Tout le monde se souvient du génial et inattendu Antoinette dans les Cévennes en plein Covid et du succès public qui s’ensuivit, tout comme de son triomphe aux Césars. La nouvelle collaboration de Caroline Vignal derrière la caméra et Laure Calamy devant est peut-être moins emballante, fraîche et homogène, il faut l’avouer, surtout après son début tonitruant et à mourir de rire. Mais l’abattage de la comédienne et un sujet dans l’air du temps nous font passer un bon moment.
Synopsis : Un mari formidable, deux filles parfaites, un cabinet dentaire florissant : tout va bien pour Iris. Mais depuis quand n’a-t-elle pas fait l’amour ? Peut-être est-il temps de prendre un amant. S’inscrivant sur une banale appli de rencontre, Iris ouvre la boite de Pandore. Les hommes vont tomber… Comme s’il en pleuvait !
Ah la délicieuse Antoinette et son âne Patrick ! Quel bon souvenir de cinéma que cette Antoinette dans les Cévennes. Un film qui consacra Laura Calamy comme une actrice incontournable (César à la clé), révéla une cinéaste en la personne de Caroline Vignal et nous fit passer un bon moment de comédie bucolique et primesautière, qui sortait des sentiers battus et prenait des chemins de traverse admirables. Un petit coup de fraîcheur dont tout le monde avait besoin, justement sorti à une période sombre et honteuse. Un bon vent d’air frais en somme.
Comme on dit, on ne change pas une équipe qui gagne ! Les deux femmes refont donc équipe pour une nouvelle comédie qui devait s’intituler, à raison, « Il pleut des hommes » et qui sera finalement titrée de manière plus triviale, Iris et les hommes. Dommage, surtout que cette francisation du culte « It’s raining men » aurait trouvé sa justification pour le titre grâce à un moment de fantaisie et de pure folie présent au sein du long-métrage. Un moment où il se mue en comédie musicale sur le tempo de cette chanson. Une séquence risquée mais parfaitement négociée où Laure Calamy, certes un peu mal à l’aise, se lâche et chante (un peu faux) en pleine banlieue avec des figurants qui se mettent à danser comme dans une comédie musicale. Inattendu, sincère, surprenant et amusant !
Cette seconde collaboration va traiter un sujet en plein dans l’air du temps et de manière tout à fait adéquate. Il s’agit du manque de désir dans le couple et de la tentation de la double vie grâce aux applications de rencontre. Un postulat qu’on trouvait en amont parfaitement adapté pour cette nouvelle association de Calamy et Vignal. La première bien sûr une nouvelle fois devant la caméra et la seconde derrière. Et c’est peu dire que le film commence très fort, sur les chapeaux de roue même. Entre le générique amusant chez l’ostéo, la scène dans le métro avec ses hommes qui parlent à Iris de partout et figurant les messages des applis de rencontre (belle idée de mise en scène) ou encore l’énorme fou rire de la séquence de la photo coquine au cabinet de dentistes, Iris et les hommes nous conquiert de plein fouet.
Mais la cadence a du mal à être tenue sur la longueur. Et on est finalement moins emballé par ce second opus que par l’exceptionnel Antoinette dans les Cévennes puisque la comparaison s’impose forcément. Le personnage d’Iris va évoluer et se redécouvrir au fil des rencontres et on peut affirmer que Vignal évite brillamment le piège du film catalogue où Iris passe d’un homme (et peut-être d’un cliché) à un autre. Le script et le montage sont assez bien verrouillés pour contourner ce risque qui aurait peut-être lassé le spectateur. Attention, on a quand même droit à quelques rencontres diversifiées, voire gratinées, mais juste comme il faut.
En revanche, on pourra trouver la progression psychologique et l’évolution du personnage de Calamy un peu trop soudaines, manquant de finesse. Mais, surtout, plus le film avance moins on rit. Pas que le film devienne inintéressant, mais il semblerait que toutes les cartouches comiques aient été tirées dans le premier tiers. Dommage. Et certaines séquences semblent un peu poussives et peu crédibles, comme celles du repas avec les amis. La relation d’Iris avec son mari passe également, du tout au tout, bien trop rapidement à deux reprises. On se rattrape sur la jolie conclusion et on laissera juger de la morale finale (une femme doit aller voir ailleurs pour pouvoir retrouver le désir marital en gros) à la gent féminine.
Dans cet agréable, mais pas inoubliable moment de cinéma léger et contemporain, il reste tout de même la cerise sur le gâteau, la valeur ajoutée, celle qui fait le sel de cet encas cinématographique. C’est bien sûr une Laure Calamy encore une fois exceptionnelle, déchaînée et dotée d’un tempérament comique une nouvelle fois incroyable. Mais sans pour autant n’être que cela, puisqu’elle est aussi à l’aise dans l’émotion. Une comédienne incroyable malheureusement découverte sur le tard qui a vraiment le sens de la comédie jusqu’au bout des ongles. Un véritable show qu’elle nous propose ici avec « Iris et les hommes » et on en redemanderait presque !
Fiche technique : Iris et les hommes
Réalisatrice: Caroline Vignal.
Scénaristes : Caroline Vignal et Noémie De Lapparent.
Production : Chapka films et France 3 Cinéma.
Distribution France : Diaphana Distribution.
Interprétation : Laure Calamy, Vincent Elbaz, Suzanne De Baecque, …
Durée : 1h44.
Genres : Comédie sentimentale.
3 janvier 2024 en salles.
Nationalités : France.