Le Petit Pape Pie 3,14, né de l’imagination fertile de François Boucq et édité par Fluide Glacial, revient avec un second tome tout aussi déjanté que le premier. Il nous entraîne dans un monde où la Terre devient carrée, et où seul le Petit Pape, avec ses idées farfelues et le soutien indéfectible des cardinaux, peut sauver la situation…
Dès les premières pages du second tome du Petit Pape Pie 3,14, François Boucq nous plonge dans un univers où la Terre elle-même devient carrée. Cette transformation, aussi invraisemblable qu’inquiétante, est à l’origine de toute une série de situations ubuesques : des femmes tombent enceintes de bébés cubiques, le monde perd tous ses repères sphériques, et l’urgence se fait sentir. Face à cette crise géométrique, le Petit Pape, toujours aussi intrépide, se lance dans une mission impossible : rétablir la sphéricité de la Terre.
Pour sauver le monde, ce guide spirituel tout sauf ordinaire n’hésite pas à adopter des pratiques aussi déconcertantes que variées : il s’attaque aux pissenlits, insuffle de l’air via « le trou de cul du monde », se faire tatouer des œuvres de Michel-Ange ou encore fume un joint avec les jeunes du quartier. Qu’on le dise, le personnage est haut en couleur, toujours prêt à sortir des sentiers battus.
Le décalage entre le quotidien et l’absurde, qui capitalise beaucoup sur le cubisme, est exploité par Boucq pour instaurer un comique de situation des plus efficaces. Les bébés cubiques, par exemple, offrent un avantage pratique inattendu : ils s’empilent et se rangent facilement. Le Petit Pape, quant à lui, ne semble jamais à court de jeux de mots (par exemple : en connaître un rayon en circonférence) et d’idées pour arrondir les angles, littéralement et figurativement, dans un monde devenu carré.
L’une des forces de cet ouvrage réside dans sa capacité à détourner la figure du Vatican et de ses représentants avec un humour caustique. Les cardinaux acceptent d’endosser le rôle de chiens de compagnie du Pape, le Vatican mène une mission diplomatique pour mettre fin aux rapports glaciaux (sic) qu’entretiennent les deux pôles de la Terre. Même les reliefs montagneux y passent. Tous ces effets comiques ne s’équivalent pas, et le tome peut apparaître relativement inégal en la matière. Mais il n’en demeure pas moins qu’on continue d’explorer, avec une inventivité sans borne et une légèreté maîtrisée, un univers qui carbure à l’absurde.
Le Petit Pape Pie 3,14 arrondit les angles, François Boucq
Fluide Glacial, septembre 2024, 56 pages