Comme le disait Orelsan, la famille c’est que des emmerdes. Des repas qui n’en finissent pas avec des gens qu’on est obligé de voir, de l’argent jeté par les fenêtres à Noël et aux anniversaires, des névroses dont on ne se débarrasse jamais vraiment. Et accessoirement des films boursouflés chargés comme la dinde du réveillon qui accablent plus qu'ils ne libèrent le spectateur de son quotidien. Ca tombe bien, c’est aussi le thème de ce troisième jour de l’Arras Film Festival.
PositionRédacteur LeMagduCiné
Inscrit16 octobre 2017
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"Titulaire d'un master en filmologie et actuellement en doctorat, Guillaume a déjà travaillé pour quelques médias avant de rejoindre l'équipe. Fan de James Cameron et George Miller, dévot de Michael Mann et Tsui Hark, groupie de John Woo et John Carpenter, il assure néanmoins conserver son objectivité critique en toutes circonstances, particulièrement pour les films qu'il n'aime pas (en gros: La Nouvelle-Vague, les Marvel et Denis Villeneuve). Il aime les phrases (trop) longues, la douceur sémantique de Booba et Kaaris, et le whisky sans coca"
Le coup d’envoi est donné, les athlètes viennent de quitter la ligne de départ pour s’élancer sur la piste : le marathon de l’Arras Film Festival 23ème du nom a démarré, et comme de coutume il se court à l’allure d’un sprint. Pas le temps de niaiser, ni de regretter le verre de trop de la veille. C’est dans le dur qu’on se découvre des super-pouvoirs, et c’est en persistant qu’on apprend à s’en servir. Faire un festival, c’est comme entrer dans la salle de l’esprit et du temps dans Dragon Ball Z : une bulle temporelle dans laquelle on entre simple mortel, et dont on ressort Super-Sayien.
Un festival de cinéma, c'est comme un film : pour accrocher le spectateur il ne faut pas se louper sur l’entrée en matière, et mettre d’emblée les petits plats dans les grands. Autant dire que le film Chœur de rockers, sélectionné pour l’ouverture de cette 23ème édition de l’Arras Film Festival, était comme de coutume attendu au tournant.
La séduction, ce n’est jamais que de la légèreté qui n’en pense pas moins et cette interdiction formelle à extérioriser la gravité, Hors d'Atteinte ne va pas la subir mais l’embrasser. A l’instar de ses deux personnages principaux finalement, qui se laissent aller à la spontanéité des sentiments au détriment des attendus de leurs fonctions respectives.
A l’instar de la plupart des films de Ringo Lam, Full Alert confronte le libre-arbitre de ses personnages à la fatalité de la violence. Une lutte qui se manifeste en l’état par un mouvement de fuite en avant effréné, comme un train de marchandises lancé à grande vitesse sans personne aux commandes.
L’ennemi ne dessine pas une trajectoire linéaire, mais calligraphie un cycle en train de se répéter. Meurtrier ou non, Louis Durieux est avant tout un homme pris dans la toile d’Araignée de son fil d’Ariane, et perdu dans le labyrinthe de sa fatalité.Stephan Streker fait partie de ces réalisateurs qui emmènent le spectateur dans les abysses.
Dans Strange Days, Kathryn Bigelow n'anticipait pas seulement l'affaire Georges Floyd, mais le support de diffusion qui allait conduire à l'embrasement général. C’est parce que le meurtre de Georges Floyd se ressent « comme un film » qu’il est aussi insoutenable, et c'est parce qu'il traduit un point de vue qu'il peut se rapporter à un film. Le chemin vers l’empathie n’est pas jalonné de postures ou de discours creux : il doit être brutal et douloureux pour ne plus laisser le choix à ceux qui l’empruntent. La violence de l'expérience, tel est le prix à payer pour connecter avec la réalité de l'image celui ou celle qui la regarde.
Comme un Rambo avant l'heure, Robin recrée un champ de bataille pour se sentir chez lui et tisse lui-même le narratif de sa légende (défenseur des pauvres vs nobles cupides) pour épancher sa soif de bataille (voir le duel final, anti-cathartique au possible). Dans La rose et la flèche, le héros, le personnage devient un psychopathe qui nourrit ses traumatismes de guerre avec son hubris démesuré.
Le réalisateur n’est pas fasciné par la figure de Jesus pour rien, ni pour les allégories sulfureuses qui outragent ceux qui préfèrent attacher leur investissement dans l'action à la laisse de leurs certitudes morales. Réalisateur no limit, Paul Verhoeven ne demande pas autre chose à ses spectateurs. Tant pis pour ceux qui ne veulent pas.
Sur un strict plan cinématographique, J’accuse n’est pas plus tributaire de ce qu’a pu faire ou non Polanski que ses précédents travaux. Au final, c’est moins à la culture du viol dont la polémique J’accuse se fait l’écho qu’au blanc-seing dont jouissent ceux qui passent toujours à travers tout, et dont Polanski est devenu un symbole reconnu.
Guerre il y a dans Generation Kill, mais très peu de contacts directs. Confinée dans des véhicules blindés sillonnant les parties plus ou moins accueillantes du pays, l’unité dépeinte semble constamment séparée du terrain par une frontière infranchissable. Y compris lors des échanges de feu nourri, où deux territoires (l’Irak, les soldats U.S) semblent entrer en collision sans jamais former un terrain d’affrontement à proprement dit. Ce n’est pas des mondes qui se confrontent, mais deux dimensions parallèles qui se frottent : tout semble s’opérer par interface interposée. Même les morts (et les bavures), pourtant l’inévitable corollaire de la guerre, se trouvent d’abord déréalisés par le dispositif.
Sous ses airs de commande boostée par un projet de mise en scène, Gemini Man aligne toutes ses planètes sur le même curseur. Ainsi l’argument du double numérique, loin de constituer un simple produit d’appel, permet justement de construire l’identification au héros sur une base qui n’est plus seulement celle de l’empathie, mais de l’expérience. Bienvenue dans l'ère du spectateur-acteur, mais en 3D HFR exclusivement.