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Une nouvelle adaptation graphique de « Voyage au centre de la Terre »

Jonathan Fanara Responsable des pages Littérature, Essais & Bandes dessinées et des actualités DVD/bluray

Les éditions Delcourt publient dans leur collection « Ex-Libris » le premier tome d’une adaptation graphique en deux parties du roman de Jules Verne Voyage au centre de la Terre.

Les adaptations graphiques ont le vent en poupe. La dernière en date prend place dans la collection « Ex-Libris » des éditions Delcourt. Voyage au centre de la Terre, premier tome d’un diptyque inspiré du classique indémodable de Jules Verne, est une œuvre aboutie, qui se termine avec le personnage d’Axelle, narrateur féminisé dans cette adaptation, perdu sous le volcan Sneffels, et passablement diminué par les épreuves traversées.

Cette transposition de genre crée une tension narrative, une fine strate d’évasion dans une société portraiturée comme conservatrice et patriarcale. Dans l’inconfort d’une posture masculine, Axelle offre une nuance sociale moderne à ce récit du 19ème siècle. Son personnage contribue à souligner les incapacités systématiquement associées aux femmes de son époque. Même l’éminent Professeur Lidenbrock se prend à regretter que sa nièce… ne soit pas son neveu !

Les protagonistes de Jules Verne prennent ici la forme de lapins anthropomorphes. L’image du Professeur Lidenbrock, minéralogiste et géologue allemand respectable, dont la situation à Hambourg est envieuse, n’échappe pas à cette redéfinition typologique, pas tout à fait étrangère à la légèreté qui préside au récit. En effet, cela adoucit le sérieux de l’expédition scientifique et apporte une couleur inédite à l’histoire imaginée par Jules Verne.

Lidenbrock apparaît par moments comme une caricature du savant qui cherche à s’inscrire dans la postérité. Sa joie démesurée à la découverte du parchemin codé révèle un homme soucieux de marquer la science de son empreinte. C’est un explorateur passionné, un peu vaniteux, et non sans maladresse, notamment lorsqu’il manque de trahir, à plusieurs reprises, le secret de l’identité véritable d’Axelle.

Hans Bjelke, le guide de l’expédition, participe évidemment pleinement à l’épopée et prend une place toujours plus grande au cours du récit. Ce trio, avec ses compagnons très secondaires, fait face à des dangers naturels effroyables et des défis de complexes, augmentant le sentiment d’aventure et de péril. Trombe, grisou, embranchements inexplorés, voies sans issue se complètent d’un aspect labyrinthique et sous-terrain volontiers claustrophobique. La soif et la fatigue se mêlent en sus à ces épreuves.

La qualité et l’ambiance graphiques de la bande dessinée est à souligner. L’expédition constitue naturellement le cœur vibrant du récit et Voyage au centre de la Terre se pare des atours d’une ode à la science, à la découverte et à l’aventure. Riche en péripéties, nanti d’un personnage féminin fort, pas dénué d’humour, ce premier tome réussi suscite la curiosité et comporte son lot de promesses pour la suite.

Voyage au centre de la Terre, Rodolphe et Patrice Le Sourd
Delcourt, mai 2023, 48 pages

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