Critique Série : Scream Saisons 1 et 2

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Véritable carton au box-office (le film a rapporté plus de 173 millions de dollars), récompensé comme le meilleur film d’horreur en 1997 au Saturn Awards, Scream est un succès mondial et intègre la catégorie des films cultes en imposant une vision satirique du film d’horreur, truffée de références aux films du genre dont Vendredi 13, Halloween ou encore Les Griffes de la nuit.

Synopsis : Un soir, dans la petite ville de Lakewood, la jeune Nina Patterson est assassinée brutalement à son domicile. Mensonges et secrets de famille remontent alors à la surface quand un mystérieux tueur masqué commence à tuer des adolescents. Cette vague de meurtres semble porter la marque de Brandon James, un tueur qui avait sévit des années plus tôt avant d’être finalement abattu. Quelqu’un chercherait-il à le venger ?

La brune ou la blonde ?

Qui ne se souvient pas de Sidney Prescott, héroïne du slasher de Wes Craven, sorti en 1996 ?

À l’époque, Sidney (Neve Campbell) et sa bande d’amis, devaient faire face à un dangereux tueur en série masqué, talonnés par la journaliste Gale Weathers (interprétée par Courtney Cox) prête à tout pour obtenir un scoop.

Rien d’étonnant donc à ce que neuf ans plus tard le film inspire encore, un genre en plein essor : la série.

Sortie quatre ans après le dernier film de Wes Craven (Scream 4), la série Scream était sans conteste la surprise de l’été 2015. Si l’on mourrait d’envie de jubiler à l’annonce du projet, on ne savait pas vraiment à quoi s’attendre. La série allait elle se montrer à la hauteur du slasher culte? Scream pouvait-il fonctionner en format série? Au visionnage du premier épisode, on retrouvait avec plaisir l’esprit des films avec un opening chargé en hémoglobine et en cris de bimbo en maillot de bain (ceux de Bella Thorne). La série annonçait un retour en puissance de la saga avec de la chair fraîche au menu, pour reprendre le flambeau et succéder à des personnages dont on commençait doucement à se lasser.

Petite soeur spirituelle de Sidney Prescott, Emma Duvall a presque tout de son ainée : l’attention particulière du tueur, un courage à toute épreuve, de la détermination et surtout l’immunité. Car oui, Emma se croit invincible et pour cause, elle l’est. Si l’adolescente voit disparaitre un à un ses proches autour d’elle, le tueur la taquine, joue avec ses nerfs mais l’épargne toujours. La formule, on la connait. Si ce n’était que ça… Mais Emma est atteinte du syndrome de « l’héroïne adolescente américaine » ; un regard toujours grave, des querelles incessantes avec sa mère et son petit copain, et elle en devient vite agaçante. 

Après une Saison 1 qui avait permis aux spectateurs de s’attacher aux personnages et dont l’épisode final annonçait de tout évidence une suite, on s’attendait naturellement à retrouver Emma et ses amis dans une nouvelle lutte contre le tueur masqué. En effet, après avoir quitté la ville suite au massacre de Lakewood (Saison 1), Emma revient quelques mois plus tard dans l’espoir de reprendre une vie normale. Mais si l’on suit toujours l’adolescente blonde à la vie amoureuse et familiale tumultueuse, le réalisateur a pris le parti, pour cette Saison 2, de malmener également la brune mystérieuse Audrey que l’on avait laissée, perplexes, à la fin de la première saison. Personnage antagoniste, jouant par moments double jeu, elle est certainement l’originalité notoire de la série, tranchant avec les nombreux éléments parodiques auxquels nous avait habitués Wes Craven. Ce n’est donc plus un, mais deux protagonistes que nous suivons cette saison.

Dans la lignée des bonnes surprises, l’utilisation d’une voix off très bien maîtrisée, celle de Noah Foster (joué par le talentueux John Karna). Déjà présente dans la première saison, elle débute et conclut presque chaque épisode avec justesse. Noah est le fan de films d’horreur par excellence et par là-même l’incarnation du fan de Scream à l’écran, personnage typique de la saga que l’on retrouvait déjà dans la série de films. Dans cette saison, il anime un podcast dans lequel il raconte les évènements terrifiants de Lakewood (aka Murderville), ce qui ajoute un aspect ironiquement tragique à la série, d’autant plus que l’émission s’appelle « La Morgue ».

Un tueur à l’ère des réseaux sociaux

À l’époque, Scream s’était démarqué par l’utilisation du téléphone au cinéma comme source d’angoisse, point central de la réalisation et de la narration, élément clé que reprendra en 2006 le film d’horreur Terreur sur la ligne de Simon West ou encore le thriller Phone Game de Joel Schumacher sorti en 2002.

