[Critique] it’s a big country : diffusé sur TCM lundi 22 février à 01h25
Synopsis : une discussion dans un train entre deux hommes qui vantent les mérites des Etats-Unis, une vieille femme isolée qui a été oubliée par le recensement, ou un prêtre qui adresse ses sermons au président lui-même : It’s a big country contient huit épisodes qui nous montrent la grandeur et la beauté des USA.
C’est dans son cycle du mois de février consacré au génial Gene Kelly que TCM a déterré ce film complètement oublié, It’s a big country. L’affiche est alléchante : en interprétation, nous avons Ethel Barrymore, Gary Cooper, James Whitmore, Janet Leigh (vous savez, celle qui se fera assassiner sous la douche neuf ans plus tard) ou Fredric March ; quant au poste de réalisateur, il est occupé successivement (dans le désordre) par Richard Thorpe (réalisateur d’Ivanhoé, avec Robert Taylor), John Sturges (futur réalisateur des Sept Mercenaires), Charles Vidor (réalisateur du mythique Gilda, avec Rita Hayworth) ou William A. Wellman (entre autres).
Propagande américaine
It’s a big country est un film à sketches, genre plus fréquent dans les années 50-60 que de nos jours. Huit épisodes, mélangeant fiction et images d’archives, censés nous faire comprendre que les Etats-Unis sont un pays formidable, sans doute le meilleur au Monde.
Oui, parce que nous sommes ici en plein film de propagande, qu’il faut pouvoir remettre dans son contexte. Le film sort en 1951, en pleine guerre de Corée, une guerre qui, d’ailleurs, offrira le sujet de l’épisode 5. La Guerre Froide est passée à un niveau offensif : les États-Unis sont un pays en guerre. Ce genre de film purement patriotique est une arme comme une autre lors d’une période de conflit.
Dès le début, nous sommes plongés dans ce sentiment de fierté nationale : le titre qui prend la forme d’une bannière étoilée, le sous-titre (An American Anthology), les voix off qui font les liens entre les épisodes, tout y est.
Les dialogues, évidemment, continuent dans cette voie. « C’est le plus grand pays du monde. Sûr, nous avons quelques problèmes, mais nous allons les résoudre. Moi, je suis quelqu’un qui aime l’Amérique. D’un bout à l’autre » proclame James Whitmore, alors qu’Ethel Barrymore dit : « Je suis fière d’appartenir à ce pays ! »
Chacun des épisodes vante un des aspects positifs du pays : le mélange de populations d’origines diverses et variées, humilité religieuse, héros de guerre ou système éducatif performant, tout y passe. Il faut mettre l’accent sur un étonnant épisode 3, constitué uniquement d’images d’archives à la gloire de la population Afro-américaine, ses artistes, sportifs, scientifiques, etc., et ce dans un pays qui, en 1951, était encore largement ségrégationniste.
Inégal mais sympathique
Les films à sketches sont souvent marqués par une certaine inégalité de la qualité. Ici, il faut bien avouer que l’avant-dernier épisode (l’épisode religieux, avec Van Johnson) n’a pas un grand intérêt (à part nous vanter l’humilité du président du pays, qui se veut un citoyen comme les autres).
Cependant, l’ensemble du film reste très sympathique et agréable. Loin d’être un chef d’œuvre, It’s a big country est un film qui se laisse regarder avec un certain plaisir.
Deux épisodes se démarquent par leur côté comique : l’épisode 4, où l’on rencontre un immigré d’origine hongroise (forcément producteur de paprika : merci le cliché !) qui refuse que ses filles épousent des Grecs, parce les Hongrois et les Grecs se détestent depuis des générations. Et, bien entendu, sa fille aînée va tomber amoureuse d’un jeune et séduisant Grec (créant ainsi LE couple du film : Janet Leigh et Gene Kelly, magnifiques tous les deux). L’histoire est traitée avec humanité, humour et tendresse, et on regrette qu’elle ne soit pas plus longue.
L’épisode 6 est plus surprenant. On y voit Gary Cooper nous parler directement, face caméra, pour dresser un portrait ironique du Texas, décrit avec beaucoup d’humour comme un pays à l’intérieur du pays.
Le découpage du film évite toute lenteur ; c’est même parfois le sentiment inverse qui domine : pas assez développés, beaucoup trop courts pour certains (8 sketches en 1h25, ça fait beaucoup), il y a de temps en temps un goût d’inachevé. L’ensemble est plaisant et agréable, les petits rôles donnés à de grandes vedettes est très sympathique et le film se laisse voir, même s’il n’est pas inoubliable.
It’s a big country- Fiche technique
Réalisateurs : Richard Thorpe, John Sturges, Charles Vidor, Don Weis, Clarence Brown, William A. Wellman, Don Hartman.
Scénario : William Ludwig (episode 1), Helen Deutsch (ép. 2), Ray Chordes (ép. 3), Isobel Lennart (ép. 4), Allen Rivkin (ép. 5), Dorothy Kingsley (ép. 6), Dore Schary (ép. 7), George Wells (ép. 8).
Interprétation : Ethel Barrymore (Mrs. Riordan), Gene Kelly (Icarus Xenophon), Janet Leigh (Rosa Szabo), Van Johnson (Révérend Burch), Fredric March (Mr. Esposito), George Murphy (Mr. Callaghan)…
Photographie : John Alton, Ray June, William Mellor, Joseph Ruttenberg.
Montage : Ben Lewis, Fredrick Y. Smith.
Producteur : Robert Sisk.
Société de production : Metro-Goldwyn-Mayer (MGM)
Société de distribution : Metro-Goldwyn-Mayer (MGM)
Date de sortie (USA) : 20 novembre 1951
Durée: 89 minutes
Genre : sketches, comédie
Etats-Unis d’Amérique – 1951