Après Neuf mois ferme et Adieu les cons, Albert Dupontel nous offre avec Second Tour une nouvelle comédie décalée à l'humour grinçant. Sur fond d'une campagne électorale particulièrement mouvementée, le film mène une réflexion pertinente sur le monde du pouvoir et des médias. Avec son coutumier brin de folie, le réalisateur nous livre ainsi un regard tantôt enfantin, utopiste, tantôt désenchanté sur l'engagement politique, ses affres et ses promesses. Vive la République !
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Inscrit25 juillet 2015
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Émerveillée par le cinéma depuis le Roi Lion, mon premier film en salle, j’aime les films qui font rêver, qui hantent et ne nous quittent jamais. J’admire particulièrement la richesse des œuvres de Stanley Kubrick, Christopher Nolan et Quentin Tarantino. Je suis également une adepte du cinéma asiatique, de Yasujiro Ozu, Akira Kurosawa à Wong Kar-Wai, Hayao Miyazaki et Park Chan-Wook. Travaillant dans le monde juridique, j'écris des critiques à mes heures perdues.
Ce samedi 9 septembre a marqué la fin du 49ème Festival du cinéma américain de Deauville. Une édition singulière, sur fond de grève hollywoodienne, où la relative désertion du tapis rouge n’a pas empêché de célébrer le septième art. Qu’il s’agisse de la compétition, des avant-premières ou des documentaires, les films se sont distingués cette année par leurs variétés et leurs richesses. LaRoy, l’exceptionnel thriller à l’humour noir de Shane Atkinson, sort grand vainqueur du Festival, clôturé par le film de danse Joika.
Quatrième long-métrage de Babak Jalali, Fremont, sélectionné en compétition au Festival de Deauville 2023, retrace le parcours d'une jeune réfugiée afghane. A travers ce portrait filmé en noir et blanc, le drame traite avec humour et fantaisie de l'immigration et de la solitude. Par un curieux hasard, Babak Jalali a présenté Fremont le jour même de son anniversaire, en offrant au public le produit phare de la promotion du film, les fameux biscuits croustillants en forme de lune.
Premier long-métrage très remarqué de Shane Atkinson, Laroy part grand favori du Festival de Deauville 2023. Thriller sombre à l'humour noir, porté par des personnages savoureux, une intrigue à rebondissements et une réalisation maîtrisée, Laroy s'inscrit dans l'héritage des frères Coen et de Quentin Tarantino.
Premier film de la réalisatrice Roxine Helberg, Cold copy est présenté en compétition au Festival de Deauville 2023. Sous la forme d'un thriller d'investigation, le film raconte le parcours de Mia, une étudiante en journalisme ambitieuse et déterminée. Malgré sa tournure peu originale, l'intrigue de Cold copy fonctionne bien et nous interroge sur notre rapport à la vérité.
Présenté en compétition au Festival de Deauville 2023, La vie selon Ann de Joanna Arnow décrit le quotidien d'une femme trentenaire s'épanouissant sans complexe dans la soumission sexuelle comme professionnelle. Un portrait sans relief, aux longueurs parfois dérangeantes, où se succèdent une suite de saynètes plutôt ennuyeuses.
Après les relatifs échecs commerciaux de Lucy, Valérian et Anna, Luc Besson a épuisé son droit à l'erreur et était attendu au tournant. Avec Dogman, il marque son retour au cinéma en changeant de registre. La science-fiction et l'action laissent ainsi place à un drame singulier boitillant à quatre pattes, sur un fil tenu constamment prêt à lâcher. Présenté en avant-première au Festival de Deauville 2023, le film a été ovationné par le public.
Troisième film en compétition au Festival de Deauville 2023, The sweet east trace le parcours initiatique, sous la forme d'un conte fantastique, d'une lycéenne en quête d'aventures. A l'image d'Alice aux pays des merveilles, la jeune fille rencontre au fil de son voyage des personnes atypiques et un monde américain moins visible et plus authentique. Le premier long-métrage de Sean Price Williams nous propose ainsi une belle virée au coeur de l'Amérique profonde.
Premier film de la réalisatrice d'origine coréenne Céline Song, Past lives relate la relation complexe de deux amis d'enfance qui se retrouvent et se redécouvrent au fil des années, entre Séoul et New-York. Un drame romantique, personnel et touchant, mêlant passé et avenir, Asie et Occident, croyances et réalités.
Avec I.S.S., la réalisatrice américaine Gabriela Cowperthwaite quitte l'univers du documentaire et signe un thriller glaçant disséquant l'âme humaine. Sur un fond tragiquement plausible de nouvelle guerre mondiale, elle brosse dans un huis clos poignant les portraits d'astronautes confrontés à des ordres fatidiques, aux peurs les plus intimes et à l'imminence de leur mort. Prisonniers dans une station en chute libre, l'humanité part à la dérive...
Le Prestige, tour de passe-passe cinéphile, donne à voir la nature destructrice de l'obsession. Le film de Christopher Nolan voit s'affronter deux prestidigitateurs, investis corps et âme pour créer le meilleur tour de magie. Une course à l'invention, à l'innovation, en recherche effreinée du spectacle parfait, dont le coût iniminaginable dépasse ce que l'on est. Secrets, mensonges, trahisons, voilà l'amère contrepartie d'une vie de magicien, une vie vouée à la représentation qui ne doit révéler aucune part de son mystère, même dans les cercles les plus intimes.
Le réalisateur espagnol Victor Erice signe avec Fermer les yeux un drame testamentaire empreint de nostalgie et d'amour du cinéma. En traitant de la mémoire, du vieillissement et du deuil, le cinéaste de quatre-vingt-trois ans signe un film somme sur la puissance de l'image, malheureusement un peu dissous au sein d'une trop longue narration. Si Victor Erice incite à ne pas s'enfermer dans les souvenirs, il en dépeint la force émotionnelle et le rôle essentiel qu'ils jouent pour notre identité. S'il faut "fermer les yeux", c'est bien à cause de la puissance évocatrice de l'image, qui telle une madeleine de Proust, nous ramène à des moments véçus, des émotions trop vives. Malgré ses sujets intéressants, Fermer les yeux ne se révèle pas facilement. Le film prend en effet tout son temps, peut-être un peu trop, à installer son climat, ses personnages, ses silences, ses moments de vie fugaces tels qu'une chanson fredonnée au coin du feu ou la cueillette des tomates au potager. Le film laisse donc en tête de belles images, mais aussi un petit goût de déception face à une œuvre dont le traitement étouffe quelque peu son potentiel dramatique.