Vivre est dangereux pour la santé paraît aux éditions Fluide glacial. Espé y explore avec un humour noir et décapant des thématiques universelles telles que l’éducation, le sexe, l’identité, la mort ou le monde de l’entreprise. À travers une grande variété de situations, absurdes mais rarement gratuites, il renvoie l’homme à ce qu’il a de plus pathétique.
Volontiers ironique, tournant en dérision à peu près tout et n’importe quoi, Espé met en scène des situations impliquant l’alcoolisme, l’intelligence artificielle, la vieillesse ou la mort, usant d’un humour noir efficace, tour à tour visuel et textuel.
Chaque planche de Vivre est dangereux pour la santé est un récit autonome qui fonctionne comme un miroir déformant de notre société, révélant son visage le plus absurde. Que ce soit à travers le prisme de la vie de couple, où la communication dysfonctionne parfois cruellement, ou via l’illustration grotesque des pratiques des entreprises de pompes funèbres, qui recyclent ici le champ lexical de la restauration, Espé dresse un portrait amusé et sarcastique de notre époque.
Loin de tomber dans la facilité du mauvais goût pour le mauvais goût, l’humour d’Espé trouve un équilibre plutôt satisfaisant. La finesse de l’écriture concourt à donner du relief à chaque gag, chaque chute, et les situations les plus incongrues, comme celle de l’atelier Origami confondu avec un atelier polygamie, ou encore celle des prétendus commentateurs sportifs s’avérant être des adultes régressifs détaillant un film pour adultes, sont autant de détournements humoristiques réussis.
Qu’il s’agisse d’une improbable greffe de bras, de la crainte parentale du changement de sexe mise en miroir avec le souci de la performance des adolescents ou d’assistants téléphoniques faisant preuve d’une mauvaise foi vertigineuse, Vivre est dangereux pour la santé fait souvent mouche, en riant de tout, ou presque, et surtout des quiproquos et des failles humaines. Léger, divertissant et réussi.
Vivre est dangereux pour la santé !, Espé
Fluide glacial, avril 2024, 56 pages