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« L’édredon rouge » : résistances

Jonathan Fanara Responsable des pages Littérature, Essais & Bandes dessinées et des actualités DVD/bluray

JD Morvan et Dominique Bertail publient, dans la collection « Aire libre » des éditions Dupuis, le second tome de Madeleine, Résistante. « L’édredon rouge » nous plonge dans les activités clandestines de la résistance française à l’Occupation allemande.

Après une excellente ouverture (« La Rose dégoupillée »), JD Morvan et Dominique Bertail poursuivent leur exploration de la résistance française, par l’intermédiaire de leur jeune héroïne Madeleine. Nous sommes à Paris, en 1942, et l’Occupation allemande continue de susciter des réactions épidermiques. « J’avais pas mal de travail, comme toutes les femmes qui ont raccommodé le filet brisé de la Résistance. À chaque fois que quelqu’un était arrêté, ça cassait une maille. Et nous, nous faisions du rapiéçage en rétablissant les liaisons. Nous étions les petites mains des réseaux. »

En plus de portraiturer par le menu sa jeune protagoniste, « L’édredon rouge » permet une incursion documentée au sein de la Résistance, là où la craie demeure « la première arme », et où un sourire maquillé constitue « l’apparence de la légalité », mais surtout un moyen commode d’amadouer les contrôleurs nazis. Toujours dans un noir et blanc seulement augmenté de teintes bleues, Rainer, puisque c’est le nom d’emprunt de Madeleine, participe à des actions violentes, des pillages, tout ce qui peut contrarier l’Administration des Allemands en France. On croise, en sa compagnie, le poète et garde du corps Picpus, au destin tragique, mais aussi Janson ou Gagli, dans une veine plus romantique.

Dans une France où on cambriole des épiceries et braque des organismes de rationnement ou des magasins de machines à écrire, la Résistance occasionne son lot de souffrances psychologiques. C’est parfaitement restitué dans l’album, et notamment à travers l’évocation des combattants ayant pris part à la guerre civile espagnole. « À force de vouloir coller à ce qu’ils représentaient, ils ont fini par se perdre eux-mêmes », nous dit-on, commentant de ce fait une sorte de désintégration de l’identité. Comment pourrait-on échapper aux angoisses et aliénations alors même que certains doivent quitter leur famille du jour au lendemain ou sont envoyés loin de chez eux pour être décapités à l’abri des regards indiscrets ?

Ce second épisode de Madeleine, Résistante donne aussi à voir des nazis cherchant des ondes radio avec des dispositifs embarqués. Il mentionne la section Main d’oeuvre immigrée, « les meilleurs soldats de l’ombre en France ». Il relate les prisons vidées au départ des Allemands, l’interdiction de la musique et de la danse pour éviter la formation de réseaux dans la jeunesse ou encore les actes de torture subis par les résistants arrêtés. L’organisation, les motivations et le courage de ces groupes d’activistes clandestins transparaissent clairement dans l’oeuvre de JD Morvan et Dominique Bertail, dont on espère une conclusion à la hauteur des deux premiers tomes.

Madeleine, Résistante : L’édredon rouge, JD Morvan et Dominique Bertail
Dupuis/Aire libre, septembre 2023, 136 pages

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