Doctor Who Saison 8 Épisode 8 : Mummy on the Orient Express – Critique

Doctor Who saison 8 « Mummy on the Orient Express »

Synopsis : Le Docteur se retrouve à bord de l’Orient-Express de l’espace. Mais quand vous y avez vu la Momie, il vous reste soixante-six secondes à vivre. Clara, quant à elle, a décidé qu’il est temps pour elle de faire ses adieux au Docteur.

The final countdown

Nous retrouvons le Docteur quelques semaines après qu’il ait marché sur la lune, pour ce qui semble être un voyage d’adieu pour Clara qui, on nous l’a bien fait sentir depuis le début de la saison, en a un peu gros sur la patate de courir après son ami. Quoi de mieux pour finir en beauté, que de s’embarquer dans un train mythique convoquant aussi bien Agatha Christie que le cinéma classique dans nos petites cellules grises : L’Orient-Express…dans l’espace.

Si l’idée semble chouette aux premiers abords, rappelant la reconstruction du Titanic de Voyage of the damned (avec David Tennant et Kylie Minogue), on déchante assez vite devant l’utilité de la chose en matière de scénario. Pourquoi un Orient-Express spatial? Déjà il paraît difficile de situer un orient (ou même un occident) dans le vide de l’espace, de plus tous les personnages à bord ne semblent pas s’amuser d’une reconstitution des mœurs de l’époque (comme sur le Titanic), mais sont clairement des archétypes de la fameuse « Belle-époque ». De ce fait, pourquoi avoir fait filer le train dans l’espace, pourquoi ne pas avoir tout simplement placé l’intrigue dans le vrai Orient -Express ? Enfin bon, tout cela donne un coté steampunk et cool paraît-il. Pour ajouter au coté désuet, nous avons le droit à une reprise charmante (mais oubliable) de « Don’t stop me now » de Queen par Foxes. Idée sympathique qui aurait pu surprendre si American Horror Story n’avait pas déjà joué la carte de l’anachronisme musical quelques jours avant avec une reprise contestée de « Life on Mars » de Bowie, sans compter la métaphore assez peu subtile du questionnement intérieur de Clara. Rendons tout même au docteur ce qui lui appartient, cette petite reprise musicale donne un peu de swing à un épisode qui manque énormément de patate. Et comme un bonheur n’arrive jamais seul, une momie se ballade entre les Wagons. L’argument d’originalité sera qu’elle ne salue que ceux qui vont mourir, exactement 66 secondes avant leur décès, ce qui permet de faire apparaître un joli chronomètre en bas de l’écran pour nous le rappeler à chaque fois, et surtout tenter de rendre la situations un peu tendue (pour l’immersion on repassera). Il n’en faudra alors pas plus pour que le Scooby-gang le docteur et ses amis enquêtent pour découvrir se qu’il se trame vraiment derrière tout ce pataquès.

Qu’est ce qui plombe cette épisode ? Un manque de second degré principalement. Ce qui aurait pu donner une intrigue assez fun par son sujet délirant (comme l’avait fait avec brio Dinosaures on a spaceship) reste traité beaucoup trop sérieusement de bout en bout. Surtout avec l’histoire secondaire autour des questionnement de Clara. S’ils ont leur intérêt dans la continuité de la série, il aurait été bien vu de faire une petite pose dans cette relation de couple qui bat de l’aile, afin de renouer enfin avec un vrai sens de l’aventure. Quelques easter eggs placés ici et là pour les fan (« are you my mummy ?») ne suffisent pas à renforcer l’intérêt d’une enquête au développement convenu qui nous laisse sur notre faim. Pareil pour le cheminement personnel de Clara qui, dans les dernières minutes, nous fera dire « tout ça pour ça ! ».
Il y a finalement peu de chose à dire sur cet épisode. Toujours pas plus d’information sur la terre promise, un nouvel antagoniste à peine développé, toujours Capaldi qui fait son cirque au détriment des autres personnages… nous somme à plus de la moitié de la saison, autant en profiter pour définir ce qui semble faire défaut à la série depuis quelques temps.

Depuis l’arrivée de Moffat aux commande du Tardis, la série a subi nombres de changements brutaux, à commencer par l’effacement d’un revers de manche de tout ce qu’avait construit son prédécesseur Russel T. Davis : l’humanité n’est plus au courant de l’existence des aliens, Torchwood a disparue, peu de personnages gravitent vraiment autour du docteur… Bref, tout ce qui faisait un univers construit et riche a laissé place à une simple succession d’aventures étranges, parfois de qualité, parfois moins bonnes, qui ne semble jamais avoir vraiment d’influence sur la continuité de la série. Même si certains arcs s’étirent dans le temps, comme celui de River Song, ces derniers ne semblent jamais avoir véritablement d’impact sur l’humanité ou le docteur. Le statu reste quo, il y a toujours un prétexte pour remettre tout cela en ordre (paradoxe temporel, déphasage dimensionnel…). Moffat fait des effets de manches et cela devient agaçant. Quand Davis était un auteur du présent, lui ne cesse de nous parler du futur. Le premier dissimulait des indices discrets au cours des saisons, des petits détails absurdes qui prenaient d’un coup tout leur sens dans les derniers épisodes (Big Bad Wolf, Le retour du maître…), son successeur se contente de dire grossièrement « il va y avoir un truc trop chouette après, continuez de regarder ». Exemple : la quête de Gallifrey annoncé dans l’épisode des 50 ans… on en est où ? On s’en fout ? Bon d’accord. Et les questions que le docteur se posait sur l’origine de son visage ? Rien non plus de ce coté là. Sinon on peut aussi parler des références grossières à la terre promise depuis quelques épisodes. C’est un peu comme faire une blague en prévenant d’abord « hey les gars, j’en ai une bien bonne ! »; on provoque un effet d’attente dans l’auditoire fébrile, et une fois le récit terminé, on se prend un vent…, pas parce que la blague était mauvaise, mais ils espéraient tellement mieux… Comme la révélation sur Clara la « fille impossible », tellement décevante, ou l’origine des silences, cette dernière destination ne semble finalement pas si prometteuse.
Sans dire que Moffat est un piètre auteur, il a offert à la série quelques uns de ses meilleurs épisodes et la série Sherlock est une franche réussite, seulement il serait sympa pour tout le monde qu’il cesse de nous mettre l’eau à la bouche et nous offre enfin quelque chose de copieux à dévorer.

Il lui reste quatre épisodes pour nous prouver le contraire…

Fiche Technique: Doctor Who

Titre original : Doctor Who
Genre : Aventure, Science fiction
Créateur(s):Steven Moffat (depuis 2008)
Pays d’origine : Royaume-unis
Date : 2005
Chaîne d’origine : BBC
Épisodes : Beaucoup…
Durée : 50 minutes
Statu : en cours
Avec : Peter Capaldi, Jenna Louise Coleman…

Redacteur LeMagduCiné