Ballers, saison 1: critique série des deux premiers épisodes

Ballers = Entourage + Friday night lights ?

Première série diffusée à la suite de True detective sur HBO et OcsCity, Ballers s’inscrit dans une toute autre dynamique  : pas de nuit, pas de policier corrompu, mais le milieu en apparence beaucoup plus heureux des stars du football américain avec leurs maisons de rêves, les femmes qu’ils attirent et l’argent qui coule à flot.

Plus qu’au sport, la série s’intéresse à ses coulisses : agents, gestionnaires de patrimoine financier, familles, et problèmes de reconversion. Cette orientation n’est pas surprenante : la série est crée par Stephen Levinson, producteur  d’Entourage qui retrouve à cette occasion Mark Wahlberg, encore une fois associé à la production.   Ils se sont associés à Peter Berg, qui quand il ne réalise pas des films patriotico-virils comme Battleship ou Du sang et des larmes, est le créateur de Friday Night Lights, qui traite du football américain universitaire.

On retrouve dans ces deux séries l’idée que ce qui compte n’est pas ce qui se passe sur le terrain mais autour : un public français peut donc a priori regarder la série et avoir une chance de comprendre quelque chose. Car ce qui les intéresse est : que se passe-t-il quand on donne la célébrité et l’argent à des hommes très jeunes et pas préparés à cela ? Et que se passe-t-il quand l’argent ne rentre plus dans les caisses ?

Mo Money Mo Problems

The Rock sert de lien entre les différents joueurs pour lesquels il travaille. La série navigue entre deux types de personnages : soit les joueurs à la retraite qui ont plus ou moins bien géré leur argent mais se trouvent dans une impasse « existentielle » : plus de challenge, pas de travail, une vie de famille morne, soit les joueurs en activité dont le comportement met en danger la carrière : trop grande agressivité en dehors des terrains, entourage trop nombreux et trop gourmand qui met en danger leur sécurité financière. Spencer va devoir les aider à garder le bon cap, mais lui-même ne sait pas très bien où il va, et les bêtises de ses poulains peuvent potentiellement le mettre dans l’embarras (il est obligé dès le pilote de prêter 300 000 dollars à un de ses clients). De plus il est poussé par un supérieur hiérarchique qui ne l’a engagé que pour ses contacts, et n’est lui-même pas complètement insensible à l’appel des sirènes du bling bling.

Tout dans la série semble tourner autour de l’idée qu’aucun des personnages n’a lu l’ouvrage de Marion Montaigne et des sociologues Pinçon Charlot : Riche, pourquoi pas toi ? et donc ne semble préparé à gérer sa vie. Ceci s’inscrit dans un problème très réel : on pense évidemment à l’idole du basket américain Allen Iverson qui fait face à de très graves problèmes financiers alors qu’il vient de prendre sa retraite, et il n’est pas le seul : un article publié dans le magazine Sports Illustrated avait fait sensation en annonçant en 2009  que 78% des joueurs de NFL étaient en banqueroute personnelle ou en difficulté financière deux ans après leur retraite faute d’avoir retrouvé du travail ou à cause d’un divorce mal géré (les chiffres semblent avoir évolué entre temps, mais resteraient à près de 16% de banqueroute dans les douze ans qui suivent leur retraite).

Surtout, le problème réside dans la question de l’argent au quotidien : les dépenses de luxe, l’addiction au jeu mais aussi les investissements ratés. En se plaçant du point de vue d’un ancien joueur devenu gestionnaire de patrimoine, la série se dote d’un angle d’attaque potentiellement passionnant.

Si cette question est très sérieuse, le traitement ne l’est évidemment pas complètement, la mise en scène faisant preuve de flamboyance : si tout ce petit monde risque la ruine, c’est sous le soleil, au milieu des groupies et des voitures de luxe. Le show est à la fois comique et dramatique, car les personnages ne se rendent pas compte des problèmes dans lesquels ils se mettent.

Est-ce qu’on regarde la suite ?

Le gros problème de Ballers tient en sa programmation : après une série aux enjeux aussi dramatiques que True Detective (le cliffhanger du deuxième épisode a dû couper la chique de plus d’un téléspectateur), il est difficile d’éprouver de l’empathie pour ces enfants gâtés de joueurs de football américain. Si les enjeux sont réels, tant pour les clients que pour un the Rock prêt à investir gros pour gagner plus, et si le rythme est vif, épisodes de trente minutes oblige, il manque un petit quelque chose pour que l’on arrive pleinement à se passionner pour ces pauvres riches.

Synopsis : Spencer Strasmore (Dwayne « The Rock » Johnson) est une ancienne vedette du football américain dont la carrière s’est brutalement arrêtée suite à une blessure. Il pâtine gentiment dans sa reconversion en gestionnaire de biens. Quand l’un de ses meilleurs amis meurt de manière stupide, laissant sa famille sans ressources, il comprend qu’il est temps de s’investir dans son travail.

Ballers : Fiche Technique

Réalisation : Peter Berg (premier épisode), Julian Farino (deuxième épisode)
Scénario : Steve Levinson (créateur), Steve Sharlet, Evan T. Reilly
Distribution : Dwayne « The Rock » Johnson, Rob Corddry, Omar Benson Miller, John David Washington, Donovan Carter, etc.
Musique : NR
Photographie : Jaime Reynoso
Décors : Chase Harlan, Kevin Kavanaugh
Montage : Jeffrey M. Werner, Colby Parker Jr.
Production : Bret Slater, Spencer Strasmore (impossible de trouver l’information si la série est inspirée de son parcours, ou si le nom du personnage de The Rock est simplement un hommage), Joseph Krutel
Sociétés de production :  Closest to the Hole productions, Film 44, Leverage management
Sociétés de distribution : Home box office distribution
Budget : NR
Genre : Comédie, sport.