« On lui a tout pris, il va tout leur prendre » Sérieusement ? Pouahaha. Ils nous font bien rire avec ce pitch vieux comme le monde. Pourquoi réaliser un film pareil alors que John Wick existe et cartonne ? Cerise sur le gâteau, il s’agit d’une production française. Alors, qu’est-ce que ce sera ? Des combats mal chorégraphiés à coups de baguettes, pendant que Christian Clavier débarque en scandant « qu’est ce que c’est qu’ce binz ?! » tout en balançant des vannes racistes à droite à gauche ? Eh ben, non en fait. Farang est juste un foutu bon film !
Je vous chercherai, je vous traquerai et je vous tuerai
Essoufflé par un Liam Neeson qui propose chaque année le même film depuis le très bon Taken, revenu au sommet du monde avec la saga John Wick, acclamé avec les excellents The Raid (qui figurent sans soucis parmi les plus grands films d’action de tous les temps), le cinéma d’action continue d’émerveiller (ou pas) malgré presque 100 ans d’existence. Parmi les centaines d’exemples qui circulent, un genre en particulier peine à pleinement convaincre : le cinéma d’art martiaux. Si les productions hongkongaises ou indonésiennes privilégient des acteurs experts dans ce domaine comme Donnie Yen, Hollywood se tourne vers ses stars, qu’elle forme comme elle peut. Farang, production française, s’est offert Nassim Lyes, excellent acteur en pleine ascension, champion de kick-boxing. Et messieurs, mesdames, malgré les immenses qualités d’un John Wick 4, cela crée une vraie différence.
Le scénario de Farang est pourtant extrêmement simple, vu et revu. Sam sort à peine de prison qu’il se voit contraint de tuer son ancien commanditaire, en légitime défense. C’est cinq ans plus tard que nous le retrouvons en Thaïlande, marié et père adoptif d’une petite fille. Son désir de mettre sa famille à l’abri du besoin va le pousser à accepter un travail dangereux et rien ne se passera comme prévu. Vous avez déjà entendu cette histoire cent fois. Le scénario dans sa globalité se révèle même, sans surprise, cousu de fil blanc (à un détail près) et se permet même d’offrir un méchant principal aussi intéressant qu’une conversation twitter. Et, pourtant, Xavier Gens prouve que l’on peut encore offrir un film de vengeance terriblement efficace, quand toutes les bonnes conditions sont réunies.
Hit Man
Difficile même de se dire que l’homme derrière cette pépite française a autrefois réalisé deux des films les plus ennuyeux jamais conçus : Hitman et Frontière(s). Toutes les raisons qui faisaient de ces deux œuvres des échecs sont gommées et balayées par l’expérience acquise durant la quinzaine d’années qui les séparent de Farang. Commençons par l’essentiel : Les scènes d’action sont un régal. Brutale, ingénieuse et particulièrement bien filmée, la vengeance de Sam peut poser fièrement parmi les meilleures représentations du genre. On pourra regretter un montage très légèrement confus lors d’une scène précise qui se serait pourtant magnifiquement prêtée au plan-séquence, mais pour le reste, on frôle l’excellence.
Bien loin de la longueur souvent exagérée des productions hollywoodiennes actuelles, Farang défile à une vitesse folle, jusqu’au générique de fin survenant après moins d’1h40. On en aurait voulu plus. Puis, on se rappelle de Taken et de ses deux suites parmi les plus inutiles de l’histoire des suites. On se dit alors que c’est parfait comme cela. D’ailleurs, tout le film n’est pas qu’un vulgaire pif-paf-pouf (ou pan-pan-boom). L’histoire prend son temps et l’élément déclencheur de la vengeance ne survient qu’après une bonne grosse demi-heure. On dirait peu présenté comme cela, mais on est déjà à un tiers du film, mine de rien. Si la musique reste globalement en retrait, la photographie est souvent très belle. On reste loin, très loin d’un John Wick 4, évidemment, mais inutile de comparer l’incomparable. Quant aux méchants, s’ils sont tous absolument clichés, voir oubliables, ils assurent l’essentiel : le spectateur est à totalement aux côtés de Sam dans sa quête de vengeance. Et comme le dit le dicton, inventé à l’instant : « Un méchant que nous voulons voir mourir avec impatience n’est pas un méchant totalement raté « .
Bande-annonce : Farang
Fiche Technique : Farang
Réalisation : Xavier Gens
Scénario : Xavier Gens / Guillaume Lemans / Magali Rossito
Costumes : Emmanuelle Youchnovski / Fabienne Menguy
Casting : Nassim Lyes / Oliver Gourmet / Vithaya Pansringarm
Photographie : Gilles Porte
Montage : Riwanon Le Beller
Distributeur : StudioCanal
Durée : 99 Minutes
Sortie : 28 Juin 2023 en salles