dans un contexte où tout est nouveau, pour bifurquer sur le thème de la toxicité des bandes d’amis. Le spectateur comme le rythme se perdent un peu pour heureusement finir sur des images très inspirées, qui restaurent une tension un peu étiolée. Premier film inégal, Grafted n’en est pas moins prometteur pour sa réalisatrice.

(Hors-compétition) – Creation of the Gods II: Demon Force – Réalisé par Wuershan (Chine, 2024)

Plus fort qu’un film d’action américain ? La Chine rattrape les US même en blockbuster. Si vous voulez poser votre cerveau et déguster votre pop-corn en écoutant une histoire à dormir debout, Creation of the Gods II est fait pour vous et illustre le besoin salvateur de fun dans le genre fantastique. Qu’on se le dise, Creation est régressif mais exotique.

Dans la veine de l’heroic fantasy hongkongaise (on pense à Andrew Law et aux wuxia pian de Tsui Hark), le film propose une histoire de chevalerie gonflée à la magie spectaculaire sur fond de querelle de succession dynastique. Bourré de CGI, de rebondissements, de personnages, le métrage est si généreux qu’on ne saurait ne pas l’apprécier.