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« Overkill » : le final allumé de « Valhalla Hotel »

Jonathan Fanara Responsable des pages Littérature, Essais & Bandes dessinées et des actualités DVD/bluray

Les éditions Glénat publient dans leur collection « Comix Buro » le dernier tome du triptyque Valhalla Hotel, intitulé « Overkill ». Patrice Perna et Fabien Bedouel reprennent les mêmes ingrédients pour un final explosif : testostérone, tirades ciselées, ambiance pop et personnages mi-absurdes mi-fascinants.

La couverture d’« Overkill » constitue un teaser à elle seule : des armes à gogo, des moues peu avenantes, de la tôle froissée et des infrastructures en ruines. Patrice Perna et Fabien Bedouel s’en donnent en effet à cœur joie dans ce final pour le moins haletant : séquences d’action spectaculaires, révélations diverses, ironie délectable, dessins pop, colorés et très cinégéniques. À Flatstone, dans une petite ville jusque-là sans histoires, sise au Nouveau-Mexique, vont ainsi se faire face, à coups de tanks, d’hélicoptères, de mitraillettes et de pouvoirs surnaturels, des éleveurs de porcs nazis, des rednecks allumés, des tueurs en série sous couverture, un shérif lâche et toute une tripotée de protagonistes boursouflés de pathétisme et de dérision.

La grande méchante de cette histoire, Frau Winkler, n’est autre qu’une ancienne généticienne nazie perpétuant dans un laboratoire clandestin des recherches portant sur l’eugénisme et l’hygiène raciale. Entourée d’une garde étoffée, elle rêve de mettre à mal ces yankees qu’elle abhorre et se voit comme « l’avenir du quatrième Reich ». Un avenir toujours solidement arrimé au passé, puisque les saluts hitlériens résistent au temps, les néo-nazis arborent volontiers la moustache typique du Führer et ce dernier voit même sa semence mise en tube et transbahutée partout par Frau Winkler. L’arrêter est une urgence, mais une urgence qui n’aura raison ni de l’observation scrupuleuse des limitations de vitesse de Zawalski – faux délinquant sexuel, vrai agent du Mossad – ni des conversations cinéphiliques passionnées, mais peu à propos, au sujet de Mad Max.

« S’ils s’imaginent que je vais les laisser envahir ma ville ! Ils m’ont pris pour des Français, ou quoi ? » Une fois encore, Valhalla Hotel se distingue par sa science du dialogue et son sens de la dérision, portés tour à tour sur les prétendus penchants sodomites de Zawalski, sur sa capacité à protéger Melinda, sur la collection d’armes d’El Loco ou sur le cadavre de Zehn, cet homme-cochon développé en laboratoire. On s’amusera aussi à observer les réactions faciales du shérif, souvent grotesques, ou à retrouver Lemmy, le pongiste taciturne, accroché à une poupée gonflable dans une pièce souterraine fleurant bon le désespoir adolescent. Mais de cet album enlevé et ivre de liberté, on retiendra avant tout une galerie de personnages caractérisés avec soin, aux ressorts comiques évidents.

Valhalla Hotel : Overkill, Patrice Perna et Fabien Bedouel
Glénat, septembre 2022, 64 pages

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