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« Vampyria Inquisition » : sur les traces d’une hors-la-loi sanguinaire

Jonathan Fanara Responsable des pages Littérature, Essais & Bandes dessinées et des actualités DVD/bluray

Les éditions Soleil publient le premier tome de Vampyria Inquisition, intitulé « L’Inquisiteur et son ombre ». Victor Dixen et Eder Messias, respectivement scénariste et dessinateur, y livrent une uchronie fantastique composée de vampires, de nobles, de gueux et d’inquisiteurs.

Cette nouvelle saga baptisée Vampyria Inquisition n’est autre qu’une extension des romans de Victor Dixen. Elle peut cependant être lue indépendamment des livres dont elle s’inspire. Fondus dans un univers graphique baroque et inventif, les personnages de Sylvère et de Daphné y tiennent les premiers rôles. L’un est un jardinier recueilli au château de Torteval et admiré pour la qualité de ses ouvrages, l’autre est la lectrice attitrée de la baronne. Malgré la différence de classe qui les oppose, ils s’éveillent tôt l’un à l’autre et se fréquentent clandestinement, à l’ombre du labyrinthe végétal que Sylvère entretient à longueur de journée.

Ces deux protagonistes sont entourés par la famille qui règne sur le château de Torteval. Les finances n’y sont pas au beau fixe et Faustin, le fils turbulent, semble n’en faire qu’à sa tête. « À vous écouter, Mère, il faudrait que je respecte les lois du couvre-feu et du parcage, tel un vulgaire roturier ! Je ne suis pas un bouseux comme votre jardinier. » Aidé en cela par un rat transformé, le jeune homme triche aux cartes, s’affranchit des recommandations familiales et se voit supplanté, dans l’esprit de ses parents, par son frère Thibaud, respectable économe. Victor Dixen et Eder Messias vont toutefois le placer dans une situation doublement inconfortable, puisqu’après être soumis au bon vouloir de Sylvère, qu’il a tant méprisé, il va devoir endosser le costume d’ombre et se mettre plus ou moins à son service…

Cela fait en effet trois siècles que le Roy-Soleil, devenu vampyre, règne depuis Versailles sur un empire baptisé la Magna Vampyria, s’étendant à l’Europe entière. L’Inquisition, à ses ordres, frappe l’hérésie à chaque fois que cela s’avère nécessaire. Après avoir croisé la route de « la Collectionneuse », Sylvère, transformé, et Faustin, banni, par ailleurs tous deux condamnés, vont être réquisitionnés par l’empereur Louis l’Immuable pour la pourchasser. C’est donc un duo dissonant, au lourd passif, qui se forme en fin d’album. Pour l’un, il s’agira de retrouver Daphné, l’être aimé, désormais sous la coupe de « la Collectionneuse ». Pour l’autre, c’est une question de survie et, peut-être, de réhabilitation.

Inventif, traversé d’intrigues familiales, psychologiques et amoureuses, « L’Inquisiteur et son ombre » prend le parti de tourner en dérision une famille noble et de déplacer les enjeux de château dans un univers baroque et fantastique. Coloré, choral, bien mené, ce premier tome prometteur demeure plutôt engageant quant à la suite de la série.

Vampyria Inquisition : L’Inquisiteur et son ombre, Victor Dixen et Eder Messias
Soleil, octobre 2022, 64 pages

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