Avec Ballerina, Eric Summer et Eric Warin signent un film d’animation riche en aventures et rebondissements qui ravira petits et grands. Divertissement familial par excellence, cette comédie virevoltante a toutes les chances d’attirer les foules.
Synopsis : Félicie est une jeune orpheline bretonne passionnée de danse classique. Habituée à faire les quatre cents coups avec Victor, son complice de toujours, elle rêve de s’enfuir pour aller étudier à l’Opéra de Paris. Un jour, les deux amis se font la malle et débarquent dans une capitale en pleine effervescence. C’est le début d’une grande aventure.
Danser sa vie
Ballerina est un film qui place la danse au centre de son récit. Par conséquent, il en émane une force de vie et un dynamisme constants grâce à deux héros perpétuellement en mouvement. Félicie, la jeune orpheline, ne tient pas en place une seconde et s’amuse à tout faire en rythme : elle court sur les toits, fait la vaisselle en sautillant, se cache, se faufile sur la pointe des pieds, s’agite avec un enthousiasme débordant au son d’une musique celtique entraînante… En bref, c’est un véritable électron libre qui déborde d’énergie, tout comme son meilleur ami Victor, gaffeur roublard et graine de saltimbanque qui présente une inclinaison particulière pour les cascades et les vols planés. Sur terre, dans les airs, en voiture ou en bateau, les personnages ne s’arrêtent jamais, et le spectateur est happé par ce tourbillon frénétique qui démarre sur les chapeaux de roue sans jamais faiblir, ou rarement. Mais attention : les héros ne se débattent pas en vain. Loin de brasser du vent, Ballerina est un joli récit d’apprentissage qui met en avant la puissance des passions et la magie du rêve, en portant à l’écran le destin romanesque et merveilleux d’une gamine des rues qui se hisse au sommet grâce à son optimisme, sa volonté et sa puissance de conviction inébranlables. De l’orphelinat à la grande scène de l’Opéra de Paris, Félicie atteint les étoiles et son apogée nous fait sourire. Attachante, cette héroïne au coeur tendre fait naître de l’affection chez le public, notamment grâce à son humanité sincère et sa gaieté à toute épreuve.
Au bout du rêve
Loin d’être niais ou manichéen, le film dispense une belle leçon d’éducation qui s’adresse aussi bien aux enfants qu’aux adultes et qui présente de solides vertus pédagogiques, atout considérable pour une fiction familiale comme celle-ci. Ballerina véhicule des propos intelligents et justes en prônant la simplicité, l’amitié, la gentillesse et l’entraide, le courage, la persévérance mais aussi la modestie, l’honnêteté et la droiture. Rester fidèle à soi-même, à ses valeurs, choisir l’intégrité et ne pas céder aux sirènes du succès ni prendre la grosse tête : voilà ce que cherchent à nous dire les réalisateurs. Félicie s’égare en chemin, renie ceux qui lui ont tendu la main, tourne le dos à son ami et en oublie ses valeurs ; tandis que sa rivale de toujours, Camille, est animée par un désir de gloire et un esprit de vengeance qui confine à la méchanceté et à la mesquinerie. Pourtant, à la fin, tous vont apprendre de leurs erreurs et faire amende honorable, ce qui prouve bien que Ballerina ne veut pas seulement divertir son audience : le film veut fédérer autour d’une histoire universelle qui se rapproche des contes en brossant les portraits d’une galerie de personnages dont les failles et les défauts les rendent imparfaits, mais leur permettent d’avancer. Ne jamais renoncer, croire en ses rêves, mais ne jamais oublier d’où l’on vient : tant de petits messages qui ne tombent pas dans l’oreille d’un sourd et qui offrent aux enfants le moyen de réfléchir sur les notions de bien et de mal. On peut cependant déplorer la présence à l’écran de quelques figures très caricaturales comme la mère de Camille, sorte de marâtre cruelle et impitoyable qui rappelle la sorcière de Blanche-Neige ou encore Maléfique. Mais, en dépit d’un léger manque d’inventivité et d’un scénario convenu, le film respecte le cahier des charges et ne prend pas le spectateur pour un idiot, fait assez rare pour être souligné à l’ère où les dessins animés sont le plus souvent des machines mercantiles bien huilées où les gags s’enchaînent sans pertinence.
Paris je t’aime
Dernier point agréable, Ballerina est un film qui initie à la culture, en partie grâce à sa thématique centrale, à savoir le ballet. On y voit l’Opéra, les danseurs, on y apprend le nom des pas, et on y entend des morceaux très connus du répertoire classique, comme Le Lac des Signes ou Casse-noisette. L’univers est beau, stimulant, joli et chatoyant ; l’esthétique est travaillée (les chorégraphies ont été élaborées par une vraie danseuse étoile, le palais Garnier est magnifiquement restitué). De plus, l’intrigue, qui se déroule à l’aube de l’ère industrielle, montre un Paris en pleine mutation avec sa tour Eiffel et sa statue de la Liberté en construction, son palais du Trocadéro, mais aussi ses bars et sa vie nocturne trépidante qui grouille de talents, d’inventeurs en tous genres et d’esprits libres. Victor, chercheur en herbe, n’a de cesse d’élaborer des prototypes d’ailes de pigeon, de moteurs volants, et laisse parler son imagination dans une époque où les récentes révolutions rendaient le progrès possible. A l’image d’Un Monstre A Paris, le film nous plonge donc dans un Paris rétro sympathique et amusant qui fleure bon la nostalgie et la folie douce. Certes, la ville est idéalisée, mais on en apprécie le rendu et on souligne au passage l’apport pédagogique d’un tel dispositif, puisque là encore, les enfants découvrent de grands monuments et se familiarisent avec des personnalités historiques comme Gustave Eiffel, par exemple.
En somme, Ballerina est un divertissement de Noël honnête et dépaysant qui nous accroche par la spontanéité et la joie de vivre de ses deux petits héros mais également par son ambiance rétro et son atmosphère particulière, où résonnent des airs d’Opéra et où les danseuses étoiles brillent de mille feux. Une belle ode au rêve, à l’art et à l’amitié.
Ballerina : Bande-annonce
Ballerina : Fiche Technique
Réalisation : Eric Summer et Eric Warin
Scénario : Carol Noble, Laurent Zeitoun & Eric Summer
Doublage : Félicie (Camille Cottin VF/Elle Fanning VO) ; Victor (Malik Bentalha VF/Dane DeHaan VO) ; Camille (Kaycie ChaseVF/ Maddie Ziegler VO)
Musique : Klaus Badelt
Montage : Yvann Thibaudeau
Direction artistique : Florent Masurel
Chorégraphies : Aurélie Dupont et Jérémie Bélingard
Animation : Theodore Ty
Producteurs : Laurent Zeitoun, Yann Zenou, Nicolas Duval
Sociétés de production : BBDA Quad Productions, Caramel Films
Société de distribution : Gaumont
Durée : 90 minutes
Genre : Animation
Date de sortie : 14 décembre 2016
France-Canada – 2016