Le réalisateur italien Paolo Sorrentino (Youth, La Grande Bellezza) a débuté le tournage de Loro. Ce nouveau long-métrage va faire couler beaucoup d’encre. Le comédien Toni Servillo va en effet incarner à l’écran l’homme politique sulfureux Silvio Berlusconi.
Selon des informations du Figaro, Paolo Sorrentino travaillerait actuellement sur Loro, un biopic consacré à l’ancien premier ministre Silvio Berlusconi. Le tournage de ce nouveau film aurait bel et bien débuté en Italie. Des prises de vue ont notamment été effectuées dans le centre de Rome cette semaine. Ce film avait été en réalité quelque peu délaissé par Paolo Sorrentino en novembre dernier lors de son implication pour l’écriture de la deuxième saison de The Young Pope. C’est en avril 2017 que le réalisateur de L’ami de la famille a confirmé qu’il travaillerait bien finalement sur son projet de biopic de Silvio Berlusconi avec un tournage dans le courant de l’été 2017. Une première scène du film a donc été tournée dans les environs du Colisée dans la nuit de mardi à mercredi sous l’œil médusé des touristes. Des photographies du tournage ont été diffusées dans la presse italienne ce jeudi.
Le réalisateur de Youth retrouve donc sur le tournage de Loro le comédien Toni Servillo avec lequel il avait déjà travaillé pour les besoins de Il Divo ou bien encore La Grande Bellezza, Oscar du meilleur film en langue étrangère en 2014. Le rôle de Ganpi Tarantini, l’homme accusé d’avoir fourni des prostituées au domicile de Berlusconi, a été confié à l’acteur Riccardo Scamarcio (Dalida, John Wick 2, A Vif). Le reste du casting est complété par Elena Sofia Ricci (Le premier qui l’a dit) et Dario Cantarelli (La chambre du fils, Habemus Papam, La messe est finie). Le scénario a été coécrit par Umberto Contarello (This Must be the place, La Grande Bellezza) et Paolo Sorrentino selon des informations d’Imdb. La sortie de Loro est prévue pour 2018.
Paolo Sorrentino devrait mettre en scène les travers de l’homme politique italien et sa passion immodérée pour la gent féminine. Selon des précisions du Figaro, le personnage de Silvio Berlusconi dans Loro aura « dans son sillage une ribambelle de jeunes femmes en robes courtes et talons hauts ». Le titre du film, Loro (eux), constitue un jeu de mots et une double allusion tout d’abord à la cour accrochée aux basques de l’ancien premier ministre italien, et également une référence à l’or pour évoquer les dépenses pharaoniques et le train de vie luxueux de l’homme politique.
A la manière d’Abel Ferrara avec Welcome to New York (une évocation de l’affaire DSK), Paolo Sorrentino s’attaque donc à une page sombre de la facette de l’ancien chef du gouvernement italien. Loro ne devrait pas être une satire politique pure. Le film devrait dénoncer l’entourage néfaste et le cadre de vie qui ont fait tourner la tête et perdre toute considération à l’homme politique italien. Loro s’annonce d’autant plus passionnant et fascinant que le réalisateur Paolo Sorrentino a été reçu par Silvio Berlusconi en personne pour les besoins de la préparation du long-métrage. Cette information assez exceptionnelle et insolite a été dévoilée en juillet par la rédaction d’Il Messagero. Silvio Berlusconi était ravi de parler et de rencontrer l’un de ses cinéastes préférés. L’ancien chef du gouvernement italien aurait même mis à la disposition pour le tournage sa maison de Sardaigne et le mausolée de sa famille dans sa maison près de Milan. C’est dans cette demeure qu’auraient été organisées les soirées festives controversées, les « bunga bunga ».
Reste à savoir si cette proximité lors des préparatifs du tournage ne va pas générer de la complaisance ou nuire à la liberté de ton et au regard que va porter Paolo Sorrentino sur le personnage de Silvio Berlusconi dans son film. Après The Young Pope (un pape en quête de ses origines) et Il Divo (le président du conseil Giulio Andreotti), le cinéaste napolitain s’attaque donc une nouvelle fois, avec Loro, à l’ivresse du pouvoir ainsi qu’aux failles et à la part d’humanité des dirigeants.
Paolo Sorrentino s’était confié au Figaro il y a quelques mois sur ce nouveau projet en marge du festival de Cannes. Le réalisateur semblait très motivé pour ce long-métrage sulfureux.
Parce que je suis italien et je veux faire un film sur les Italiens. Berlusconi est l’archétype de « l’italianité » et à travers lui je peux raconter les Italiens.
Nanni Moretti s’était déjà attaqué en 2006 au mythe de Silvio Berlusconi avec Le Caïman, un film engagé avec un fort sous-texte socio-politique.