La dame aux camélias de Dumas fils a été adaptée une trentaine de fois toutes oeuvres confondues (opéra, ballet, télévision,…) dont une vingtaine rien qu’au cinéma. Bien que la version de Baz Luhrmann avec Moulin Rouge semble être la plus fidèle au livre et au ballet de John Neumeier, celle-ci a toujours été décrite comme une libre (mais sublime) adaptation. C’est donc l’oeuvre de George Cukor qui va retenir toute notre attention. La raison ? Greta Garbo.
Un article tout entier devrait parler d’elle tant son talent est reconnu. Celle dont la Divine est le deuxième prénom offre ici l’une de ses plus grandes interprétations. La rencontre parfaite entre une actrice et un rôle. A se demander si Dumas n’était pas tombé amoureux de Greta Garbo au lieu de la courtisane Marie Duplessis.
Gautier par Garbo
Bas les masques de perfection et de mirage, la Suédoise s’abandonne corps et âme dans la peau de cette courtisane écrasée par le destin dont le sort touche profondément au cœur encore aujourd’hui. A la fois féroce et chétif, le personnage de Dumas offre à Garbo la possibilité d’une entièreté nouvelle au point d’y voir l’actrice rire pour la première fois à l’écran. Tout en elle est empreint d’une grâce infinie, de sa façon de bouger à sa manière de s’exprimer qui ne dépasse jamais une mesure, si envoûtante…
Autour d’elle, un Paris du XIXe siècle où ombres et lumières donnent de la profondeur à l’ambiguïté du personnage emprisonné de sa passion dans une société hypocrite. Idéaliste et fataliste, le seul désir de Marguerite est par-dessus tout l’idée d’être aimée. Une femme vulnérable dès que s’éloignent les mondanités dont le cœur et l’abnégation font d’elle un être à part. Au final, un point commun avec Greta Garbo, qui a toujours certifié vouloir être seule mais qui cherchait malgré tout l’amour autour d’elle. Bien que les raisons ne soient pas du même ordre, la star a dû se retrouver dans ce mélo qui lui assure sa réputation de grande tragédienne ô combien déjà affirmée. Un rôle marqué d’une certaine perfection qui signera la quintessence de sa carrière.
Les camélias
L’esprit aiguisé par le champagne, Marguerite Gautier aimait les belles choses, s’accrochant désespérément à sa vie de luxe dans la high society. Son sort scellé par la maladie, elle ne s’autorisa jamais à être libre, préférant la coquetterie à une vie de cœur. L’un de ses nombreux et couteux penchants étaient les camélias, symbole d’amour et de désir ou son seul moyen d’y goûter. Son tempérament fut bien masqué jusqu’à l’apparition d’Armand Duval, jeune homme de la classe moyenne et fou amoureux d’elle. D’une armure bien ficelée pour la société, Marguerite baissa sa garde pour se laisser aimer malgré les rouages d’un état de plus en plus alarmant. Heureuse pour la première fois de sa vie, les conséquences de son passé vinrent sonner à sa porte pour lui demander de penser au bien-être social de son amant. A contrecœur elle le quitta et retourna à ses frivolités tout en abandonnant ses forces au passage. Le post-faux-semblant eut raison d’elle et les échos de sa situation parvinrent aux oreilles de son cher et tendre qui vint à son chevet pour assister fatalement à son dernier souffle.
L’histoire d’un amour impossible qu’on a pu maintes et maintes fois voir au cinéma. Et pourtant, c’est le caractère fulgurant de la destinée du personnage de Garbo qui marqua les esprits. Le charme de ce film opère toujours aujourd’hui, tant par la version épurée et romantique de Cukor que par l’absolue représentation du portrait de Marguerite Gautier par Greta Garbo. Un classique.
Le roman de Marguerite Gautier – Bande annonce
Fiche technique :
- Titre original : Camille
- Scénario : Zoe Akins, d’après Alexandre Dumas fils
- Réalisation : George Cukor
- Distribution : Greta Garbo, Robert Taylor, Henry Daniell, Lionel Barrymore, Jessie Ralph,..
- Direction artistique : Cedric Gibbons
- Costumes : Adrian
- Photographie : William H. Daniels
- Producteur : Irving Thalberg pour la MGM
- Genre : Romance, mélodrame
- Date de sortie : 1937
- Durée : 109mn