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Boule et Bill 2, un film de Pascal Bourdiaux : critique

Suite d’un premier opus qui n’a pas fait l’unanimité, Boule et Bill 2 ne surprend à aucun moment et s’avère être une mauvaise comédie qui ne rend pas honneur à la bande-dessinée dont elle est tirée.

Synopsis : La famille de Boule mène une existence aussi heureuse que paisible. Bill est parfaitement intégré dans cette petite famille, Boule travaille bien à l’école, sa maman donne des cours de piano à domicile tandis que son père est un dessinateur reconnu. Tout bascule lorsque l’éditrice de ses bandes dessinées, bourrue et acariâtre, rejette le travail du père de Boule. Elle y voit une grosse panne d’inspiration due au fait que sa famille vit dans un bonheur très négatif sur sa créativité. Le père de Boule revient à la maison avec la ferme intention de réveiller sa famille de ce bonheur en générant un grand nombre de « bêtises ». Boule et Bill mais aussi la maman vont également se mettre à faire dérailler ce « bonheur » familial jusqu’à l’explosion.

Après un premier opus très décevant et sans saveur, Boule et Bill 2 s’annonçait dans la même continuité du long-métrage d’Alexandre Charlot et Frank Magnier. Cette fois réalisée par Pascal Bourdiaux, la suite des aventures du rouquin et de son cocker ne garde que Frank Dubosc dans le rôle du père de Boule, Mathilde Seignier Seigner reprenant le rôle de Marina Fois Foïs et Boule passant de Charles Combrez à Charlie Langendries, qui fait ainsi ses débuts au cinéma. Cette nouvelle adaptation de l’oeuvre homonyme de Jean Roba s’inscrit dans un cinéma français qui puise de plus en plus son inspiration dans les bandes dessinées franco-belges. On a pu voir défiler au cinéma les aventures d’Astérix et Obélix,  des Profs, de Benoit Brise-fer et bientôt de Spirou et Fantasio, le Petit Spirou ou encore Valerian et Laureline. Le 9ème art représente un vivier exceptionnel pour les cinéastes, pour le meilleur et pour le pire.

Attention chien dangereux

boule-et-bill-2-franck-duboscAlors que vaut cette suite ? Pas grand chose. Pour discuter de la qualité du film, il faut avant tout interroger sa raison d’être. Le premier opus faisait concluait l’histoire avec la famille heureuse telle qu’on la connaît dans la bande-dessinée. Le foyer bien installé, il n’y avait alors plus aucune raison de filmer la famille Roba. Les producteurs avaient donc deux solutions, soit développer l’aventure dans un autre milieu apportant ainsi de nouvelles thématiques, soit ne pas faire de suite afin de pas abîmer encore plus l’oeuvre originale. Si Boule et Bill 2 sort au cinéma, c’est qu’aucun de ces deux choix n’a été retenu. Les presque 2 millions d’entrées du premier film ont motivé un deuxième film, qui décide de placer son histoire dans une banlieue tranquille, ne s’éloignant que très peu de l’univers du premier film. De par ce postulat, Boule et Bill 2 est avant tout une comédie très ennuyeuse qui peine à offrir une intrigue intéressante. L’absence d’utilité d’un deuxième opus se dessine à travers une mise en abyme volontaire ou non.

Au début du film, le père de Boule, dessinateur de bande-dessinées inspirées de sa propre vie, est convoqué par son éditrice. Elle annonce la couleur : « sa bande-dessinée est ennuyeuse car trop niaise et pas assez malheureuse ». Ce constat vaut également pour le film. Une des intrigues consistera donc à voir Frank Dubosc faire des pieds et des mains pour apporter du malheur et du rythme à sa vie trop tranquille. L’analogie se fait directement avec les auteurs du film. Tout le long-métrage est une vague tentative d’insuffler un but et des actions à un film qui n’a rien à raconter. On voit très péniblement Dubosc cabotiner pour provoquer des réactions dans sa famille, de la même manière qu’on voit le film boiter pour offrir quelque chose aux spectateurs. Boule et Bill 2 donne l’impression d’être la commande d’une éditrice en colère qui va pousser ses auteurs à faire du remplissage sans avoir aucune idée de ce qui doit être raconté.

N’est pas film qui veut

boule-et-bill-2-charlies-langendriesLe film devient alors une succession de petits gags sans aucun lien narratif qui peine à attacher le spectateur à des enjeux ou personnages. Si la bande-dessinée n’était  parfois constituée que de gags en quelques cases, il est une lapalissade de dire que la bande-dessinée et le cinéma sont deux arts différents, fonctionnant sur un schéma très distinct. Là où le film aurait pu puiser dans les longs albums d’aventure de Boule et Bill afin d’offrir une certaine consistance, il préfère se complaire dans les gags faciles et lourdingues. Et ici est souligné le principal problème des adaptations de bandes-dessinées. Ce qui marche dans les pages d’une BD ne fonctionne pas pour autant sur le grand écran. Un long-métrage ne peut se suffire d’être un défilé de courtes situations. Le problème de Boule et Bill 2 n’est pas d’être une mauvaise adaptation, mais de ne pas exister en tant que long-métrage cohérent. L’argument de  » c’est un film pour enfants  » est irrecevable. « Films pour enfants » n’est pas synonyme de films crétins ou de films inconsistants. Une oeuvre peut être légère et destinée aux enfants, sans complaire dans l’humour pipi caca. On peut néanmoins reconnaître certaines qualités à Boule et Bill 2. Les enfants se retrouvent bien plus convaincants que les adultes, mention spéciale au très bon Charlie Langendries (Boule). On retrouve une certaine sensibilité et nostalgie dans les amourettes et querelles de cour de récré.

Bien que pavé de bons sentiments, Boule et Bill 2 tente d’exister tout en ayant rien à raconter.

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Boule et Bill 2 : Bande-annonce

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Boule et Bill 2 : Fiche technique

Réalisation : Pascal Bourdiaux
Scénario : Benjamin Guedg d’après l’œuvre de Jean Roba
Interprétation : Franck Dubosc (Pierre Roba), Mathilde Seigner (Carine Roba), Jean-François Cayrey (Antoine Bérigaud), Charlie Langendries (Boule), Manu Payet (Bill), Nora Hamzawi (Diane Duffosoir)
Photographie : Axel Cosnefroy
Chef monteur : Audrey Simonaud
Compositeur : Mathieu Lamboley
Chef décorateur  : Maamar Ech-Cheikh
Chef costumier : Laurence Chalou
Producteurs : Cyril Colbeau-Justin et Jean-Baptiste Dupont
Production : LGM Cinéma, Pathé, CN5 Productions, TF1 Films Production
Société de distribution : Pathé Distribution
Genre : Comédie
Durée : 86 minutes
Date de sortie : 12 avril 2017

France – 2017