Dans ce troisième et dernier tome de la série Au nom du pain, Jean-Charles Gaudin et Steven Lejeune nous transportent en 1955, une époque marquée par la reconstruction et les ambitions croissantes des familles boulangères mises en vignettes.
L’histoire commence en éventant la complexité qui entoure les dynamiques familiales et amoureuses dans la région. La guerre est certes révolue, mais les rivalités et tragédies ne sont pas pour autant derrière les habitants du village. Henri, ambitieux et déterminé, cherche à étendre son activité en rachetant une boulangerie dans un village voisin. Mais il subira la concurrence d’Etienne. C’est acté, la guerre commerciale formera l’enjeu principal de ce troisième et dernier tome.
Avec un effet manifeste : l’intensité dramatique apparaît moindre par rapport aux opus précédents. Là où l’Occupant allemand occupait une place de choix et constituait une menace permanente, ce volume va plutôt mettre en lumière les défis économiques et les stratégies de survie dans la France d’après-guerre. La rivalité entre Henri et Etienne symbolise à cet égard les luttes pour gagner des parts de marché et étendre ses activités commerciales. Cela passe par des recettes volées et copiées, ainsi que les ambitions de plus en plus grandes, qui illustrent en seconde intention la transition vers une économie plus compétitive et probablement moins artisanale.
Au nom du pain clôture avec ce troisième tome une saga familiale riche en émotions et en rebondissements. Quelque peu décevant, ce dernier épisode n’en demeure pas moins intéressant quant à la reconstruction d’une France en pleine mutation et les drames que s’infligent des familles rivales, sur fond de commerce de baguettes et de brioches. Car la concurrence mène parfois à l’échec, l’échec au désespoir, et le désespoir à la tragédie…
Au nom du pain (T.03), Jean-Charles Gaudin et Steven Lejeune
Glénat, juillet 2024, 56 pages





