Mune, un conte céleste d’un autre temps…
Au commencement, le monde était plongé dans les ténèbres, jusqu’à ce qu’un courageux guerrier amène le soleil qui, de ses chauds rayons permit à la vie de prospérer. Dans le même temps, un doux rêveur rapporta la lune du pays des songes, c’est ainsi qu’est né l’onirisme nocturne. Depuis lors, le peuple du jour et le peuple de la nuit vivent en harmonie autour des deux gardiens des précieux astres. Ils sont chargés de veiller à la bonne marche des cycles solaire et lunaire depuis leurs temples, immenses structures mobiles, à mi-chemin entre château ambulant et monture aux allures chevalines.
Ce film explore l’univers du conte, mais pas tel qu’on nous le raconte depuis Shrek, avec second degré et références « adultes » : avec Mune, le gardien de la lune, on revient aux origines. L’action est entièrement focalisée autour de la quête des trois protagonistes, qui sont d’ailleurs les seuls personnages réellement développés, et encore, sans doute de façon trop simple pour les rendre vraiment attachants. Les réalisateurs, Alexandre Heboyan et Benoît Philippon, ont crée des héros qui se définissent d’abord et avant tout par ce qu’ils sont, plus que par ce qu’ils font. Ainsi, Sohone, le gardien du soleil est arrogant et puissant, tandis que Mune est secret et paisible. Leurs caractéristiques respectives reprennent celles que l’on attribue d’ordinaire aux astres qui leur sont associés. Quant à Cire, petit bout de cierge anthropomorphe assoiffé de connaissance, elle est aussi fragile que le nom qu’elle porte le suggère. Si le récit prend bien la forme d’une initiation, les personnages ne deviennent que ce qu’ils sont déjà en puissance. Pas de changement radical, d’évolution fulgurante, l’ordre du monde est rétabli. A cet égard, la fin de l’histoire déçoit : l’harmonie initiale est revenue parce que les personnages ont accepté de porter la charge qui leur incombe, de réagir en adultes. C’est ce vers quoi tend la morale traditionnelle d’un conte. Mais aujourd’hui, comment reçoit-on ce type de message prônant la stabilité et le statu quo ? Chacun est juge.
Si on peut reprocher à l’histoire son classicisme trop sage, le film d’animation propose néanmoins un univers graphique très travaillé. Outre le rocailleux peuple du jour et les faunes duveteux qui constituent le peuple de la nuit, on trouve pléthore de créatures et de plantes surprenantes qui participent d’une féerie visuelle que l’on regarde avec plaisir. La majeure partie du film se déroule la nuit, les personnages sont entourés d’une lumière phosphorescente conférant à l’ensemble une atmosphère magique. La poésie est disséminée un peu partout : ici, une harpe aux cordes de soie, tissées par les araignées, ailleurs un combat contre le Mal gagné par le Marchant de sable. Les créateurs ont de l’imagination et ils ont mis tout leur talent à développer un bestiaire céleste qui ne manque pas de charme. L’animation française possède un savoir-faire reconnu à raison : le film est très beau. L’absence d’élément comique au cours du récit nous laisse tout entier disponible pour contempler ce rêve tout en nuances de bleu. Avec leur conte « à l’ancienne », Alexandre Heboyan et Benoît Philippon proposent une œuvre onirique que l’on parcourt comme un enfant émerveillé, feuilletant un beau livre d’images.
Synopsis: Dans un monde fabuleux, Mune, petit faune facétieux, est désigné bien malgré lui gardien de la lune : celui qui apporte la nuit et veille sur le monde des rêves. Mais il enchaîne les catastrophes et donne l’opportunité au gardien des ténèbres de voler le soleil. Avec l’aide de Sohone, le fier gardien du soleil et la fragile Cire, Mune part alors dans une quête extraordinaire qui fera de lui un gardien de légende !
Mune, le gardien de la lune: Extrait
Mune, le gardien de lune: Fiche Technique
Distribution : Omar Sy, Izïa Higelin, Michael Gregorio
Date de sortie : 14 octobre 2015
Durée : 1h26m