Aujourd’hui, à l’heure où le virtuel règne en maître, la série réinvente le phénomène pour créer un tueur 2.0 qui utilise Snapchat, usurpe l’identité de qui bon lui semble pour tromper ses victimes et pirate des ordinateurs ou des téléphones portables pour brouiller les pistes. Le tueur peut ainsi être n’importe où et n’importe qui, suscitant à la fois une certaine paranoïa mais trompant également la confiance de certaines de ses cibles qui ne se méfient pas toujours suffisamment de leur entourage. Là où les films s’en tenaient à la sonnerie de téléphone glaçante et aux apparitions surprises du tueur masqué, la série ajoute aux meurtres un coté voyeur, grâce au partage quasi illimité d’informations permettant de créer une nouvelle forme de spectacle, notamment à travers le partage de vidéos sur internet ou encore le podcast de Noah. Dans cette émission, les survivants deviennent « Les Six de Lakewood », des célébrités locales dont la vie est étalée sur la toile, que les internautes peuvent commenter. Tout est bon pour faire parler de soi, y compris se mettre ouvertement en danger.

La ville de Lakewood comme métaphore des réseaux sociaux, il fallait y penser et la « formule Scream » s’y prête bien. Petite ville coupée du monde dans laquelle circule un flux d’informations continu et où les liens se font et se défont. Lakewood est le centre de tout, à la fois témoin, générateur et porte parole des générations passées, présentes et à venir.

Les masques tombent …

Dans cette deuxième saison, de nouveaux personnages font leur apparition à Lakewood et d’autres en profitent pour faire leur grand retour. Le cercle des suspects s’agrandit, ayant pour effet de garder l’identité du tueur bien au chaud jusqu’à la grande scène de la révélation finale.

Les personnages en apparence clichés, se révèlent chacun à leur manière sous un autre jour, pas toujours meilleur. Seul Emma échappe à ce processus et reste cloîtrée dans son rôle de Miss parfaite sous tous rapports qui tente vainement de se la jouer rebelle en prenant des risques irraisonnés mais souvent sans grandes conséquences. On reprochera principalement à cette deuxième saison d’avoir par moments un peu trop tendance à se focaliser sur ses nouvelles intrigues amoureuses, transformant ce qui devait être à l’origine une série horrifique en une succession de péripéties adolescentes et de sur-protéger ses protagonistes.

Mais les scénaristes ont plus d’un tour dans leur sac pour nous surprendre et n’ont pas peur de s’en servir, jouant parfaitement avec les codes du film d’horreur et du teen-movie, tout en re-visitant la franchise d’origine. Un pari risqué mais gagné !

Quelle bonne idée de faire de ces films cultes une série ! Le spectateur prend davantage le temps de s’attacher aux personnages et de jouer à deviner l’identité du tueur, maintes et maintes fois remise en question, ce que permet le format série. 

Rafraîchissante, truffée de références au cinéma d’horreur jusque dans les titres de ses épisodes (« I know what you did last summer » – « Souviens toi l’été dernier », « Psycho » – « Psychose », « Dawn of the dead » – « Shaun of the dead », « The last house on the left » – « La dernière maison sur la gauche ») Scream est une série pleine de bonnes idées et palliée de bonnes intentions.

Meilleure actrice de série télévisée pour Willa Fitzgerald, meilleure série télévisée de l’été au Teen Choice Awards 2015, la série avait un bel avenir devant elle. Mais si la Saison 1 avait trouvé ses fans, la Saison 2 malheureusement, n’aurait pas rencontré le succès escompté auprès du public américain qui se serait lassé des aventures des survivants de Lakewood. Alors que 700 000 spectateurs étaient au rendez-vous l’été dernier pour le lancement de la première saison, ils ne seraient aujourd’hui plus que 330 000 à suivre la série. Pour information, l’épisode 2×04, « Happy Birthday to Me », n’a été suivi que par 270 000 personnes, un très mauvais score qui pourrait se sommer par une annulation de la Saison 3.

Certes, la série Scream n’est probablement pas un incontournable, mais on lui décerne bien volontiers le titre de « série coup de coeur » pour le bel hommage rendu au maître de l’horreur et à nous, nostalgiques du cinéma des années 90.

Scream la série : Bande-annonce

Scream la série : Fiche Technique

Créée par: Jill Blotevogel, Dan Dworkin et Jay Beattie, adaptée d’après la série de films Scream de Wes Craven
Réalisation : Jamie Travis, Tim Hunter, Brian Dannelly, etc.
Scénario : Jill Blotevogel et Jaime Paglia, d’après un scénario de Kevin Williamson
Interprétation : Willa Fitzgerald, Bex Taylor-Klaus, John Karna, Emma Duval, Carlson Young, Brooke Maddox, Audrey Jensen, John Karna, Noah Foster, Amadeus Serafini …
Musique : Jeremy Zuckerman
Genre: Horreur, slasher, thriller, drame
Format: 10 et 14 épisodes de 42 minutes
Diffusée sur : Netflix
Saison 2 disponible depuis le :  31 mai 2016

États-Unis – 2015

Auteur : Yael Calvo