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The Mirror, un film d’Edward Boase : critique

Cinq ans après Blooded, passé inaperçu, le réalisateur Edward Boase s’essaie cette fois au found-footage avec The Mirror, film d’épouvante inabouti et bâclé.

Synopsis : Trois colocataires achètent un miroir hanté sur eBay dans l’espoir de remporter le prix Paranormal One Million Dollar. Le principe est simple : un million de dollars sera offert aux participants qui présenteront une vidéo montrant des phénomènes paranormaux. Le désir de gagner va aveugler les trois amis, qui poursuivent l’expérience coûte que coûte malgré les manifestations obscures qu’ils ont déclenchées…

The Mirror, ou comment un miroir peut faire trembler les spectateurs. Depuis le cinéma expressionniste, le miroir et le reflet sont des thèmes récurrents, notamment utilisés pour critiquer et dénoncer la part d’ombre de chaque être humain. The Mirror tente à son tour d’exploiter le filon, mais ne se démarque jamais. Résultat ? Un film d’horreur banal et surtout très mauvais, sans ambition.

Le mauvais reflet

Dès les premières images, le spectateur s’aperçoit bien vite que l’intrigue repose sur le principe du found-footage, en racontant des événements filmés par une caméra dont on a miraculeusement retrouvé la cassette, à l’instar des récents Gallows et The Visit. Problème : on se rend rapidement compte que la trame narrative initiale, très fine, n’est jamais étoffée et que le point de départ de The Mirror sert en fait de prétexte au réalisateur pour s’engouffrer dans la brèche d’un sous-genre horrifique très en vogue qu’il ne maîtrise pas, accumulant toutes les erreurs possibles.

Dans certains films, on peut tomber sur un élément diégétique clé qui confère de la crédibilité à l’histoire, mais ce n’est pas le cas de The Mirror, dont l’intrigue insignifiante tient en quelques lignes, sans présenter d’intérêt quelconque. Boase s’est inspiré d’un article publié dans le Huffigton Post, qui racontait qu’en 2013, deux colocataires londoniens avaient trouvé dans une benne un miroir neuf qui aurait déclenché une série d’événements paranormaux. Ce miroir à été vendu sur Ebay, et le réalisateur imagine donc une supposée suite à ce fait divers en le réadaptant à sa façon. Une idée sympathique dont le cinéaste ne tire jamais parti, accouchant au final d’un long-métrage plat, sans relief ni enjeux, qui sombre dans le déjà-vu et s’essouffle très vite. Peut-être aurait-il fallu opter pour un format plus calibré afin de revaloriser le concept de base (court-métrage,  creepypasta) : la peur aurait alors pu être en rendez-vous.

Le miroir lui-même, pourtant source du mal absolu, ne s’impose pas non plus comme l’objet effrayant que l’on attendait : la mise en scène, plutôt que de mettre l’emphase sur cette relique néfaste, passe à côté de son sujet et tombe malheureusement dans l’écueil de la facilité, en optant pour une grammaire narrative éculée. On pense par exemple à la succession de jump-scares inutiles, vers les quinze dernières minutes. Sans surprise, le spectateur finit par s’ennuyer devant un amas de situations prévisibles, imputables au cruel manque d’originalité de The Mirror, dont le dernier quart d’heure frise carrément le ridicule.

Le visage de la laideur

Un bon film de found-footage est censé reposer sur un principe simple : tourné avec peu de moyens, frôlant parfois volontairement le faux-amateurisme. D’ailleurs, certains cinéastes y voient un support d’expression pas cher et facile, propice aux moqueries, au détournements et aux expérimentations plastiques et scénaristiques. C’était le cas du très bon The Visit de M. Night Shyamalan qui utilisait le found-footage comme un moyen de mêler le rire et la peur. Mais dans The Mirror, tout est au premier degré et Boase n’amorce aucune réflexion. Trop sérieux, pas assez innovant ni audacieux, le film n’apporte rien et nous offre simplement une petite dose de frayeur rapidement oubliée, sans la moindre touche d’originalité.

Le projet se base involontairement sur le thème de la laideur, sujet intéressant que le cinéaste aurait pu explorer en filigrane, mais là encore, Boase survole son propos sans l’approfondir et ne tire pas profit des questionnements que fait naître The Mirror. Tout est relativement mauvais, et le défaut majeur du long métrage réside dans ses très nombreuses lacunes stylistiques, narratives et esthétiques. Le réalisateur ne parvient pas à susciter la peur et l’angoisse du public, ignore des thématiques qui auraient pourtant pu être pertinentes et livre une production sans envergure, sans ampleur, terriblement dénuée de recul et d’auto-critique.

Côté interprétation, ce n’est pas tellement mieux : les acteurs font ce qu’on attend d’eux sans apporter de profondeur aux personnages, qui donnent l’impression de n’être là que pour se faire tuer, devant les yeux ébahis des spectateurs. Personne ne se prête au jeu ; aucun des interprètes ne s’investit réellement. C’est notamment le cas de l’actrice Jemma Dalander, révélée au public américain par le film d’horreur I Spit on Your Grave 2, qui se contente du « strict minimum » malgré la douceur qu’elle inspire.

Seul point positif : les références artistiques du réalisateur, qui se ressentent parfois et viennent stimuler le spectateur endormi. On remarque par exemple que Boase s’est largement inspiré de Shining de Stanley Kubrick, ce qui influence heureusement la progression de l’intrigue.

En conclusion, le long métrage d’Edward Boase est à ranger dans la catégorie des films d’horreur dispensables qui conduisent le genre à la décadence et au déclin. Triste constat qui nous mène à penser de façon certes pessimiste que Don’t Breathe – La maison des ténèbres n’était qu’une parenthèse enchantée dans cet univers cinématographique où la pure angoisse a depuis longtemps disparu. On peut également supposer que The Mirror, qui pâtit de surcroît d’une très mauvaise distribution en salles, sera l’un des premiers found-footages à connaître un échec commercial aussi cuisant. On aurait plutôt aimé qu’il sorte en direct-to-dvd !

The Mirror : Bande-annonce

The Mirror : Fiche Technique

Réalisation : Edward Boase
Scénario : Edward Boase
Interprétation : Jemma Dalender (Jemma), Joshua Dickinson (Matt), Nate Fallows (Steeve)…
Montage : Edward Boase
Musique : Of Mercia
Société de production : Haunted Mirror
Distributeur : Chapeau Melon Distribution
Genre : Epouvante – Horreur
Durée : 83 minutes
Date de sortie : 2 Novembre 2016
Interdit aux moins de 12 ans
Etats-Unis – 2016