Non content il y a 3 ans d’avoir fait de ses losers de l’espace la bouffée d’air du Marvel Cinematic Universe, James Gunn persiste et signe dans son délire avec Les Gardiens de la Galaxie Vol.2 ! Une suite redoutée qui à l’arrivée est (heureusement) bien plus que ça : plus profonde, plus déjantée & plus fun. Bref, la suite hollywoodienne dans ce qu’elle a de mieux et accessoirement l’un des meilleurs opus du M.C.U.
Autant dire une surprise qui n’a d’ailleurs d’égal que les deux scènes jalonnant l’ouverture du film. Si la première semble faire écho au professionnalisme de Gunn qui, en substance, dit avoir su garder les pieds sur terre malgré le succès du premier volet ; c’est bien la seconde qui a son importance. La faisant se nicher en plein milieu d’une baston entre nos misfits et un poulpe crachant des gerbes multicolores, Gunn fait le pari de se focaliser sur un élément n’ayant en soit aucun rapport avec la scène qui se déroule sous nos yeux. Ce qui ne manquera pas de nous faire rire, car là où certains pourraient y voir de la frustration que d’être écartés de la scène et nourris seulement de ces bribes, d’autres (dont nous) y voient de l’audace : l’audace de réussir à coucher dans une scène, qu’on se le dise obligée dans le tout venant du blockbuster, la véritable note d’intention du projet…
Better, Faster, Deeper
Puisque en mettant l’accent sur ses personnages et ce au détriment de l’action, James Gunn ne feint même plus de cacher son jeu. Pas question pour lui de sombrer dans la suite clinquante qui appelle de tout son être le grand spectacle ou la surenchère (typique lorsqu’on parle de suite) ; ni d’incarner une énième œuvre intercalaire glissée entre deux briques (Marvel appelle ça film) du MCU. Non, son truc à lui, ce n’est pas l’action et le gigantisme ; c’est l’émotion et l’intime. En clair, toucher du doigt l’éternelle bête noire des films où Stan Lee touche son 13ème mois : la profondeur. Voilà, on l’a dit. On pourrait le répéter, encore qu’on serait à nouveau surpris de l’écrire tant la maison à Idées n’a jamais vraiment brillé dans ce domaine, et ce depuis ses débuts. Douce ironie quand on y pense puisque c’est finalement à son artificier le moins enclin à participer au gigantesque multiverse, que Marvel doit d’enfin pouvoir compter sur un film à la densité folle. Et si on insiste autant la-dessus, ce n’est pas parce qu’on aime Marvel ou les pitreries de Gunn. C’est surtout parce que rien ne le laissait présager ; la promotion ayant su maximiser ses effets et bombarder les mêmes 15 minutes à chaque bande-annonce. La surprise est donc d’autant plus grande en ce qu’elle substitue l’action qu’on attendait à un versant humain, amer limite mélancolique qui n’a jamais été la priorité de la bande à Kevin Feige. Une révolution qui entraine tout son lot de surprises sur un film, bien aidé par un script, qui s’il perd beaucoup dans son intrigue, n’en demeure pas moins mieux loti dès lors qu’on parle sincérité, justesse & âme.
Freud, LSD et David Hasselhoff
Mais la surprise n’est pas qu’à créditer à cette veine très portée sur le spleen et la mélancolie. Non, les gardiens de la galaxie, avant le plaisir jubilatoire qu’ils sèment dans leur sillage, c’est une recette. Une formule. Prenez des gentils crétins au sourire Colgate, une palette de couleurs infusées au LSD, de l’humour & une playlist de musiques censée taper au cœur du chaland. Parlons en de la playlist d’ailleurs. On se gardera d’en révéler les titres mais là ou Gunn fait fort, c’est de toujours les inscrire dans une finalité logique. Fini en effet de balancer du David Bowie par pur effet de manche ou volonté de se faire remarquer. Ici, les musiques ont un but : amener l’émotion, distiller l’esprit d’équipe, le spleen (encore lui) ou même faire couler les larmes. Car oui, on s’en doutait un peu mais le dernier acte le confirme : le deuxième opus des Gardiens n’a plus rien à voir avec Marvel. Plus du tout. Même l’humour, pourtant caution historique de la firme, est ici dosé à merveille. Entre la condition humaine d’Ego (Kurt Russell) à l’aune de plusieurs blagues où les capacités de Mantis (Pom Klementieff) qui la font s’ouvrir au monde, le rire est partout et paradoxalement nulle part, constamment buté en touche par la gravité et le drame. Une ambivalence qui s’en ressent surtout à l’approche du grand bouquet final. Montant crescendo, le film se paie en effet le luxe de s’offrir une fin faisant cohabiter dans un joyeux bordel psychédélique, les affres et les questionnements inhérents à ce que représente la famille, les difficultés à la maintenir, Freud, Pac-Man, du fun et de la folie. Tout ça pour qu’au final, Gunn propose un plan final dont l’émotion n’a d’égal que sa pureté : celle d’une famille, un peu comme celle de Fast and Furious, qui nous a touché en plein cœur et dont le capital sympathie est désormais gravé dans le marbre du MCU.
Jouissif, fun et étonnamment sombre, Les Gardiens de la Galaxie Vol.2 est bien la suite tant espérée aux aventures de Star-Lord, Gamora et consorts. Mieux encore, elle sait faire fi de son statut de suite et prendre le temps de s’intéresser à ses personnages, ce qui dans le tout venant marvelien suffit pour l’imposer comme l’œuvre la plus ambitieuse et fatalement sincère de Marvel.
Les Gardiens de la Galaxie Vol.2 : Bande-Annonce
Synopsis : Musicalement accompagné de la « Awesome Mixtape n°2 » (la musique qu’écoute Star-Lord dans le film), Les Gardiens de la galaxie 2 poursuit les aventures de l’équipe alors qu’elle traverse les confins du cosmos. Les gardiens doivent combattre pour rester unis alors qu’ils découvrent les mystères de la filiation de Peter Quill. Les vieux ennemis vont devenir de nouveaux alliés et des personnages bien connus des fans de comics vont venir aider nos héros et continuer à étendre l’univers Marvel.
Les Gardiens de la Galaxie Vol.2 : Fiche Technique
Titre original : Guardians of the Galaxy Vol. 21
Titre français : Les Gardiens de la Galaxie Vol. 2
Réalisation : James Gunn
Scénario : James Gunn, d’après la série de comics Gardiens de la Galaxie
Interprétation : Chris Pratt (Peter Jason Quill / Star-Lord) ; Zoe Saldana (Gamora) ; David Bautista (Drax le Destructeur) ; Vin Diesel (Groot) ; Bradley Cooper (Rocket) ; Sean Gunn (Kraglin Obfonteri) ; Michael Rooker (Yondu Udonta) ; Karen Gillan (Nébula) ; Pom Klementieff (Mantis) ; Elizabeth Debicki (Ayesha) ; Kurt Russell (Ego) ; Nathan Fillion (Simon Williams) ; Sylvester Stallone (Stakar Vaughn / Starhawk)
Musique : Tyler Bates
Société de production : Marvel Studios
Société de distribution : The Walt Disney Company France
Genre : super-héros, action, science-fiction, space opera
Dates de sortie : 26 avril 2017
États-Unis – 2017
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