Conjuring : Les dossiers Warren – Critique cinéma
Attention, après son ras de marée au box-office US (pas moins de 100 millions de dollars de bénéfice après trois semaines d’exploitation!) Conjuring : Les dossiers Warren débarque dans l’hexagone ! Aux commandes le maître de l’épouvante, James Wan, créateur de la franchise Saw, et réalisateur du brillant Insidious (2011). Le réalisateur sino-malaisien laisse ici la responsabilité du scénario aux deux frères Chad Hayes et Carey W. Hayes. L’histoire est racontée du point de vue des Warren et des Perron et met en exergue le décalage entre les deux couples. D’un côté, il y a les Warren, catholiques pratiquants et exorcistes réputés, qui estiment qu’il faut exorciser l’entité qui se nourrit de l’énergie de la famille, et de l’autre les Perron, totalement dépourvus de sentiment religieux. Wan livre un long-métrage au climat anxiogène maîtrisé, inspiré d’une histoire vraie, qui eut lieu bien avant la célèbre affaire d’Amityville, également traitée par les deux démonologues Warren. Les principaux protagonistes de cette histoire, la famille Perron (à l’exception de la mère Carolyn Perron, encore traumatisée par ces événements datant d’une trentaine d’années) et Lorraine Warren, ont participé au tournage et ont donné leur aval au long-métrage.
Wan et l’Art de la Suggestion
Le cinéma de Wan est avant tout un cinéma où la suggestion prévaut sur le sensationnel, le pouvoir de l’imaginaire sur celui de la vision, ce qui lui a valu parfois le qualificatif élogieux d’« Hitchcock de l’épouvante ». Ici, pas de jumps-scare inutiles, pas même une goutte de sang. Le spectateur ne voit rien, mais tout lui fait peur. Avec Wan, les portes de maison claquent ; des grincements, des bruits sourds se font entendre ; les horloges de la maison s’arrêtent toujours à la même heure ; des odeurs nauséabondes de putréfaction apparaissent ; les jeux de cache-cache et de claquements de main familiaux accueillent des intrus peu désirables; les fillettes sont tirées du lit par une main invisible ; des mystérieuses ecchymoses apparaissent sur le corps de Carolyn : les corbeaux s’écrasent sur la façade de la maison ; la cave devient une véritable plongée en enfer et le vide sanitaire, filmé caméra à l’épaule par des cadreurs rampants, un espace exigu encore plus lugubre …
La caméra subjective de Wan, accompagnée d’une musique grinçante, parvient à sublimer une esthétique tendue parfaitement maîtrisée, et allant crescendo. Les amateurs de paranormal apprécieront cette montée en puissance, qui respecte l’ordre des trois stades de l’activité démoniaque : l’Infestation, l’Oppression, la Possession. Mais c’est surtout la mise en scène simple et discrète de Wan qui impressionne : la caméra investit l’espace, adopte un mouvement fluide et mystérieux avec des plans fixes sur les portes, des jeux de reflets, une utilisation vintage de zooms lents et contemplatifs, qui feront frissonner le spectateur de bout en bout.
Conjuring est également porté par des acteurs incroyables, surtout par un duo d’actrices au sommet de leur performance : Vera Farmiga (In the air, 2009, Source Code, Insidious, 2011, la série Bates Motel, 2013) est décidément une actrice impériale : elle campe ici une Lorraine Warren plus vraie que nature, et confirme sa prédisposition aux thrillers horrifiques après Joshua (2007) et Esther (2009); Lili Taylor (Short Cuts, 1993, Prêt-à-porter, 1994) impressionne par son interprétation de Carolyn Perron, une mère de famille pragmatique, qui passe par des sensations émotionnelles et physiques extrêmes lors du stade de possession. Patrick Wilson (le déroutant Hard Candy, 2006, Watchmen, 2009, Insidious, Prometheus, 2012,), dans le rôle de Ed Warren (décédé en 2008) est un mari romantique et aimant; son alchimie avec Vera Farmiga est visible à l’écran. Ron Livingston (Petits cauchemars entre amis, 1997, The Dinner, 2010) est un père de famille attachant qui cherche à protéger sa famille, mais qui est totalement dépassé par les forces surhumaines qui se manifestent.
Conjuring, possède tous les ingrédients pour être le nouveau phénomène fantastique de l’été 2013. Conjuring évoque par ses décors et son esthétique les années 70, âge d’or du cinéma d’horreur, et témoigne de l’amour de Wan pour les films d’horreur à l’ancienne : L’Exorciste de William Friedkin (1973), Amityville : La Maison du diable de Stuart Rosenberg (1979). Malgré un cadre conventionnel, Conjuring est un thriller psychologique intelligent et élégant, une œuvre honnête et volontaire, au scénario véritablement angoissant et doté d’une grande richesse dramaturgique .
Synopsis: 1971, Harrisville, Rhode Island. Roger (Ron Livingston) et Carolyn Perron (Lili Taylor), ainsi que leur cinq filles, sont terrorisés par une présence maléfique dans leur ferme isolée. Le couple va faire appel à Ed (Patrick Wilson) et Lorraine Warren (Vera Farmiga), des experts de renommée mondiale en activités paranormales, pour sauver leur famille. Contraints d’affronter une créature démoniaque d’une force redoutable, les Warren comprennent qu’ils s’apprêtent à livrer la plus grande bataille de leur carrière … Interdit aux moins de 12 ans
Conjuring : Les dossiers Warren de James Wan : Bande-annonce
Titre original : The Conjuring
Réalisateur : James Wan
Scénariste : Chad Hayes, Carey Hayes
Interprétation : Vera Farmiga, Patrick Wilson, Lili Taylor, Ron Livingston, Shanley Caswell, Hayley McFarland, Joey King, Mackenzie Foy
Durée :1h52
Genre: Horreur
Date de sortie : 18 juillet 2013
Etats-Unis – 2013