Marco Polo Saison 1, épisode 1 : Critique

Marco Polo, la nouvelle série très Bling-bling de Netflix

Synopsis : Marco Polo retrace les aventures épiques du célèbre explorateur alors qu’il parcourt la route de la soie, en direction de la majestueuse cour du grand Kubilai Khan. Marco, « vendu » par son père au Khan, pénètre alors dans un univers où cupidité, trahison, intrigues sexuelles et rivalités dominent. Il devra faire preuve d’ingéniosité pour gagner la confiance du Khan et l’accompagner dans sa quête sauvage pour régner sur le monde.

Une intrigue bancale et une accumulation de clichés

Dans la production de séries originales, Netflix vient aujourd’hui concurrencer les plus grands. Orange is The New Black et House Of Cards ont largement démontré l’audace de la plateforme en ligne, qui se mesure aux valeurs sûres des chaînes câblées HBO ou Showtime.

Mais Netflix aurait-elle les yeux plus gros que le ventre ? Sa nouvelle création semble le confirmer. Certes, Marco Polo est digne d’une superproduction hollywoodienne (à 90 millions de dollars les dix épisodes, rien d’étonnant !) : les personnages évoluent dans des décors et des paysages grandioses, entre grandes cités chinoises et cours d’eau vénitiens, les costumes sont incroyablement précis et soignés, la bande-son asiatique colle bien au thème.

Réalisée par John Fusco (Hidalgo), produite par The Weinsten Company (Inglorious Basterds, Le Discours d’un roi…), on aurait pu s’attendre à une intrigue plus élaborée. Cependant, au-delà de son esthétique irréprochable, Marco Polo respire l’ennui. Loin d’atteindre la complexité de Game Of Thrones, l’intelligence de Rome où l’efficacité de Borgia, la série, comme tout blockbuster qui se respecte, reste très lourde. D’une part, par la multiplication des clichés qui rythment l’histoire : du Khan (Benedict Wong), empereur égocentrique désireux d’étendre son empire sur l’ensemble du monde, au bien-nommé Bayan he Hundred Eyes (Tom Wu), maître-d’arme aveugle qui va initier Marco (Lorenzo Richelmy) aux subtilités du kung-fu, le pilote présente un sérieux air de déjà-vu, sorte de mélange entre Le dernier samouraï et Hero. Le paroxysme du cliché est sans doute atteint lorsque le Prince Jingim (Remy Hii), le ténébreux héritier du Khan, lui annonce sourire en coin ‘my three wives each desire a visit before I go to battle’, nouvelle à laquelle rétorque son père dans un ricanement entendu ‘you’re also your father’s son’. Bref, les dialogues laissent à désirer, ce qui amoindrit forcément la performance d’acteurs, pourtant plutôt bien choisis.

De bons ingrédients mais une mauvaise recette

Le principal problème de Marco Polo, c’est sa volonté trop évidente de coller au style Game Of Thrones. Tous les éléments sont là : jeux de pouvoir, trahisons et haines familiales, scènes ultra-violentes et meurtres inutiles, sexe à deux et à plusieurs, Marco Polo est un concentré de ces éléments contitutifs d’une des séries les plus provocantes et politiquement incorrecte de ces dernières années. Seulement, à défaut d’un scénario suffisamment bien construit, ces éléments finissent par se succéder sans véritable continuité. Alors que Game Of Thrones parvient à créer des personnages complexes et profonds, devenus de véritables figures mythiques pour les fans, Marco Polo reste dans l’apparence et le cliché (le méchant chinois, le gentil explorateur italien, l’aveugle savant, la femme-objet).

Vous l’aurez compris, Marco Polo n’est pas le Game Of Thrones de Netflix. Alors que la plateforme a récemment annoncé vouloir produire environ vingt séries originales par an (soit une sortie toutes les trois semaines !), certains s’interrogent avec raison sur la qualité des futures fictions proposées. Netflix aurait-elle fait le choix de la quantité plutôt que celui de la qualité ?

Fiche technique : Marco Polo 

USA – 2014
Création : John Fusco
Réalisation : Joachim Ronning et Espen Sandberg
Production : Electus, The Weinstein Comapny
Distribution : Lorenzo Richelmy, Benedict Wong, Joan Chan, Remy Hii, Zhu Zhu, Tom Wu, Mahesh Jadu, Olivia Cheng, Uli Latukefu, Chin Han
Musique : Daniele Luppi, Peter Nashe, Eric V. Hachikian
Genre : Drame historique
Durée : 50 minutes