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« DC Vampires » : le loup dans la bergerie

Jonathan Fanara Responsable des pages Littérature, Essais & Bandes dessinées et des actualités DVD/bluray

Les éditions Urban Comics publient le premier tome de DC Vampires, intitulé « Invasion ». James Tynion IV, Matthew Rosenberg et Otto Schmidt y façonnent un univers alternatif, contaminé par le vampirisme, où la dualité et l’horreur occupent une place de choix.

DC Vampires : Invasion, premier tome d’une série écrite par James Tynion IV et Matthew Rosenberg, arbore un style graphique à la fois sombre et dynamique, caractérisé par le trait incisif d’Otto Schmidt. Les auteurs y donnent vie à un récit horrifique mené tambour battant, où les super-héros DC se voient confrontés à une menace aussi insidieuse que mortelle, tapie dans l’ombre mais prête à semer le chaos : une invasion de vampires.

Dès les premières pages, l’apparat visuel et narratif fait son œuvre : des expressions variées, peignant une gamme émotionnelle riche, des vampires dont le degré de monstruosité varie sensiblement, des révélations au compte-gouttes sur la dualité des personnages, entraînés dans des jeux de duplicité censés leur permettre de gangréner la Justice League. L’album façonne, assez habilement, un climat paranoïaque où les alliances demeurent incertaines et la trahison, monnaie courante.

Le récit, axé sur la rivalité entre super-héros et vampires, avec toutes les interrogations qui en découlent (dans une veine proche de The Thing ou The Faculty), explore aussi, en filigrane, la psychologie de certains personnages. Confrontés à des situations extrêmes, Batman, Damian Wayne et Dick Grayson vont se révéler peu à peu. La rivalité entre les deux derniers cités atteint de nouveaux sommets dans un contexte apocalyptique où la figure du père-mentor est longuement invoquée. Ces intrigues apportent une nouvelle dimension aux héros DC, qui doivent faire preuve d’adaptabilité et de résilience face à une menace qui ne cesse de se réinventer.

DC Vampires revisite (certains diront qu’il le malmène, voire qu’il le falsifie) l’univers DC, avec une interprétation sombre et horrifique qui, tout comme DCeased ou Marvel Zombies, exploite le concept des héros infectés par un virus ou une malédiction. L’implication d’adversaires classiques tels que Lex Luthor, ou inattendus (dans une large mesure), renforce l’atmosphère de tension palpable.

Cela étant, la série n’est pas dénuée de défauts. Elle souffre de choix scénaristiques discutables et d’une surenchère de violence qui tend à éclipser le développement psychologique des personnages. Ces derniers s’avèrent parfois personnifiés de manière peu cohérente et l’entreprise narrative menée par James Tynion IV et Matthew Rosenberg présente un manque d’originalité difficilement contestable, puisqu’elle se contente de reprendre, sans les réinventer, des concepts déjà vus et revus ailleurs.

Malgré ces faiblesses, DC Vampires : Invasion offre une relecture intéressante de l’univers DC, dans une célébration évidente du genre horrifique. Le récit se lit d’une traite et, bien qu’il manque de consistance, parvient à susciter l’intérêt par son impact visuel et la duplicité qui en tapisse les arcs narratifs.

DC Vampires : Invasion, James Tynion IV, Matthew Rosenberg et Otto Schmidt
Urban Comics, avril 2023, 208 pages

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2.5
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