John Wick : chapitre 4, l’arc de triomphe ?

Si vous trouvez parfois les réactions de votre conjoint(e) exagérées, dites-vous que dans l’histoire du cinéma, un homme a éliminé l’équivalent d’un village, pour le meurtre d’un chien et le vol d’une voiture. Quand le premier opus de la saga John Wick est arrivé, en 2014, personne n’imaginait le formidable succès du personnage de Keanu Reeves. Nous voici donc, en 2023, 299 victimes plus tard. Il revient, plus en colère que jamais, et notre Baba Yaga s’attaque désormais à notre Paris bien-aimé.

Un sacré cœur

Si les trois premiers films de la saga se déroulent presque simultanément, renforçant au passage un effet de réaction en chaîne particulièrement savoureux, John Wick : Chapitre 4 est le premier à comporter une ellipse avec son prédécesseur. Toujours vivant (et on se demande bien comment), notre veuf particulièrement sanguin va se frotter une ultime fois à La Table pour retrouver sa liberté. Évidemment, l’organisation se montre légèrement agacée par cet assassin très doué pour réduire son effectif. Ainsi, c’est même le haut conseil que John s’est mis à dos, et il va tout tenter pour l’éliminer. Le coup classique.

Il faut le dire, le scénario n’a jamais été le point fort de la saga. Toutefois, ce 4ème opus tente de jouer la carte de l’affect. Du moins, plus que les deux précédents. Il offre même quelques belles surprises. L’antagoniste est réussi, accordant enfin au spectacteur un méchant digne de ce nom. De même, John va croiser la route de Caine, incarné par le formidable Donnie yen. Ancien ami et allié, cet assassin aveugle va traquer le Baba Yaga à contre cœur, offrant au spectateur les meilleurs moments du film. Le tout est impeccablement rythmé pendant les 2h50 du long-métrage. Oui, presque 3h de John Wick. Cela peut paraitre long, mais le tout tient particulièrement bien. Il semble, par exemple, bien plus court que les 1h40 d’Astérix et Obélix : L’Empire du Milieu, actuellement en salles. Non, c’est très divertissant, malgré deux énormes défauts.

Quand il me pend dans ses bras, je vois la vie en rouge

Vous le savez, trois choses font de la saga John Wick une franchise extrêmement appréciée et populaire : sa mise en scène, sa photographie et ses chorégraphies. Pour ce quatrième chapitre, deux éléments sont toujours sur le devant de la scène. On pourrait même aller plus loin et dire que John Wick 4 est, par ses décors, sa photographie, son sens du cadrage et de la lumière, l’un des plus beaux films d’actions jamais conçus, si ce n’est le plus beau. Oui, c’est somptueux. Chaque plan du film est un tableau. Chad Stahelski, toujours aux commandes depuis les débuts, s’est surpassé et il offre une véritable claque artistique. La mise en scène, bien qu’efficace, se révèle déjà plus classique. Le film réserve malgré tout quelques passages réellement hallucinants, avec des choix de placement de caméra surprenants (et géniaux).

Vous l’aurez donc compris, c’est sur les chorégraphies que cet opus pose problème. Ceux qui commenceront la saga avec lui se prendront à coup sur une véritable baffe. Malheureusement, le constat est tout autre quand on a vu les trois autres films, particulièrement le dernier. Si quelques scènes restent superbes, particulièrement grâce à Donnie Yen, le constat est là : pour John, on a déjà tout vu. Les combats se ressemblent beaucoup trop et offrent un immense sentiment de redite. Pire, le personnage ne se sert que trop rarement du décor pour mettre à mort ses adversaires. On se souvient du premier combat de Parabellum, où John ouvrait la mâchoire d’un assassin avec un livre, dans une bibliothèque. Ici, ce genre de chose n’arrive que très rarement. Dommage et frustrant, surtout dans un film qui fait tant d’efforts pour se montrer inégalé dans divers domaines.

John Wick n’est pas faible !

Dans John Wick 4, une partie des combats a lieu en extérieur. Le film offre d’ailleurs une belle visite guidée de Paris. Le scénario envoie notre assassin aux quatre coins de la ville, dans le seul but d’offrir des affrontements dans les  lieux cultes de la capitale. Dans l’idée, c’est bien, c’est beau, c’est divertissant. Dans les faits, c’est juste beau, à s’en pâmer, et divertissant. Malheureusement, une majeure partie de ces rixes sont trop longues et apportent au film son 2ème gros défaut : John Wick est immortel. Dans les premiers opus, les gunfights et autres combats se faisaient majoritairement dans des lieux cloisonnés, permettant au héros de se mettre souvent à couvert. Avec les costumes intégralement pare-balles introduits dans Parabellum, les scénaristes se permettent d’offrir au spectateur des lieux plus aérés pour leurs scènes d’action. Mais John se contente, une grande partie du long-métrage, de se protéger avec sa manche pour bloquer les milliers de balles qu’il reçoit. Pas si forts ces assassins surentrainés… viser la tête n’est décidément pas à la portée des meilleurs tueurs de la planète.

La crédibilité en prend un coup, malgré toute notre bonne volonté pour accepter ce côté surréaliste présent depuis les débuts de la saga. Que personne ne se dise « tiens, je vais me poser 5 secondes et prendre le temps de viser la tête », pourquoi pas. Que John survive à une chute de quatre étages, avec un atterrissage qui aurait brisé en mille morceaux n’importe quel être humain, pour se relever indemne, ça passe déjà moins. Et, les quatre fois dans le film où il aurait dû mourir, il est sauvé par un personne ayant pour seule utilité d’être le deus-ex machina du film. Dommage. Finalement, ce quatrième opus est-il décevant ? Un petit peu. Il reste malgré tout très divertissant et toujours très au-dessus du lot dans le cinéma d’action. Et, bon dieu, il est incroyablement esthétique ! On veut l’Oscar de la meilleure photographie.

John Wick 4 : Bande-annonce

John Wick 4 : Fiche technique

Réalisation : Chad Stahelski
Scénario : Michael Finch
Casting : Keanu Reeves / Donnie Yen / Laurence Fishburne / Ian McShane / Lance Reddick /Bill Skarsgard
Durée : 2h50
Genre : Action
Musique : Carson X. MacDonald
Photographie : Dan Lausten
Production : Lionsgate
Société de distribution France : Metropolitan Filmexport

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3.3