Blackout Total : Un After Hours dopé aux oestrogènes !
Synopsis : Meghan, présentatrice télé, a passé une sale journée. Elle vient de se faire larguer par son fiancé, n’a pas obtenu la promotion qu’elle convoitait… Pour lui remonter le moral, ses copines l’emmènent faire la fête toute la nuit. Mais le lendemain matin, elle se réveille dans le lit d’un parfait inconnu, sans argent, ni téléphone portable. Elle apprend également qu’elle est de nouveau en lice pour décrocher le boulot de ses rêves. Arrivera-t-elle à temps à la chaîne de télé pour passer une audition ?
Après avoir épuisé jusque dans ses moindres recoins les thèmes du mariage (Serial Noceurs, Un Grand Mariage) de la camaraderie policière (Very Bad Cops, Bad Boys) ou du road-movie (Paul, Thelma et Louise), les studios américains ont bien vite compris que la recette du succès d’une comédie repose sur sa modernité et sa capacité à aborder des phénomènes de sociétés courants au sein de son scénario.
Et après l’orgie prénuptiale de Very Bad Trip, et celle dégénérée de Projet X, on attendait de voir comment les scénaristes américains allaient exploiter le filon de ces soirées arrosées, pouvant provoquer, si l’alcool est consommé sans modération, un blackout total ! Et pourtant, bien que les deux films précédemment cités apparaissent comme des sources d’inspiration majeures, il y en a un, moins connu qui dessine la trame du film en lui-même : After Hours (ndlr : film de Martin Scorsese sorti en 1985) !
Car, à la vue de Blackout Total, difficile de ne pas constater l’étonnante ressemblance avec ce dernier tant ces deux films dépeignent, la même épopée que doivent traverser leurs personnages, à la suite de trop nombreuses mésaventures dans une ville devenue bien vite inhospitalière lorsqu’on ne possède ni argent, ni moyen de transport, ni pièce d’identité. Et à l’heure où Scorsese choisissait la jungle urbaine new-yorkaise comme lieu de pérégrination de son protagoniste, Steven Brill, le réalisateur, opte pour la tentaculaire cité de Los Angeles et décide, à l’heure ou l’essor féministe bat son plein sur Hollywood (Gravity, Zero Dark Thirty), de doter son film d’un personnage principal féminin.
Et a bien des égards, cette décision féministe constitue la seule originalité du film tant celui-ci accumule les clichés, de façon souvent maladroite. Entre des policiers bornés, peu compréhensifs et débiles, une bande de copine qu’on ne souhaiterait pas voir, des gamins obsédés par les seins, la coiffure blonde laissant présager bon nombre de blagues vaseuses et l’implantation des 3 tabous de l’Amérique (Sexe-Drogue-Alcool) dans son scénario, les comiques de situations présents déçoivent la plupart du temps non pas pour leur efficacité mais plus pour leur originalité.
En même temps, dur, dur de passer derrière un mastodonte de la trempe de Scorsese sans éviter les écueils me direz-vous. Il n’empêche que le réalisateur tout en délivrant ce divertissement insère de manière certes peu discrète à travers un dialogue, une satire sur le rôle des médias, préférant s’attarder sur les embouteillages et la pérégrination d’une femme en robe jaune p*** que sur des réels enjeux d’ordres internationaux tels que la tenue d’un G8 ou un incident diplomatique.
Des médias qui, en l’affublant du statut de présentatrice phare, arrivent à prouver que la réussite est possible aussi bien pour les hommes que pour les femmes. Et voir cette bouffée d’oxygène sociale et comique au milieu de ce monde d’hommes est quelque peu encourageant et permet d’espérer que les 5% de réalisatrices américaines et le trop faible nombre mondial ont du potentiel qu’il serait grand temps d’exprimer.
Allez les filles !