Raphaël Quenard, c'est l'acteur-foudre qui électrise l'écran entre génie et autodérision, entre fureur sacrée et clowneries de comptoir. Dans "I Love Peru", lui et Hugo David jouent à cache-cache avec la vérité, transformant leur amitié en un spectacle déjanté où l'intime devient performance. Du trou de balle flouté aux tirades lyriques, tout n'est que traquenard et c'est jubilatoire.
Inscrit10 mars 2023
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Tout commence par un carillon. À peine audible, mais déjà trop net. Dans Chime, Kurosawa ne filme pas l’horreur : il l’infiltre. Un plan fixe, une injonction absurde (« coupe plus droit »), un silence qui devient entaille. L’étrangeté ne surgit pas, elle s’installe. Elle use le réel, l’évide, jusqu’à ce qu’il devienne inquiétant par saturation de normalité.
Avec Jeunes Mères les frères Dardenne -dignes héritiers belges du cinéma naturaliste et engagé de Ken Loach - poursuivent une œuvre sensible, éprise de mesure, presque trop bien écrite dénonçant les déterminismes sociaux au risque d'oublier le choc des déséquilibres et la folie du spontané.
Il y a, dans Partir un jour, cette scène où Cécile (Juliette Armanet, lumineuse de vulnérabilité) écoute en silence une chanson de Dalida dans la cuisine du restaurant familial. Pas de dialogue, juste le froissement d’une nappe en papier, le cliquetis des couverts, et cette mélodie qui traverse les années comme un sourire oublié. Amélie Bonnin filme ces instants suspendus où l’émotion se devine plutôt qu’elle ne se montre, où l’amour se cache dans les gestes du quotidien – une main qui effleure une épaule, un regard furtif au-dessus d’un plat de frites.
Dans une mise en scène âpre et sévère, "Le Clan des Bêtes" livre avec une humanité profonde et suffocante un western dur et noir réfléchissant sur ce que peuvent devenir des hommes abîmés sans être portés par des femmes.
Dans Cassandre, Hélène Merlin plonge à vif dans les zones d’ombre de la famille, là où l’inceste n’est plus un tabou mais une mécanique perverse étouffante. Porté par un duo d’acteurs sidérant — Zabou Breitman et Éric Ruf — le film bouscule, dérange, choque parfois, mais ne laisse jamais indemne. Un huis clos familial empoisonné, tendu, où la parole, quand elle surgit, explose les murs du silence.
Film abîmé et inspiré parlant de vies abîmées, Je le Jure de Samuel Theis transcende le film de procès par la photographie d'une justice impossible dans un portrait intense et émouvant d'un juré empathique et profondément humain.
Dans cet entretien à deux temps, Colette Soler revient sur sa formation auprès de Lacan, interroge la transmission en psychanalyse et explore les paradoxes de la vérité, du langage et du réel. Un échange rigoureux et vivant, entre mémoire, pensée en mouvement et exigence clinique.
Dans This is la Mort, la danseuse Zoé Lakhnati propose de créer un atlas de mémoire corporelle, une danse vigoureuse, jubilatoire et électrisante. Danse géniale de l'héroïsme déchu des corps capitalistes conquérants qui se désagrègent avec une vitalité rieuse et sexy.
Dernier chef-d'œuvre de Paolo Sorrentino, "Parthenope" mêle beauté, poésie et mélancolie à travers l’histoire d’une jeune archéologue. Ce film baroque, vibrant d’intelligence et de nostalgie, célèbre la puissance du cinéma pour éveiller des émotions profondes et nous transporter dans l’éternité de Capri. Un voyage esthétique inoubliable où chaque scène résonne d’une beauté intemporelle.
Dans un film dur et impérieux, puissant et magistral, "La Convocation", Halfdan Ullmann Tøndel dénonce les ravages et dérapages des mythomanies et névroses familiales en milieu scolaire. Un coup de maître.
Empreint de finesse, vivacité subversive et tendresse provocatrice, Judith Davis fondatrice du collectif de théâtre "L'avantage du doute" signe avec "Boujour l'Asile" un film-manifeste salutaire interrogeant l'écrasement de l'humain par les normes et notre "vivre-ensemble".

















