Synopsis: Après le Memorial Day de la saison dernière par la secte qui a plongé Mapleton dans le chaos, la saison 2 prendra un nouveau départ. Kevin Garvey a pris sa retraite de son poste de chef de la police de Mapleton et se déplace avec sa nouvelle famille au Texas. Il est accompagné de Nora Durst, qui a découvert un nouvel objectif dans le bébé qu’elle a trouvé sur le seuil de Kevin en laissant derrière elle Mapleton et l’incroyable tragédie qu’elle a subie.
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La jeune série de HBO, âgée de 2 saisons seulement, faisait-elle ses adieux en ce début de mois de décembre ? AVONS-NOUS RÉELLEMENT BESOIN DE CE GENRE DE NOUVELLE ? Il faut dire que si jamais la chaine renouvelait le show, cela constituerait presque une incompréhension aux vues de ses audiences catastrophiques, principal et seul handicap de la série. Mais gardons espoir, car après tout les miracles existent. Et quand bien même l’aventure s’arrêterait ici, cette saison 2 trouverait sa place immédiate au sein des plus belles expériences télévisuelles des années 2010, notamment grâce à ce goût de finitude qui nous est trop souvent refusé dans le milieu ultra addictif de la série télé. Car là où le twist et la surenchère règnent en maitre, parfois au détriment de la cohérence du récit, et souvent sans se préoccuper de la santé mentale du spectateur, The leftovers s’en émancipe et nous offre une saison 2 autonome, complète, parfaite.
La saison 1, orchestrée par Damon Lindelof, (scénariste de la série Lost et de Star Trek into Darnkess), était une adaptation du roman de Tom Perrota (les disparus de Mapleton). Ayant épuisé la source littéraire les deux hommes montent de toute pièces la suite de la série, toujours bâtie sur le même postulat étrange et génial que 2% de la population a disparu de la surface de la planète. Soit 140 millions de personnes évaporées, balayées par l’inexpliqué et l’inexplicable ; le pitch de base est ainsi rappelé en image à chaque début d’épisode dans ce nouveau générique, d’une beauté assez cruelle.
The Leftovers, saison 2: générique
Changement de générique donc, changement d’une partie des comédiens, et changement de lieu surtout. Nous retrouvons le désormais civil Kevin Garvey (Justin Theroux), qui a laissé son badge de shérif à Mapleton, catapulté en plein Texas où il a suivi Nora (Carie Coon) dans le village de Miracle, 9261 habitants, 0 disparus. Et des milliers de pèlerins, à moitié fous, à moitié perdus, qui affluent devant le pont hautement gardé qui protège la petite ville du monde extérieur et de ses dérives. Une communauté épargnée, vivant dorénavant recluse derrière ses grilles et son sentiment religieusement habité de faire partie des plans de Dieu. Une communauté a priori hermétique à la folie qui a embrasé le monde et éteint le semblant de rationalité que les hommes s’efforçaient de maintenir. Une communauté qui aimante forcément nos protagonistes, et dans un premier temps le pasteur Matt Jamisson et sa femme, toujours muette, encore immobile, absente. Un couple que l’ecclésiaste persiste à faire exister, dans son unilatéralité, voire son absurdité, mais essentiellement dans sa beauté. Matt est arrivé à Miracle comme un pèlerin, persuadé de son aura mystique qui pourrait être l’antidote à la disparition psychique de sa femme. Outre le terrible talent de son interprète Christopher Eccleston, le personnage de Matt témoigne encore une fois de toute l’intelligence des scénaristes, qui conçoivent chaque individu comme une réponse spécifique, singulière, à ce fameux 14 novembre, jour de la disparition, et maintenant jour du souvenir. La foi joue évidement un rôle prépondérant dans les répercussions sociales d’un tel évènement, avec cette clé de voûte instable qu’est la croyance. Faut-il continuer de croire ? Que croire ? Faut-il arrêter de croire ? Certains y voient une preuve de plus de la toute-puissance divine, d’autres y voient un autre coup sur l’échiquier cosmique, autant de fables, d’hypothèses, de sorcelleries, de sciences que les gens se jettent à la figure pour se refuser à leur propre conclusion : que 140 millions de personnes ne sont plus là, qu’il n’y a pas de coupable, qu’il n’y a pas de vérité. La croyance devient alors très malléable, instrument marketing pour les villageois qui font de Miracle un business juteux ; la croyance cathartique qu’instrumentalisent Tommy et Laurie Garvey pour redonner goût à la vie aux victimes de la secte.
