Inscrit23 juin 2019
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« A la moitié du repas, Al et moi nous renversions contre le dossier de notre chaise, n’étant plus bons qu’à écouter et à regarder, en proie à une sorte d’hébétude. Miss Lyse avait l’air d’un personnage sorti d’un dessin animé de Walt Disney… grignote, grignote, mord, mastique, grignote, grignote… dévorant méthodiquement tout ce qui se trouvait sur la table, au point que nous n’aurions pas été surpris le moins du monde de la voir s’attaquer avec beaucoup de délicatesse, entre deux menus propos, aux assiettes elles-mêmes, tout en nous adressant un vif regard de ses yeux noirs et un petit signe de sa tête blanche, puis aux livres alignés sur le dessus de la cheminée, ingurgitant peu à peu toute la rangée, Shakespeare, Confucius, Claudine à l’école, Les Croix de bois, The Methodist Faun,… grignote, grignote, cric, crac, croque. »
« Monstre, extraterrestre, croque-mitaine, animal fabuleux, chimère, fantôme, dragon, lémure, esprit, divinité, autant de dénominations qui n’ont pu réussir à expliquer l’apparition des Toutes il y a quelques années. Après avoir pris la totalité de l’espace dans les médias, la vie et son quotidien ont repris leur cours en compagnie de ces nouveaux amis. L’enthousiasme quasi hystérique des scientifiques semble lui-même se calmer un peu. Fait notable : aucune religion n’a essayé de diaboliser l’existence des Toutes et il faut bien avouer que tout le monde les adore. Cela est dû à leur caractère doux et calme et bien entendu à leur incroyable beauté. »
« Ç’a été comme ça pendant tout le mois… Je pense que Sandra me déteste. Elle n’arrête pas de me donner du boulot et ensuite elle annule tout, sans raison. »
« Dans le Montana, il existe une cinquième saison, un moment suspendu entre l’hiver et le printemps, entre le gel et le dégel. Une « saison brune » intermédiaire, où les glaces ont commencé à fondre… mais où le printemps n’a pas encore affirmé sa présence. »
« En compagnie d’Estelle, Dorothy devenait plus tapageuse, puérile et joyeuse qu’avec n’importe qui d’autre. Estelle faisait ressortir les instincts subversifs chez ceux qu’elle fréquentait. Pour leur toute première rencontre, elles avaient atterri dans la cuisine d’Estelle où elles avaient sifflé une bouteille de sherry à 2 heures de l’après-midi en se racontant leur pauvre vie, et celle-ci leur avait paru si désespérante qu’un fou-rire de plusieurs minutes les avait gagnées. Elles étaient amies depuis ce jour-là. »