Alors que la clôture du festival, et le palmarès qui va avec, approchent à grands pas, la compétition nous a dévoilé deux de ses films les plus prometteurs, tandis que la sélection Nouveaux Talents nous a proposé l’avant-première du film d’horreur le plus attendu de cette fin d’année:
La vengeresse, The Tenants Downstairs et Blair Witch
Que l’on adhère ou pas à son trait si particulier, il est impossible de nier la place importante de Bill Plympton dans l’industrie de l’animation, puisqu’il tient lieu depuis des années de référence à tous ceux qui désirent faire des dessins animés un tant soit peu borderline, voire subversifs. Il semblait même jusque-là que personne n’ait osé copier son style, mais c’est en la personne de Jim Lujan que Plympton a lui-même trouvé son digne héritier. Auteur du scénario, du design des personnages mais aussi de leur voix (ce qui a souvent manqué à Plympton), Lujan a reçu l’aide de son modèle pour signer l’animation. Le résultat de cette collaboration est des plus probantes car La Vengeresse est probablement le film le plus cinglant de l’artiste à l’égard de son pays: Bikers surarmés, fanatiques religieux, politicards corrompus, trafiquants de drogue, chasseurs de prime, rednecks alcooliques, manipulation médiatique… il semble que tout soit là pour faire de cette farce grotesque une peinture au vitriol de l’Amérique d’aujourd’hui. Sur un scénario mêlant thriller et road-movie, digne des plus belles heures des frères Coen, l’humour carnassier et déluré de ce cartoon hors normes fait mouche à tous les coups.
Après avoir fait son trou dans la musique, Adam Tsuei se lance dans le cinéma avec son premier long métrage, The Tenants Downstairs. Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a surpris pas mal de monde. Très influencé par le cinéma de David Fincher, il brosse un portrait peu flatteur mais très juste de la nature humaine, enfermant ses personnages, tous d’apparence banale, pour les pousser dans leurs retranchements et montrer ce dont l’Homme est vraiment capable. Parfois burlesque mais souvent traumatisant, le film devient malaisant par son approche très second degré de l’horreur absolu, nous poussant à rire jaune et à vraiment faire ressentir au spectateur tout l’abject des pulsions humaines. Le film évoque dans ses moments les plus gores et angoissants Audition de Takashi Miike, mais arrive souvent à dépasser ses références pour faire quelque chose d’assez original. Sa mise en scène peut se targuer d’être dynamique et très rythmée grâce à un montage habile qui évoque parfois une chorégraphie. Mais The Tenants Downstairs, malgré sa réussite, n’échappe pas à quelques défauts. Comme par exemple la narration beaucoup trop didactique et qui appuie bien trop le propos de l’oeuvre, où encore un twist final qui sort de nulle part, qui est mal amené et qui en plus n’était pas nécessaire. Le film ratant malheureusement sa dernière note.
En 1999, Le Projet Blair Witch révolutionnait le genre horrifique en relançant la mode du found-footage : des tournages rentables et des films symptomatiques de l’ère numérique où chacun se promène constamment avec une caméra dans la poche. Depuis, le processus a connu le meilleur comme le pire. Et même de plus en plus souvent le pire. Alors que l’on sait tous que le système n’a plus rien à offrir, les décideurs de la Lionsgate ont toutefois voulu relancer la machine à fric avec une suite, sobrement intitulé Blair Witch (qui fait d’ailleurs l’impasse sur Blair Witch 2 réalisé en 2000), et en faisant appel à un artisan de l’épouvante, Adam Wingard. Malgré son talent pour jouer du pouvoir de suggestion du hors-champ, il semble ne jamais réussir à s’affranchir du lourd cahier des charges qui fait de cette suite une simple redite du premier film. Impossible alors de ne ressentir comme une impression de déjà-vu devant ses hurlements nocturnes en forêt.