Une secte que l’on retrouve telle que dans la saison 1, admirablement mise en scène, dans cette écume de blouse blanche, et ce nuage de fumée de cigarette qui s’échappe constamment de la bouche de ses membres muets. On retrouve d’ailleurs leur guide, le gourou Patti Levin (Ann Dowd) dans cette saison 2, toujours aussi percutante, qui s’infuse dangereusement dans l’esprit de Kevin : une plaie ouverte dans sa conscience qui l’enchaîne à une folie et l’éloigne de sa famille. Pourtant il ne peut se permettre d’y céder, il doit rester fort pour le bébé qu’il vient d’adopter, pour sa fille que sa mère a failli tuer, pour Nora qui tente de se reconstruire. Mais c’est sans compter sur l’élément dramaturgique de cette nouvelle saison, la disparition de 3 jeunes filles au cœur de Miracle. Toutes les certitudes s’effondrent, et le voile prétendument magique qui recouvrait la ville se déchire, pour finalement mettre en exergue le fait que Miracle subissait de la même façon la situation que le reste du pays. Des séquelles invisibles que certains mettront un point d’honneur à révéler, afin que comme partout le souvenir soit sanctifié. Une manière agressive de placarder la mort d’un mode de vie construit sur l’attachement des uns aux autres où trônait une rationalité qui faisait écran à la vraie nature des choses : celle qui dépasse la compréhension de tous et qui à tout moment peut rafler vos frères, et vos mères. The Leftovers met en scène brutalement l’illisibilité du cosmos, que l’on a tenté de codifier et qui d’un coup ne répond plus à nos règles ; et comment chacun tente d’ignorer ou de s’adapter à ce fait. Du refuge stérile de la religion à la pulsion sectaire, la série ne fait que taper du pied dans la fourmilière et observer.
Avec un casting d’une incroyable densité, une bande originale sublime, une photographie éblouissante, The Leftovers est une intention démiurgique qui redistribue les cartes, joue avec la mort et la vie, la fiction et la réalité. Où l’impossible s’accumule, et l’inconscient s’explore dans un hôtel. Où s’affronte la croyance et l’incompréhension, la famille et le dénis. Un chef d’œuvre.
The Leftovers, saison 2 : Fiche Technique
Créateurs : Damon Lindelof, Tom Perrotta
Réalisateur: Mimi Leder
Interprétation: Justin Theroux: Shérif Kevin Garvey, Amy Brenneman: Laurie Garvey, Margaret Qualley: Jill Garvey, Chris Zylka: Tommy Garvey, Christopher Eccleston: Matt Jamison, Carrie Coon: Nora Durst, Regina King: Erika Murphy, Kevin Carroll: John Murphy, mari d’Erika, Jovan Adepo: fils d’Erika et John
Scénaristes: Damon Lindelof, Jacqueline Hoyt.
Producteurs exécutifs: Damon Lindelof, Tom Perrotta, Mimi Leder, Tom Spezialy, Peter Berg.
Co-producteurs exécutifs: Gene Kelly, Jacqueline Hoyt, Albert Berger, Ron Yerxa. Scénaristes: Damon Lindelof, Jacqueline Hoyt.
Chaîne d’origine : HBO
Format : 10 épisodes de 50 minutes